Chapitre 1
Prendre soin de la divinité

Prendre soin de la divinité, c’était se consacrer à sa statue cultuelle12 : lui offrir des vêtements, à manger, la laver, la parer, devancer ses désirs, répondre à ses besoins. Les statues de culte étaient l’une des manifestations les plus fortes de la présence des dieux. A travers elle, la divinité pouvait s’exprimer, les hommes pouvaient l’approcher et se signifier son existence. La statue «  donnait un sens aux gestes et paroles13 » puisque c’était par son intermédiaire que les hommes accomplissaient le rite. La statue ne se confondait pas avec la divinité mais c’était une partie d’elle qui contenait une certaine puissance, bénéfique ou dangereuse telle « un puissant talisman dont il fallait s’occuper avec précaution14 ». Dans les sanctuaires, toute une organisation existait pour effectuer ces rituels domestiques, mais à l’occasion de certaines cérémonies, l’accent était mis, lors du rituel, sur un aspect spécifique et des personnes étrangères au personnel sacerdotal quotidien pouvaient, sur désignation des autorités civiques, réaliser ces pratiques cultuelles.

Notes
12.

Il n’existait pas de termes précis pour désigner une statue de culte, et le sens de ces mots varie selon les époques et selon la nature du texte. Les plus courants étaient agalma, brétas,hédos, xoanon (à partir du V/IVème av. J.C.). Elle portait différents noms selon le contexte, sa forme ou sa texture, parfois désignée par un terme général ou technique. Il en existait de différentes sortes, souvent en bois, à forme humaine ou simple colonnette, souvent transportables, mais la sortie de son sanctuaire présentait toujours un caractère exceptionnel. S. Bettinetti, La statua di culto nella pratica rituale greca, p. 25-63 ; I. Bald Romano, « Early Greek Cult Images and Cult Practices », p. 127-134 ; Cl. Rolley, La sculpture grecque, 1, p. 22-29.

13.

P. Linant de Bellefonds, ThesCRA II, p. 148.

14.

S. Bettinetti, op. cit., p. 80.