A-2) La mixité dans les rituels d’entrée dans l’âge adulte.

1) La pannychis des Panathénées.

A Athènes, la veille des Panathénées, une pannychis se déroulait sur l’Acropole, autour du Parthénon, à la lueur des flambeaux521. La pannychis était une fête chorale nocturne, qui se déroulait surtout sous l’égide de divinités à la sexualité puissante tel Eros, Aphrodite, Pan, Dionysos, et qui était aussi en rapport avec les rituels initiatiques. La pannychis symbolisait un renouveau. Elle commençait à la tombée du jour et se poursuivait tard dans la nuit, elle marquait le début de la fête. Elle précédait la grande procession civique qui commençait à l’aube et à laquelle allaient participer les jeunes gens et jeunes filles, notamment comme canéphores, qui prenaient part à l’exécution chorale. Les jeunes filles chantaient l’olygmata puis elles se mettaient à danser pendant que les jeunes gens entonnaient le péan522.

La fête des Panathénées possédait un caractère présentatif et intégratif de sa jeunesse. Cependant, le fait que la pannychis mixte se produise avant les cérémonies témoignait que les jeunes gens n’étaient pas reconnus comme membres, car ils n’avaient pas encore été présentés à la cité. Par cette cérémonie, ils disaient adieu à leur adolescence pour entrer dans le monde adulte. La grande procession, à laquelle ils allaient prendre part quelques heures plus tard, allait servir d’introduction et entériner leur nouveau statut. La pannychis favorisait les relations entre garçons et filles. Elle créait un espace de rencontre, une ébauche d’approche où il était plus facile de se parler dans le secret de la nuit qu’au grand jour, devant toute la cité.

Notes
521.

L. Deubner, Attische feste, p. 24 ; H.W. Parke, Festivals of the Athenians, p. 49 ; Cl. Calame, op. cit., I, p. 235-236 ; W. Burkert, Homo Necans, p. 194 (éd. Fr.) ; P. Brulé, « Fêtes grecques, périodicité et initiations : Hyakinthies et Panathénées », p. 28-29 ; B. Holtzmann, L’Acropole d’Athènes, p. 237. Sur la fête cf. Supra Chapitre 1 (2-4 : Les ergastines athéniennes). J. B. Connelly, « Parthenon and Parthenoi, a Mythological Interpretation of the Parthenon Frieze », AJA 100 (1996), p. 68 pensait que les jeunes filles de la frise Est du Parthénon pourraient être celles qui participaient à la pannychis des Panathénées, et les relie aux jeunes filles de la légende qui célébrèrent les princesses athéniennes. Et p. 58 : Elle fait le lien avec le Papyrus de la Sorbonne n° 2328 et donne le passage où Athéna apparaissant à Praxithéa qui vient de perdre ses filles, mortes pour sauver la cité, dit à la mère éplorée qu’elles seront désormais célébrées par des danses féminines. Sur son interprétation mythologique de la frise du Parthénon par le sacrifice des filles de la famille royale athénienne cf. Supra Chapitre 1 (2-4, D-4 : Sur la frise des Panathénées, la scène du péplos.)

522.

Euripide, Les Héraclides, 777-783 ; L. Deubner, op. cit., p. 24 identifie ces chants avec celui chanté par les éphèbes pour Athéna mentionné par Héliodore, Ethiopiques, I, 10, 1 ; F. Vian, La guerre des géants, p. 250-251 pensait que durant la fête on racontait le hiéros logos : l’histoire d’Erichtonios, la naissance d’Athéna, peut-être la victoire contre les géants ; M.-H. Delavaud-Roux, Danses pacifiques en Grèce ancienne, p. 27.