3-4) Les loutrides (Λουτρίδες) / plyntrides (Πλυντρίδες) d’Athènes.

Les loutrides athéniennes étaient « deux jeunes filles chargées de baigner la statue d’Athéna, appelées aussi plyntrides (laveuses) 198 », à l’occasion de la fête des Kallyntéries, et de celle des Plyntéries. Photius et Hésychius (sv. Λουτρίδες) utilisent les termes de baigneuses et laveuses pour les désigner, laissant supposer que le rite comportait un nettoyage des vêtements ou d’objets (Πλύνω - laver, nettoyer) et un bain (λούω - laver, baigner)199 en l’occurrence l’idole sacrée d’Athéna Polias, le vieux xoanon de l’Erechthéion200, et ses atours. Les loutrides appartenaient au génos des Praxiergides201, lequel avait reçu le privilège de s’occuper de la statue ancienne de la déesse Athéna Polias. Comme les instances civiques n’interféraient pas dans le choix des génè en ce qui concernait la désignation des officiants de culte dont ils avaient la charge, les loutrides devaient avoir été choisies par des membres de leur génos. A leurs côtés se trouvait le kataniptès 202, lui aussi membre des Praxiergides. Il avait pour fonction de s’occuper du péplos et peut-être des autres ornements, alors que les loutrides s’occupaient de la statue de la déesse, les jeunes filles étant les seules à pouvoir voir la déesse nue. Le kataniptès supervisait peut-être l’ensemble des cérémonies. La prêtresse n’assistait pas au rituel203.

Notes
198.

Hésychius, sv. Λουτρίδες = Photius sv. Λουτρίδες.

199.

R. Parker, Miasma, p. 26-27 observe cette distinction.

200.

Sur la statue sacrée d’Athéna voir Supra Chapitre 1 (2-4 : Les ergastines athéniennes).

201.

Hésychius sv. Πραξιεργίδαι « A Athènes, les Praxiergides habillaient la vénérable idole d’Athéna » ; IG I3 7 (restauration D.M. Lewis) = IG I2 80 (Restauration H. von Gaertringen) = LSCG 15 : décret du Vème av. J.C. gravé sur une stèle exposée derrière le vieux temple indiquant que le génos des Praxiergides avait la charge de revêtir la déesse du péplos. L’inscription concerne la prescription de l’oracle d’Apollon sur le rôle des Praxiergides, leurs privilèges et leurs droits. Cf. N. Robertson, « The Praxiergidae Decree (IG I3 7) and the Dressing of Athena’s Statue with the Peplos », GRBS 44 n° 2 (2004), p. 111 à 161 sur une nouvelle lecture de ce décret où il remet en cause l’ancienneté du rite de vêtir la statue par les Praxiergides. Il estime qu’à une vieille fête de lavage se serait substituée une fête (début Vème av. J.C.) de lavage et d’ornementation, et que le génos des Praxiergides aurait demandé d’avoir cette fonction nouvelle puisque s’occupant déjà de la statue d’Athéna, ce à quoi l’oracle et la cité auraient agrée. Une autre inscription, datée de la fin du IIème av. J.C., IG II2 1060, fr. b, 1-4 indique qu’ils avaient encore ce privilège deux siècles plus tard.

202.

Anecdota Greca (Bekker), I, 269, 29 = Etymologycum Magnum, sv. Κατανίπτης: « (…) personne qui détient la charge, à Athènes, de laver le péplos d’Athéna lorsque celui-ci est sale». Se basant sur cette notice, M. Christopoulos, « Orgia Aporrhéta, Quelques remarques sur les rites des Plyntéries », Kernos 5 (1992), p. 32 estime que les loutrides ne lavaient pas elles-mêmes le péplos mais qu’elles avaient pour tâche de faciliter et d’assister le kataniptès.

203.

B. Holtzmann, L’Acropole d’Athènes, p. 222 se basant sur l’inscription IG I3 7, 10-12 qui mentionne que seuls les Praxiergides en ont la charge.