B-3) Sacrifices, libations, prières.

Dans l’enceinte du sanctuaire, la prêtresse devait habituellement être présente pour accomplir la consécration et le sacrifice, ainsi de celle de Déméter à Arkésiné, à Amorgos, où les femmes n’avaient pas le droit de sacrifier en son absence1437. De plus, nul autre desservant n’avait le droit de pratiquer pour la divinité, comme le fit le hiérophante Archias, à Eleusis lors des Haloa, usurpant les prérogatives de la prêtresse de Déméter et Korè, laquelle porta plainte contre ce dernier1438 . Agir de la sorte était considéré comme un acte sacrilège. Chaque divinité avait, en effet, ses rites que seul son desservant connaissait et était à même de réaliser correctement. Laisser une autre personne officier c’était prendre le risque d’être à la merci d’une faute, donc d’une offense et de déclencher la vindicte divine. La procédure cultuelle devait être faite correctement, il s’agissait de se conformer aux rites prescrits, d’observer l’ « eusébia », l’usage traditionnel transmis par les dieux1439. Prêtres et prêtresses devaient faire respecter et suivre la tradition. Ils en étaient les gardiens. Pour cette raison, dans les grandes fêtes et les sacrifices civiques, leur présence était indispensable. A cette occasion, la prêtresse procédait aux actes de libations, consacrait la victime, faisait les offrandes d’usages, prononçait les prières, et participait quelque fois à la mise à mort de l’animal. Les animaux sacrifiés pouvaient aussi être de petite taille, porcs, chèvres, poissons. Il existait aussi des sacrifices non sanglants où les offrandes étaient des produits naturels comme miel, fruits, grains… ou cuisinés, comme les gâteaux. De plus, à côté de ces sacrifices réguliers qui avaient lieu à date fixe, existaient des sacrifices extraordinaires effectués pour répondre à une situation immédiate et inattendue. C’est ainsi que la prêtresse d’Athéna Nikè eut à accomplir au nom du peuple un sacrifice propitiatoire avant de réparer la statue de la déesse et de commencer les travaux de réfections de son temple1440.

Notes
1437.

IG XII 7, 4 = LSCG 102 (IVème av. J.C.) ; Platon, Lois, X, 909 D-E ; 910 A-B qui estime la présence des prêtres et prêtresses indispensable ; J. Rudhardt, op. cit., p. 291 ;  V. Pirenne Delforge, « La cite, les dèmotelè hiera et les prêtres », Kernos Supplément 15 (2005), p. 60-62 : l’activité première du prêtre était l’acte sacrificiel et la prière, et pour les actes sacrificiel dans le sanctuaire il était impératif qu’il soit là du fait de l’imbrication entre autorité politique et religieuse. « Le prêtre est l’intermédiaire privilégié entre les sacrifiants et le dieu dans le cadre du sanctuaire qu’il dessert, et en tout cas l’intermédiaire obligé pour les sacrifices de victimes fournies par la cité. (…) quand il s’agit de sacrifier pour la cité, c’est le représentant de la cité dans le sanctuaire qui doit agir c’est à dire le prêtre ; quand il s’agit d’un particulier, il peut éventuellement se substituer au prêtre. » 

1438.

[Démosthène], Contre Néera, 116.

1439.

Isocrate, Discours à Nicoclés, 20.

1440.

LSCG 35 (IVème av. J.C.)