B-1) Prêtresses des génè.

Ces familles religieuses possédaient biens et institutions, se constituant en assemblées au cours desquelles ils géraient les questions se rapportant au culte, et notamment le choix des prêtres et prêtresses. La cité n’intervenait pas. La façon dont les desservants du culte étaient choisis devaient différer d’un génos à l’autre, peut-être même d’un culte à l’autre dans un même génos 1116. C’est principalement à Athènes que nous possédons le plus d’informations. Le génos se composait de différentes branches distinctes les unes des autres, ce qui laissa penser à J. Martha1117 que la prêtrise une fois accordée ne revenait pas à un individu en particulier mais à toute une branche du génos et que les personnes au sein de cette même branche étaient interchangeables. Pour les prêtresses, le choix devait se faire par élection ou tirage au sort entre candidates d’une même branche ou de branches différentes. Une liste de candidates pouvait avoir été préalablement établie1118. La désignation devait être rare, mais il est possible qu’elle était le mode préférentiel pour les charges secondaires, ainsi les loutrides/plyntrides, qui officiaient lors des fêtes des Plyntéries et Kallyntéries à Athènes, issues du génos des Praxiergides, étaient peut-être désignées par le Kataniptés, puisque ce dernier dirigeait les cérémonies ; tout comme les deipnophores pour la fête des Oschophories étaient désignées par les membres du génos des Salaminiens.

En Attique, on dénombrait dix-neuf prêtrises héréditaires dont huit étaient féminines1119. Parmi elles, la prêtrise d’Athéna Polias du génos des Etéoboutades1120, celles d’Aglauros, Pandrosos et Gé Kourotrophos du génos des Salaminiens et celle de Déméter et Korè à Eleusis, issue du génos des Philleides et peut-être d’un ou plusieurs autres génè 1121. Des listes de prêtresses existent pour les prêtrises d’Athéna Polias et de Déméter et Korè mais grâce à de nouvelles informations, nous pouvons les mettre à jour. Ailleurs, les données sont moins précises et ne répondent pas forcément à un même principe, avec des génè établis et privilégiés.

Notes
1116.

J. Martha, op. cit, p. 37-39; J.A. Turner, op. cit., p. 21-26 ; S.B. Aleshire, op. cit., p. 332-334.

1117.

J. Martha, op. cit., p. 35.

1118.

J. Martha, op. cit., p. 35 : il a considéré plusieurs possibilités sans conclure, sauf pour les Etéoboutades (par le sort) et les Eumolpides (élection) ; J. Toepffer, op. cit., p. 125-127et J.K. Davies, Athenian Propertied Families, p. 172-173 : par héritage ; W.S. Ferguson, « The Salaminioi of Heptaphylai and Sounion », Hesperia 7 (1938), p. 52 : tirage au sort sur une liste ; S.B. Aleshire, op. cit., p. 333-334 : elle étudie plus attentivement les principaux témoignages anciens : Plutarque, Œuvres Morales, 843 A ; Aristote, Politique, F2 (Chambers) = F3 (Opperman) en abrégé dans Harpocrate, sv. γεννῆταιet Pollux, VIII, 109. Aristote nous informe que les génè comme ceux des Eumolpides, Kérykes et Etéoboutades (Harpocrate ne parle que des Etéoboutades) tiraient au sort ceux et celles qui allaient accomplir la charge. S.B. Aleshire considère que le tirage au sort sur une liste pré-établie devait être courant dans les génè. Elle estime que la réforme de 21 av. J.C. affecta l’organisation religieuse à Athènes et au IIème ap. J.C. on constate que certains génè se mirent à élire leurs prêtres.

1119.

J. A. Turner, op. cit., p. 35-38.

1120.

Eschine, Sur l’ambassade, 147 : la prêtresse était choisie dans le génos des Etéouboutades.

1121.

Photius sv. Φιλλεῖδαι « γένοςἐστὶν Ἀθήνησιν. ἘκδὲτούτωνἡἱέρειατῆςΔήμητροςκαὶΚόρης ,ἡμυοῦσατοὺςμύσταςἐν Ἐλευσῖνι. »; K. Clinton, Sacred Officials, p. 68 : IG II/III2 2954, 3-4 (Ier ap. J.C.). Contra : R. Parker, Athenian Religion, p. 317 : l’inscription étant trop fragmentée, il est impossible de savoir si la prêtresse était choisie dans plusieurs génè.