A-2) La Basilinna, reine d’un autre temps.

La Basilinna (Βασίλιννα) 930 était l’épouse du Basileus, l’archonte roi, l’un des principaux magistrats athéniens, appelé aussi « l’héritier des anciens rois d’Athènes 931 ». De fait, par son mariage, la Basilinna était l’héritière du statut symbolique de « Reine d’Athènes » et à ce titre elle était la seule à pouvoir accomplir « l’antique tradition royale », pratiquée par les véritables reines des temps anciens932. Elle devait être née de parents Athéniens et avoir été épousée vierge933, être sans tache, honorable et respectable car elle représentait toute la cité et agissait en son nom lors de la fête des Anthestéries athénienne, célébrant le dieu Dionysos Limnaios (ἐν λίμναις). A cette occasion, la Basilinna présidait les rites secrets au temple du Limnaion 934 et s’unissait au dieu au Boukoleion, ancienne demeure des rois d’Athènes935.

Notes
930.

Nommée aussi, mais plus rarement, Basilissa (Βασίλισσα) et Basilitta (Βασίλιττα). Le terme de Βασίλισσα apparaît tardivement. C’est une version féminisée de Basileus. Il est avecΒασίλιννα le terme le plus usité. [Démosthène], Contre Néera, 74 ; Pollux, Onomasticon, VIII, 90.

931.

Le Basileus était nommé pour un an. Son action concernait surtout le domaine religieux mais il avait des compétences dans le domaine juridiques. R. Garland, « Religious Authority in Archaic and Classical Athens », ABSA 79 (1984), p. 111-112 considérait sa fonction comme « la survivance symbolique de l’ancienne royauté athénienne ». Sur le Basileus, ses compétences et actes : P. Carlier, La royauté en Grèce avant Alexandre, p. 325-351.

932.

[Démosthène], Contre Néera, 74. (éd. Belles Lettres, 1954 /1960, L. Gernet).

933.

[Démosthène], op. cit., 75-76. Loi gravée sur une stèle de pierre dressée devant le sanctuaire de Dionysos Limnaios.

934.

Thucydide, II, 15, 4 ; [Démosthène], Contre Néera, 76. Le Limnaion était le plus ancien et le plus sacré des sanctuaires de Dionysos à Athènes. Il était ouvert seulement un jour par an, le 12 Anthestérion. Devant l’entrée se trouvait une stèle où étaient gravées les lois et rites que la Basilinna devait accomplir et respecter. « Le bâtiment était utilisé pour des rites spécifiques et non pour un culte quotidien » (H.W. Parke, Festivals of the Athenians, p. 108.) Le site du Limnaion n’a toujours pas été identifié. Son nom suggère un site en rapport avec des marais, mais les conditions naturelles ne s’y prêtaient pas. Il semble que le temple avait disparu à l’époque de Pausanias (Pausanias, I, 20, 3). Une petite enceinte retrouvée entre l’Aréopage et la Pnyx fut identifiée hypothétiquement au Limnaion (A. W. Pickard Cambridge, Dramatic Festivals of Athens, p. 21-25). Mais en fait il concernait le culte des Iobakchoi (IG II/III2 1368). T.W. Hooker, « The Topography of the Frogs », JHS 80 (1960), p. 112-117 pensait l’avoir trouvé prés de l’Illissos. E. Simon, Festivals of Attica, p. 93 le situe aussi dans cette région.

935.

Aristote, Constitution d’Athènes, III, 5 : « Le roi occupait ce qu’on appelle maintenant le Boukoleion, prés du Prytanée (…) encore maintenant c’est là qu’ont lieu l’union et le mariage de la femme du roi avec Dionysos » (éd. Belles Lettres, 1922, G. Matthieu, B. Haussoullier); [Démosthène], Contre Néera, 73 : « Elle a été donnée en mariage à Dionysos » ; Hésychius, sv. Διονύσου γάμος  « mariage de Dionysos : un mariage a lieu entre la femme du roi et le dieu ». C’était un rituel vraiment particulier, il n’y a pas d’autres exemples en Grèce.Son origine n’est pas connue, aucun mythe étiologique ne s’y rapporte. H. W. Parke, op. cit., p. 112 y voit une pratique orientale venue à Athènes nous ne savons ni comment ni quand.