C-2) L’érection de statues.

La pratique de commémorer les prêtrises féminines date de l’époque archaïque, se perpétua à l’époque classique mais resta alors limitée aux femmes qui avaient accompli une charge religieuse. L’usage se développa au cours de l’époque hellénistique et perdura durant toute la période impériale1505. Pausanias, lors de son voyage à travers la Grèce au IIème ap. J.C., aperçut plusieurs statues à l’entrée des sanctuaires : celles des prêtresses d’Héra à Argos dont celle de Chrysis, de Déméter à Hermione, des Euménides en Achaïe à Kéryeneia1506. Les prêtresses n’étaient pas les seules à avoir l’honneur de statues, toutes celles qui avaient accompli un sacerdoce pouvaient prétendre à l’édification de leur portrait : ainsi des arrhéphores, canéphores, parthénoi coureuses aux Héraia d’Olympie, et d’autres officiantes sacrées spécialisées que nous rencontrerons au chapitre suivant. Dans les régions d’Asie Mineure notamment, où les femmes des élites participaient activement à la vie de leur communauté - en tant que prêtresse et/ou bienfaitrice, et/ou accomplissant une charge civique de nature non religieuse comme l’agonothésie, la théorie, la gymnasiarchie -, l’habitude fut prise vers la fin de la période hellénistique de les honorer en érigeant des statues à leurs effigies1507. Il y avait tant de statues de femmes à l’époque sur les terres de l’Est que certains s’en plaignaient mais la pratique perdura, s’amplifiant même1508.

Notes
1505.

J. C. Eule, Hellenistische Bürgerinnen aus Kleinasien ; J. B. Connelly, op. cit., p. 118 -163.

1506.

Pausanias, II, 17, 3 (Argos) ; II, 35, 8 ( Hermionè) ;  VII, 25, 7 (Achaïe).

1507.

R. van Bremen, The Limits of Participation, p. 182

1508.

Pline l’Ancien, Histoires Naturelles, XXXIV, XIV, 31 « Nous avons encore des diatribes de Caton (..) contre les Romaines qui se faisaient élever des statues dans les provinces » (éd. Belles Lettres, 1953, H. G. de Santerre et H. Le Bonniec).