B-4) Aglauros, purification et expiation.

Le rituel athénien était un acte de purification et de régénération pour la divinité, mais c’était aussi un rituel d’expiation de la cité suite à la mort de la princesse Aglauros, fille de Kékrops, punie par Athéna220. Le rite est en rapport avec le mythe de la ciste. L’histoire raconte qu’Héphaïstos prit d’un violent désir pour Athéna tenta de la violer, mais la déesse se déroba et une goutte de sperme du dieu tomba sur la terre et fertilisa Gé qui enfanta Erichtonios qu’Athéna recueillit faisant acte de kourotrophie. Un jour, elle confia l’enfant, caché dans un van, aux princesses athéniennes en leur interdisant de regarder à l’intérieur mais elles désobéirent. Athéna avertie, accourut et frappa de terreur les jeunes filles, qui folles, se jetèrent du haut de l’Acropole. 221Après la mort d’Aglauros, qui était la prêtresse d’Athéna, les vêtements de celle-ci ne furent plus lavés durant une année. Les Athéniens instituèrent le rituel pour réparer leur faute et restaurer l’ordre qu’ils avaient bafoué. Ce jour était néfaste non seulement car il rappelait la faute de la cité, mais surtout parce qu’Athéna était voilée et enfermée dans son temple et de ce fait avait perdu contact avec la cité qui, non protégée, était en danger, comme l’avaient été la terre et le sol devenus stériles lorsque Déméter s’était enfermée dans sa caverne après la disparition de sa fille222. Une fois le rituel accompli, la faute était pardonnée. L’offrande de l’hègètèria marquait ce renouveau et la reconstitution de l’ordre223.

***

Aucune inscription, ni représentation224 des loutrides Athéniennes n’existent. Nous ignorons quel âge elles avaient mais dans les rituels du bain impliquant des parthénoi, les jeunes filles étaient toutes matures, en âge de se marier.

Notes
220.

Hésychius sv. Πλυντήρια « Fête athénienne célébrée pour expier la faute d’Aglauros (= Agraulos) fille de Kékrops » et Photius sv. Καλλυντήρια καὶ πλυντήρια « (…) Les Plyntéries racontent qu’après la mort d’Agraulos les vêtements sacrés ne furent pas lavés pendant une année. Ainsi la fête porte un nom en rapport avec le lavage. La fête des Kallyntéries rappelle qu’Agraulos fut la première prêtresse à avoir orné les divinités. ». Sur Aglauros la première à avoir orné les divinités : R.L. Farnell, Cults I, p. 262 ; A. Mommsen, op. cit., p. 486 et 497-500 ; S. Bettinetti, op. cit., p. 147. Sur le sens du rite : E. Fehrle, op. cit., p.171 : rituel de bain post nuptial et purificateur ; L. Deubner, op. cit., p. 21 : rite agraire ; R. Ginouvés, Balaneutikè, p. 292-293 (= L. Kahil, « Bains de statues et de divinités », BCH Supplément 28 (1994), p. 221) : bain de purification ; P. Brulé, La fille d’Athènes, p. 107 et J. B. Connelly, « Parthenon and Parthenoi, a Mythological Interpretation of the Parthenon Frieze », AJA 100 (1996), p. 78 : rite funéraire en relation avec Aglauros ; M. Christopoulos, Kernos 5 (1992), p. 33-35 : rite purificateur.

221.

Amélésagoras FGrHist 330 F1 ; Euripide, Ion, 20-25 et 267-274 ; Ovide, Métamorphoses, II, 553-561; Apollodore III, 14, 6 ; Pausanias, I, 18, 2 ; Hygin, Astronomie II, 13 et Fables, 166. Cf. Infra chapitre 2 (1-1, B-1 : les arrhéphores d’Athéna Polias).

222.

Hymne Homérique à Déméter, 47-50, 200 ; Aristophane, Thesmophoriazousai, 949, 983-984 ; Scholie à Aristophane, Thesmophoriazousai, 376 ; Athénée, VII, 307 F ; Plutarque, Œuvres Morales, 378 E ; Apollodore, I, 5, 1 ; Diodore de Sicile, V, 4, 3-7 ; Clément d’Alexandrie, Protreptique, II, 20

223.

S. Bettinetti, op. cit., p. 152 : « La fête était une époque néfaste, l’ordre usuel était altéré, des mesures exceptionnelles étaient prises : suspension de l’activité officielle et fermeture des temples du fait de la situation anormale de l’idole. L’ordre se réinstalle une fois l’opération de lavage accomplie. »

224.

Certains ont voulu les voir dans les statues des Caryatides de l’Erechthéion mais ces jeunes filles représentaient plus vraisemblablement un type généraliste de parthénoi accomplissant un service divin. Le porche sud de l’Erechthéion abrite six représentations de jeunes filles, lesquelles supportent l’architrave du temple sur leurs têtes. (Fig. 16-18) Hautes de 2m31, ces jeunes filles sont toutes différentes par leurs coiffures et leurs visages, mais sérieuses et dignes. Elles portent un chiton à manches courtes, un long péplos - ciselé en de nombreux plis - doublé dans le dos d’un manteau. Leur poitrine démontre que ce sont des parthénoi matures, elles rappellent les jeunes filles de la frise des Panathénées. Les inscriptions les nomment simplement Korai (IG I3 474-479, 86). Elles semblent aller en procession, les deux premières avançant la jambe gauche, les deux autres la jambe droite (cf. Cl. Rolley, La sculpture grecque, 2, p. 115-117 et 222-225). Leurs mains manquent mais elles tenaient quelque chose, peut-être des phiales, comme les représentations semblables retrouvées dans la villa de l’empereur Hadrien à Tivoli (Fig. 19). Il est difficile de savoir qui elles représentaient mais il est certain qu’elles étaient engagées dans une activité cultuelle. N. Robertson, « Athena’s Shrines and Festivals », p. 36 : loutrides ou canéphores ; M. Dillon, op. cit., p. 50 : elles tenaient des phiales dans leurs mains ; B. Holtzmann, op. cit., p. 174-5 : choéphores avec des phiales.