La Revue du Diocèse d’Annecy avait été très discrète sur la question de l’Indochine5414, sans doute parce que les militaires qui partaient n’étaient pas des hommes du contingent, mais des volontaires. En mai 19545415, ellepublie un communiqué, émanant du « comité des Amis et Anciens combattants d’Indochine ». Il rappelle qu’un « service religieux sera célébré à la mémoire de ceux qui sont tombés, à l’intention de tous les combattants d’Indochine, des prisonniers, des blessés, des disparus et de leur famille, le dimanche 30 mai, en l’église paroissiale Saint-Maurice, en présence des autorités civiles et militaires »5416.
La question de l’Algérie semble être plus préoccupante, notamment à cause de la présence d’appelés, et non plus d’engagés. Elle pose des questions, qui ne sont pas sans rappeler celles qui ont déchiré la France, une vingtaine d’années plus tôt. Comme au temps de l’Occupation, des divergences apparaissent dans un même camp, que ce soit en métropole ou en Algérie. Étienne Fouilloux, s’intéressant à l’engagement des intellectuels chrétiens dans la question algérienne, rappelle que « par comparaison avec d’autres milieux, la précocité de l’intervention chrétienne frappe »5417. Les mouvements de jeunesse sont également concernés par ces différences d’opinions, et ces questionnements interviennent à un moment délicat pour l’ACJF, au moins au niveau national. Dès juillet 1955, la « revue Confrontation propose un article intitulé “Les événements d’Algérie” » et en novembre, la direction de l’ACJF rencontre « les archevêques d’Alger et de Carthage, Mgr Duval et Mgr Perrin »5418. En même temps l’Association publie, en novembre 1955, une édition spéciale de son organe de liaison intitulée “Afrique du Nord” »5419. Cette publication rappelle notamment qu’il « semble qu’il y ait aujourd’hui peu de chances d’éviter que l’Algérie ne devienne, à plus ou moins long terme, une nouvelle Indochine »5420. Quelques mois plus tard, à l’été 1956, un article de Confrontation s’intéresse au rappel possible des jeunes gens disponibles, « alors que la revue publie “l’Appel du Conseil français des mouvements de jeunesse” qui condamne la guerre d’Algérie »5421.
Jusqu’en 1956, la Revue du Diocèse d’Annecy semble se faire très discrète sur cette question5422. Cela rejoint le constat dressé par Marcel Albert lorsqu’il rappelle que « c’est avec l’envoi du contingent seulement, en 1956, que la question d’Algérie s’imposa à la conscience d’un large public »5423. Frédéric Le Moigne, quant à lui, rappelle que « le conflit algérien s’invita dans les discours de la hiérarchie catholique à partir d’avril 1956. La mobilisation du contingent produisit un message plus axé sur les devoirs envers la patrie que sur l’exaltation du sacrifice […] »5424. C’est d’ailleurs en raison d’un éventuel rappel des réservistes, qu’en avril 1956, Mgr Cesbron décide « d’anticiper la date habituelle de l’Ordination ». C’est le 29 avril que quatre séminaristes reçoivent la prêtrise en l’église Notre-Dame de Liesse d’Annecy5425.
C’est, presque une année après les événements de la Toussaint rouge, que Mgr Cesbron, à l’occasion d’un communiqué sur les grands pardons et la paix, demande à ses diocésains de « prier spécialement pour la paix ». Il rappelle que « le sang coule toujours, près [d’eux], en Afrique du Nord, en de cruels combats sans cesse renouvelés », avant de préciser que « la présence [dans le diocèse], pour la Neuvaine [salésienne], de S. E. Mgr l’Archevêque d’Alger et de S. E. Mgr l’Évêque de Constantine5426 [leur] a fait mieux comprendre la situation douloureuse de [leurs] frères, les Africains du Nord ». L’évêque termine en demandant à ses diocésains de prier pour tous, et pour « qu’une paix véritable et solide les rapproche les uns des autres et les garde intimement unis dans la vérité, la justice et la charité »5427. Le fait que Mgr Duval, soit l’archevêque d’Alger, sensibilise peut-être un peu plus les Savoyards, mais la majorité n’est que peu informé de la situation réelle, elle l’est par la presse. Les prises de positions de Mgr Duval ne seront d’ailleurs pas sans surprendre les anciens militants de la jeunesse catholique qui l’ont connu notamment pendant les heures sombres de l’occupation allemande5428.
Comme au temps de la Seconde Guerre mondiale, les mouvements féminins d’action catholique sont largement mobilisés pour faire preuve de charité envers ceux qui se trouvent en conflit. Un article de la Revue du Diocèse d’Annecy rappelle que, dans une circulaire « adressée à toutes les paroisses », l’ACGF5429 attire l’attention des « adhérentes sur les graves responsabilités qui nous incombent devant le problème de l’Afrique du Nord », car « pendant que [les] jeunes exposent leur vie pour une œuvre de pacification, [les catholiques] ne pouv[ent] rester inactifs et insouciants ». L’ACGF, héritière de la LFACF, déclare que leur « première réaction doit être une réaction de foi et de confiance en la puissance divine qui mène les événements et les hommes. Sur le plan paroissial, ne serait-ce pas l’occasion de susciter une véritable offensive de prières jusque dans les hameaux ou les quartiers pour la protection des soldats, des familles touchées et le prompt rétablissement de la paix ? »5430 Comme entre 1939 et 1945, les femmes catholiques demandent aux paroissiens d’assister massivement à ces offices, et elles souhaitent que « l’ambiance chrétienne de la paroisse soit un élément de réconfort et de soutien moral pour les familles mises à l’épreuve par le départ d’un fils ou d’un mari »5431.
Mgr Cesbron n’évoque pas la situation algérienne par des communiqués qui lui seraient propres5432. Pourquoi cette attitude ? Est-ce encore cette prudence, qui lui avait déjà été reprochée pendant les Années Noires ? Est-ce parce que le conflit est lointain ? Est-ce par respect de l’autorité établie ? Comment en effet, pourrait-il prendre une position qui irait à l’encontre des idées émises par le gouvernement ? Juge-t-il que seules les déclarations émanant du corps épiscopal seraient valables ? Estime-t-il qu’il n’est pas autorisé pour traiter de cette question ? L’évêque laisse son bulletin diocésain diffusé les déclarations émanant du corps épiscopal, cela prouve qu’il porte un intérêt à la question, mais qu’il ne veut pas prendre de risque à la juger. La Revue du Diocèse d’Annecy publie donc, à plusieurs reprises, des déclarations de l’ACA5433. Évoquons ces documents, d’ailleurs concomitants des publications dénonçant la torture5434. Dans une déclaration, publiée en 19575435, l’ACA rappelle qu’elle est « résolue fermement à se tenir à l’écart des prises de position politique concernant le problème algérien ; [elle] s’adresse d’abord à tous ceux qui ont été atteints dans leur cœur et dans leur chair par les douloureux événements d’Algérie. Aux familles en deuil, à celles qui vivent dans le dénuement total ou qui s’inquiètent pour leur avenir, les Cardinaux et Archevêques veulent dire que leur souffrance est comprise et partagée par tous les chrétiens. Elle est ressentie par eux comme une peine personnelle »5436. L’épiscopat évoque le problème de la désertion ou de l’opposition au régime, lorsqu’il parle de « l’oubli […], chez certains, parfois total du respect dû à la personne humaine, chez d’autres des troubles et des doutes qui vont jusqu’à remettre en question les devoirs élémentaires envers la Patrie »5437. Faut-il aussi voir une allusion à la question de la torture5438, lorsque l’ACA parle des « souffrances » engendrées par « le conflit [et qui] risquent de conduire au découragement, avec ses funestes conséquences » ? Ou encore lorsque l’épiscopat souligne que, dans la crise que traverse la France, « tous et chacun doivent se rappeler qu’il n’est jamais permis de mettre au service d’une cause, même bonne, des moyens intrinsèquement mauvais ». Quoi qu’il en soit, l’épiscopat rappelle que « la haine ne doit pas trouver place dans le cœur d’un croyant » et il condamne le terrorisme, en rappelant que la haine ne « saurait […] servir d’excuse à un terrorisme aveugle dont sont victimes des innocents, ni à des manifestations sanglantes de contre-terrorisme »5439.
Les cardinaux et archevêques de France renouvellent leur appel, pour que des prières « instantes s’élèvent vers Dieu et unissent tous les hommes de bonne volonté dans l’espérance d’une paix véritable sur les bases d’une justice loyalement acceptée »5440. La Revue du Diocèse d’Annecy ne mentionne pas la célébration de prières particulières, comme cela avait été le cas entre 1940 et 1945.
Il semble que ce soit à partir de 1960 que les communiqués5441 se multiplient. Cela fait sans doute référence aux événements du début de l’année à Alger, avec la semaine des barricades, qui a plongé la France dans une période de vive inquiétude. Cette même année, à l’occasion du centenaire de l’annexion de la Savoie à la France, Mgr Cesbron, dans son mandement de Carême, dresse un bilan de la vie chrétienne de son diocèse depuis 1860. Il conclut en montrant que son diocèse a su garder sa fidélité à la religion et demande à ses diocésains de prier à diverses intentions. L’une d’entre elles porte sur la question algérienne. Il demande l’union de toutes les prières pour « la paix en Algérie, où depuis de trop longues années, le sang coule et tombent des innocents, comme en un domaine sinistre des haines, de vengeances et de massacres »5442. Quelques mois plus tard, la Revue publie un nouveau communiqué qui rappelle que « tous les évêques de France réunis tiennent à exprimer une fois de plus l’émotion angoissée qu’ils éprouvent en songeant à toutes les souffrances dont l’Algérie est, aujourd’hui et depuis cinq ans, le théâtre ou l’occasion pour tant de familles ». À cette occasion, ils demandent avec insistance que tous les Français prient pour que « la paix soit enfin rétablie sur cette terre cruellement déchirée »5443.
Le décret du 8 décembre 1960 autorise la soumission du projet de loi, sur l’autodétermination en Algérie, au référendum. Le 19 décembre, l’ACA rappelle que « depuis six ans, l’avenir de l’Algérie est un sujet d’angoisse pour la plupart des Français » et qu’à cette heure, « chaque citoyen est invité à prendre sa part personnelle des responsabilités communes »5444. En effet, l’Église a toujours encouragé les fidèles à accomplir leurs devoirs électoraux, mais dans les circonstances d’alors, « aucun citoyen ne peut, par son abstention, refuser d’assumer ses responsabilités ni se décharger sur d’autres d’un choix qu’il doit faire en conscience. L’abstention serait une démission devant le devoir civique »5445.
Le référendum a lieu le 8 janvier 19615446 ; le 14 janvier, le Conseil constitutionnel proclame le résultat de la consultation, le « oui » l’emporte avec près de trois quart des votes5447. Mgr Cesbron, une nouvelle fois, ne commente pas l’événement et les résultats. Cependant, en mars à l’annonce des négociations pour l’obtention de la paix, l’évêque publie un communiqué pour rappeler que c’est la cité thermale d’Évian qui a été choisie comme lieu de négociations5448. Il va même jusqu’à écrire que « cette décision […] rappellera comme saint François de Sales fut un diplomate très sûr et comment ses interventions furent, plus d’une fois, désirées et très heureuses, pour le bien commun et les relations entre les États. Qu’il daigne éclairer et guider les négociateurs ! C’est, pour nous, aujourd’hui, biens chers diocésains, une invitation à prier le succès des rencontres d’Évian et pour l’établissement d’une paix solide et juste. Avec calme et confiance, prions, par communions et par chapelets, pour que les diplomates qui vont travailler chez nous soient des ouvriers de vérité, de justice, de paix et de bonheur »5449. Il est intéressant de souligner un parallèle avec la situation rencontrée en 1944. En effet, Mgr Cesbron publie des communiqués personnels au moment où l’issue de la situation est connue, comme en 1944, où il se prononçait de manière affirmée après juin 19445450. En avril 1961, Mgr Cesbron évoque l’assassinat de Camille Blanc, maire d’Évian5451, dans la nuit du jeudi au Vendredi Saint. C’est, pour lui, l’occasion de rappeler qu’entre « la paix et [eux], le chemin semble s’allonger ; il se couvre d’obstacles et se tache de sang… ». Sans doute ces événements, lui rappellent-ils les heures sombres des années Quarante. Il parle de « vague de violence, de haine, de vengeance aveugle qui déferle sur [eux] » et qui « divise des frères qui devraient être unis ». Il termine, en demandant des prières pour la paix, mais surtout en déclarant : « Va-t-on revenir, chez nous, à ces pénibles époques de luttes, de rancunes, d’égarements, de dureté sauvage et de sang… ! »5452. Le 23 avril 1961 a lieu le putsch d’Alger, coup d’État raté et préparé par un quarteron de généraux. Pour répondre à cet événement, le 25 avril, les Cardinaux français déclarent qu’ils partagent « l’émoi de la nation devant ces bouleversements »5453 et demandent à tous les fidèles « de la manière la plus pressante [et…] quelles que soient leurs angoisses d’âme : De s’unir dans la prière en vue d’obtenir la concorde entre tous les Français », d’éviter « le plus grand malheur qui la menace : la guerre civile ». Leur appel se termine par une invocation à Notre-Dame, patronne de la France, afin qu’elle puisse « rassembler ses fils en un même amour »5454.
En avril 1962, après la signature de ce que l’on a appelé « les accords d’Évian », Mgr Cesbron, dont la santé se dégrade de plus en plus, informe ses diocésains de la question algérienne. Rappelant la présence de Savoyards dans les terres algériennes, et notamment celle de Mgr Duval dans la cité algéroise, Mgr Cesbron déclare que « l’Algérie a été pour tous les Français, pour tous les Chrétiens, une lourde croix à porter » et que l’Église a toujours appelé les hommes à la paix, il ajoute que si « une voix […] porte et qui doit être entendue c’est bien celle de l’Archevêque d’Alger »5455. C’est pour cette raison qu’il demande à ses diocésains, d’écouter, de comprendre, de retenir et de pratiquer les conseils de l’Église ; mais également d’être « des hommes de paix, de vérité, de justice, de charité, partout et toujours »5456 et de travailler toujours « pour que la confiance, faite de vérité et de justice, revienne et demeure entre les hommes »5457. Une nouvelle fois, il invite ses diocésains à accomplir leur devoir électoral en se rendant aux urnes le 8 avril. Ils devront se prononcer sur la question de l’approbation du « projet de loi soumis au peuple français par le président de la République et concernant les accords à établir et les mesures à prendre au sujet de l’Algérie sur la base des déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 ? ». Après cette date, la question algérienne ne semble plus intervenir dans la Revue du Diocèse d’Annecy.
Le milieu des années Cinquante semble donc être un moment d’ébullition au sein du clergé, qui se rend compte de la nécessité presque urgente de réagir face à ce phénomène de déchristianisation qui avait été évoquée par les abbés Godin et Daniel en pleine période de guerre5458. Le clergé diocésain d’Annecy ne mesurait sans doute pas toute l’ampleur de la question, mais dès que les constats sont dressés, toute une organisation se met en place afin de palier aux manques constatés. La pastorale d’ensemble est un des éléments du renouveau, au même titre que l’enquête Boulard ou que les missions régionales, mais il est difficile de dire si la pastorale d’ensemble aurait eu lieu sans les travaux préparatoires du chanoine Boulard. Quoi qu’il en soit le remaniement qui s’opère est bien accepté et surtout nécessaire. En marge de ces questions propres au diocèse, nous avons pu constater que des tensions apparaissaient avec les événements d’Algérie. L’absence de directives ou de prises de positions de l’évêque ont été déplorées par les prêtres, comme par les fidèles.
f. le moigne, Les évêques de Verdun à Vatican II…, op. cit., p. 292. Frédéric Le Moigne évoquant Mgr Feltin écrit que « vicaire aux armées, il négligeait par commodité le conflit indochinois. En cela, il ne se distingua guère de ses frères en épiscopat, évoquant seulement cette guerre, dans le cadre patriotique métropolitain, au moment de la disparition de de Lattre ».
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 20, 27 mai 1954, p. 284.
Ibid.
e. fouilloux, « Intellectuels catholiques et guerre d’Algérie (1954-1962) », in j .-f. rioux et j.-f. sirinelli, La Guerre d’Algérie et les intellectuels français, p. 98.
a.-r. michel, Catholiques en démocratie…, op. cit., p. 493.
Ibid.
ACJF-Informations, n° spécial, « Afrique du Nord – Maroc, Algérie, Tunisie », novembre 1955. Cité par a.-r. michel, Catholiques en démocratie…, op. cit., p. 494.
Ibid., p. 493.
Aucune mention n’est faite, par exemple, de la Toussaint rouge, en 1955.
m. albert, L’Église catholique en France…, op. cit., p. 30.
f. le moigne, Les évêques de Verdun à Vatican II…, op. cit., p. 294.
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 17, 26 avril 1956, p. 248. Il ne semble pas que le nombre de séminaristes quittant le séminaire soit plus important qu’en temps de paix. Le registre des entrées au grand séminaire mentionne quelques départs « après le régiment » mais est-ce en raison de la guerre ? Nous avions remarqué que depuis le début de notre étude, des séminaristes quittaient après leur service militaire.
Il s’agit respectivement de Mgr Duval et de Mgr Pinier. Marcel Albert souligne que « Mgr Duval, nommé depuis un an seulement archevêque d’Alger déplora publiquement les tortures ». m. albert , L’Eglise catholique en France…, op. cit., p. 30. Bien que la dimension politique soit bien différente de celle de 1940, faut-il voir dans l’attitude de Mgr Duval, comme une réponse à la prudence qui avait tant caractérisé le comportement de Mgr Cesbron entre 1940 et 1944 ? Agit-il ainsi parce qu’il a su combien les diocésains d’Annecy avaient regretté le manque d’un appui épiscopal ?
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 35, 1er septembre 1955, p. 525.
Entretiens avec André Fumex et Marie-Louise Lefebvre-Beetschen. André Fumex nous rappelait sa surprise lorsque Mgr Duval avait pris ses positions. Marie-Louise Lefebvre-Beetschen soulignait que, lors d’une visite qu’elle lui avait rendu à Alger, après 1962, elle lui soulignait sa surprise quant à ses prises de position. Il lui répondit : « Il y a des moments dans la vie où il faut savoir dire non ».
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 20, 17 mai 1956, p. 287.
Ibid. Elles demandent « d’associer étroitement à cette prière les malades, les vieillards, les enfants et les Communautés religieuses ».
Ibid.
Dans leur étude sur les « réactions des chrétiens d’après les Semaines religieuses dans cinq diocèses de zone libre », Bernard Delpal, Janine Boisson et Monique Carmier soulignaient que les « centres d’intêret » de la Revue du Diocèse d’Annecy avaient changé entre l’épiscopat de Mgr de La Villerabel et celui de Mgr Cesbron. Ils soulignent qu’avant 1940, les « préoccupations politiques » étaient plus présentes. S’il faut tenir compte du contexte particulier de la guerre, ne pouvons-nous pas nous dire que Mgr Cesbron, respecteux de l’obéissance et de l’ordre établi, a fait le choix de ne pas donner un caractère « politique » ou « polémique », à la revue diocésaine ? Ce qui expliquerait l’absence de communiqués personnels. Sans doute veut-il que la Revue du Diocèse reste le bulletin officiel du diocèse, donc uniquement destiné à communiquer des informations religieuses aux prêtres. Nous sommes loin ici, du temps de Mgr Isoard, qui faisait de la Revue du Diocèse d’Annecy, « une sorte de tribunal ». j. boisson, b. delpal, m. garmier, « Réactions des chrétiens d’après les Semaines religieuses dans cinq diocèses de zone libre », in Églises et chrétiens…, La région Rhône-Alpes, op. cit., t. 2, p. 79-80.
Marcel Albert rappelle que c’est après la protestation de plus de deux cents soldats dans l’église Saint-Séverin, à Paris, contre la politique algérienne officielle, que l’ACA prend position. m. albert, L’Église catholique en France…, op. cit., p. 31.
Concernant la torture, nous pouvons rappeler que rapidement l’ACJF « stigmatise les ignobles tortures trop souvent pratiquées dans les commissariats et les prisons contre les militants des partis politiques ». a.-r. michel, Catholiques en démocratie…, op. cit., p. 492.
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 14, 4 avril 1957, p. 233-234.
Ibid., p. 234.
Ibid.
La torture, qui reste encore aujourd’hui une question délicate, est évoquée, par une minorité, dès le début des événements. Témoignage Chrétien est l’un des premiers titres à évoquer la question, notamment en publiant, en 1957, le Dossier Jean Muller. Dans ce document, Jean Muller, chef du scoutisme « récemment tué au combat évoque l’horreur de son expérience militaire en Algérie ». Étienne Fouilloux rappelle d’ailleurs que « l’intervention de ces milieux spirituels Barat, Mauriac culmine pendant le premier semestre 1957 dans la dénonciation d’une torture dont les responsables de la bataille d’Alger justifient la systématisation. Coup sur coup paraissent ainsi le Dossier Jean Muller fin février, Des rappelés témoignent…début mars, Contre la torture de Pierre-Henri Simon en mars également ». e. fouilloux, « Intellectuels catholiques et guerre d’Algérie (1954-1962) », in j.-p. rioux et j.-f. sirinelli, La Guerre d’Algérie et les intellectuels français…, op. cit., p. 96-99.
Marcel Albert rappelle qu’en 1957, « des intellectuels catholiques connus se démarquèrent avec honte des procédés de l’armée ». Il cite notamment Joseph Folliet et son ouvrage Guerre et paix en Algérie. Réflexions d’un homme libre. Lyon, 1958. Étienne Fouilloux rappelle, quant à lui, que plusieurs chrétiens se mobilisent pour dénoncer les agissements et les événements qui se tiennent sur le sol algérien. Il évoque notamment « le comité lyonnais d’action pour le respect des droits de la personne qui a recueilli cent vingt-et-une signatures le 4 mai 1957 » et qui est présidé par Joseph Folliet. e. fouilloux, « Intellectuels catholiques et guerre d’Algérie (1954-1962) », in j.-p. rioux et j.-f. sirinelli, La Guerre d’Algérie et les intellectuels français…, op. cit., p. 96.
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 14, 4 avril 1957, p. 233-234.
Ibid., p. 234.
La Revue du Diocèse d’Annecy publie toujours des communiqués qui émanent de l’ensemble de l’épiscopat.
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 4, 25 février 1960, p. 86. Article six du mandement de Carême.
Ibid., n° 9, 4 mai 1960, p. 181.
Ibid., n° 25, 29 décembre 1960, p. 565.
Ibid., p. 565-566. La déclaration se poursuit ainsi : « Sans doute, la complexité du drame algérien, les positions légitimes en présence rendent-elles le choix plus difficile. Il appartient donc à chacun de s’informer, de juger personnellement de la solution la meilleure pour le pays et pour le respect des personnes humaines ; chacun se prononcera en toute loyauté devant Dieu et devant lui-même ».
Les électeurs de la métropole, de l’Algérie, des DOM-TOM et du Sahara doivent répondre à la question « Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République et concernant l’autodétermination des populations algériennes et l’organisation des pouvoirs publics en Algérie avant l’autodétermination ? ».
74,99 % (Oui) et 25,01 % (Non).
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 6, 23 mars 1961, p. 114.
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 6, 23 mars 1961, p. 114. En juillet, d’autres rencontres ont lieu à Lugrin.
Cf. supra, p. 390 et suiv.
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 6, 23 mars 1961, p. 114.
Ibid., n° 7, 6 avril 1961, p. 131.
Ibid., n° 9, 4 mai 1961, p. 172.
Ibid.
Ibid., n° 7, 5 avril 1962, p. 143.
Ibid.
Ibid. Le « oui » l’emporte avec une majorité largement écrasante.
Étienne Fouilloux rappelle qu’Émile Poulat « a montré de façon définitive que la conscience du détachement était bien antérieure au rapport Godin-Daniel. C’est la Grande Guerre qui procure une première impulsion décisive. La seconde guerre produit un nouveau choc. … Le diagnostic est exagérément pessimiste du fait de son ancrage parisien : les premières enquêtes sérieuses de sociographie religieuse fournissent des taux de pratique bien supérieurs à ceux redoutés ». e. fouilloux, « Traditions et expériences françaises… », in j.-m. mayeur , dir., Histoire du christianisme…, op. cit., t. 12,p. 501.