B-1) Les arrhéphores d’Athéna Polias.

Les arrhéphores 337 (ἀρρηφόροι) étaient « quatre vierges, âgées entre 7 et 11 ans (Et.M.1, An.G.1), élues d’après leur noblesse. Deux d’entre elles étaient choisies pour commencer le tissage du péplos et accomplir les autres rites le concernant. Vêtues de blanc, leur parure d’or était sacrée (Ha. So.1, Et.M.1, An.G.1) 338». Les deux autres fillettes accomplissaient un rituel secret pour la déesse à l’occasion de la fête de l’Arrhéphorie, « fête célébrée au mois de Skirophorion pour Athéna (Et.M.2), nommée Arrhéphorie (Ἀρρηφορία) avec (ἀ) car les filles portaient des objets secrets dans les cistes pour la déesse (L.S., So.2, He.1) ». La fête était « appelée aussi Errhèphorie (Ἐρρηφορία) (Et. M.2, He.1, So.2, S.L.) ou Hérrhèphorie (Ἑρρηφορία) (He.2, So.2) en l’honneur d’Hersè fille de Kékrops pour laquelle elles faisaient procession (Et. M.2, S.L., He.1, So.2, He.2, M.), ou parce qu’elles portaient des objets secrets et mystérieux (Et.M.2, S.L., So.2) »

Les sources les nomment soit paides (Ha ; Et. Mag. 1 ; So 1 ; An. G.1), soit parthénoi (S. L. ; So.2 ) ou filles de Kékrops (Et. M.2). Cette oscillation entre les deux termes traduit le flou qui, comme pour les fillettes à Orthia et le personnage d’Hélène, démontre qu’elles se situent entre les deux âges : fillettes/jeunes filles.

Selon les sources, elles étaient élues (ἐχειροτονοῦντο) (Ha., Et.M.1) ou choisies par le Basileus 339. Elles vivaient sur l’Acropole, prés du temple d’Athéna Polias et un endroit pour jouer à la balle (σφαιρίστρα) leur était réservé340. De leurs occupations sur l’Acropole, pendant l’année341 où elles y vivaient, nous ne savons rien342. Cependant, des interdictions devaient les concerner. Pausanias utilise le terme « δίαιτα » impliquant un genre de vie spécifique. Des prescriptions vestimentaires existaient : elles portaient des vêtements blancs et des bijoux en or, et probablement alimentaires343. Les arrhéphores étaient considérées comme pures, elles étaient sacrées, en témoigne le port de vêtements blancs et les bijoux en or (Ha. So.1, Et.M.1, An.G.1), probablement en forme de serpent344, qui symbolisaient à la fois leur pureté religieuse, leur sacralité, et leur pureté réelle de vierge. Selon la Souda (So.2), elles agissaient avec les « παναγείς γυναίκες », les femmes sacrées ou pures, c'est-à-dire les prêtresses.

Notes
337.

Sources et références sous lesquelles elles sont répertoriées dans ce paragraphe :

- Harpocrate, sv. ἈρρηφορεῖνHa.

- Souda, sv. ἈρρηνοφορεῖνSo.1

- Etymologicum Magnum, sv. ἈρρηφορεῖνEt. M.1

- Anecdota graeca, I, 202, 3 (Bekker), sv. ἈρρηφορεῖνAn. G.1

- Scholie à Lysistrata, v. 642 S. L.

- Pausanias, I, 27, 3Pau.

- Souda, sv. ἈρρηφορίαSo.2

- Hésychius, sv. ἈρρηφορίαHe.1

- Hésychius, sv. ἙρρηφόροςHe.2

- Etymologicum Magnum, sv. ἈρρηφόροικαὶἈρρηφορίαEt. M.2

- Moeris, Lexicon, sv. ἘρρηφόροιM.

Sur les différentes sources, cf. H.Von Gartringen, RE Errhephoroi, p. 549 ; P. Brulé, La fille d’Athènes, p. 79-98 ; G. Donnay, « L’arrhéphorie : initiation ou rite civique? Un cas d’école », Kernos 10 (1997), p. 183-196 et 203-205. La source originelle était Istros, lexicographe du IIIème av. J.C.

338.

Deux filles : F. Vian, La guerre des géants, p. 278 ; W. Burkert, « Le mythe des Cécropides et les arrhéphories », p. 75 (= « Kekropidensage und Arrhephoria », Hermes 94, (1966) p. 1-25) ; E. Simon, Festivals of Attica, p. 39-40 ; J. A. Turner, Hiereiai, p. 121-122 ; P. Carlier, La royauté en Grèce avant Alexandre, p. 335 ; B. Holtzmann, L’Acropole d’Athènes, p. 222. Quatre filles : H.Von Gartringen, op. cit., p. 549 ; J.E. Harrisson, Prolegomena, p. 132 ; L. Deubner, Attische Feste, p. 12 ;  Cl. Calame, Chœurs de jeunes filles en Grèce archaïque, I, p. 236 ; P. Brulé, op. cit., p. 83 ; M. Golden, Children and Childhood in Classical Athens, p. 48 ; V. Pirenne-Delforge, L’Aphrodite grecque, p. 52. Deux filles pour Athéna (péplos et rituel secret) et deux affectées au service d’autres divinités : N. Robertson, « Athena’s Shrines and Festivals », p. 43 et G. Donnay, Kernos 10 (1997), p. 198.

339.

Souda, sv. Ἐπιώψατο : « ὁ Βασιλεὺς ἐπιώψατο ἀρρηφόρους » ; H. Von Gartringen, op. cit., p. 549 ; L. Deubner, op. cit., p. 11 ; A. Brelich, Paides e Parthenoi, p. 234 pense que les verbes employés par Harpocrate (Ha.) et l’Etymologie Magnum (Et.M.1), faisant partie de la famille de χειροτονέω et signifiant « élire à main levée », le sont au sens large et préfère suivre la Souda ; W. Burkert, « Le mythe des Cécropides et les arrhéphories », p. 74-75 et Homo Necans, p. 190 (éd. Fr.) ; H.W. Parke, Festivals of the Athenians, p. 142 ; E. Simon, op. cit., p. 39-40 ; J. A. Turner, op. cit., p. 121-122 ; P. Carlier, op. cit., p. 335 ; P. Brulé, op. cit., p. 83 ; S. B. Aleshire, « The Demos and the Priests », p. 325-326 ; B. Holtzmann, op. cit., p. 22. Les arrhéphores étaient désignées à main levée par l’Ecclésia d’après une liste établie par le Basileus : J.B. Connelly, Portrait of a Priestess, p. 31-32.

340.

Pausanias, I, 27, 3 ; Plutarque, Oeuvres Morales, 869 C. Cl. Calame, op. cit., I, p. 327 pensait qu’elles pratiquaient des danses du fait que le jeu de balle était proche de l’exécution chorale. Sur la maison des arrhéphores : G. Stevens, « Architectural Studies », Hesperia 5 (1936), p. 490 et plan 518 ; B. Holtzmann, op. cit., p. 194-195.

341.

Pour la majorité des chercheurs l’Arrhéphorie était un service annuel. Contra, le service durait quatre an : A. Brelich, op. cit., p. 268-270 ; J. A. Turner, op. cit., p. 122 et 345 ; M. Golden, op. cit., p. 47-48 ; V. Pirenne-Delforge, op. cit., p. 52 ;  G. Donnay, Kernos 10 (1997), p. 198.

342.

W. Burkert, Homo Necans, p. 190 (éd. Fr.) pense qu’elles étaient affectées au service des sacrifices et à l’entretien de l’olivier. Dans un passage de Lysias (Discours, XXI, 5) un homme explique qu’il a fait œuvre de liturgie pour la Chorégie et l’Arrhéphorie. Les dépenses des arrhéphores d’Athéna Polias étaient payées par un riche athénien.

343.

W. Burkert, « Le mythe des Cécropides et les arrhéphories », p. 87. A. Brelich, op. cit., p. 235 et G. Donnay, Kernos 10 (1997), p. 192 connecte ces interdictions avec l’anastatos, et pense qu’il faisait partie de leur alimentation : Athénée, Deipnosophistes, III, 114, a « (…) appelé anastatos qui était préparé pour les arrhéphores » ; Souda, sv. ἀνάστατοι « sorte de gâteau transporté par les arrhéphores ».

344.

Euripide, Ion, 24-26 (éd. Belles Lettres, 1959, L. Parmentier et H. Grégoire) : (…) la coutume, au peuple d’Erechthée, de faire, à ses enfants, porter des serpents d’or ».