1-2) Timanthis, l’amphipolos

A Argos au IIIème av. J.C., Timanthis fut honorée d’une statue par son père Timanthès. L’inscription, trouvée sur une petite base carrée, évoque son service en tant qu’amphipolos de la déesse Aphrodite dénommée poétiquement Kypris, renvoyant à son lieu de naissance l’île de Chypre :

‘« Κ]ύπρι μάκαιρα, μέλου Τιμανθίδος ἇς ὑπὲρ εὐχαῖ εἰκόνα Τιμάνθης τάνδε καθιδρύεται ὥς τις καὶ μετέπειτα, Θεὰ, τέμενος τόδε πρῶνος νισόμενος μνάμαν τᾶσδ’ἔχηι ἀμφιπόλου. »
« Bienheureuse Kypris, veille sur Timanthis : c’est à la suite d’un vœu en sa faveur que Timanthès consacre ce portrait, afin qu’à l’avenir, Déesse, quiconque foulera le sol de ce sanctuaire du Promontoire conserve le souvenir de ta servante » 1585 (Fig. 220) ’

Le terme d’amphipolos (ἀμφίπολος) qui signifie « servante » ou « intendante1586 » est proche de diaconos et leurs rôles devaient être assez semblables. Mais nous avions aussi noté que le terme pouvait, à l’occasion, désigner la prêtresse comme c’était le cas pour Myrrhinè, prêtresse d’Athéna Nikè. Cependant, la confusion que l’utilisation d’un même terme pour deux fonctions pourrait engendrer s’estompe lorsque nous observons attentivement les deux inscriptions. Lorsque Myrrhinè, au Vème av. J.C., se positionne comme l’amphipolos d’Athéna Nikè, elle précise par différentes informations – compréhensibles par tous à son époque – qu’elle était la prêtresse (Cf. Chapitre 4, 1-2, B-2). Le terme amphipolos pour Myrrhinè équivaut à celui de propolos de Lysistratè, prêtresse de Déméter et Korè à Eleusis, qui officia elle aussi au Vème av. J.C., comme une façon poétique de se désigner face à la divinité en atténuant l’éloge et la gloire que le monument revendique, de signifier aux hommes son importance mais son humilité devant la déesse. A l’époque de Timanthis, la prêtresse était désignée préférentiellement par le terme de hiéreia, et si elle avait accompli la prêtrise, l’inscription n’aurait pas manqué de le signifier. Alors que Myrrhinè est le sujet principal de la dédicace, c’est le père de Timanthis qui revendique la dédicace, en réponse à un vœu que la déesse lui a accordé, lui demandant d’octroyer protection à sa fille. La formulation n’est pas sans rappeler celle de Mégô, assistante au service de la déesse Artémis Ortheia à Messène1587. De plus, la façon dont son père se positionne par rapport à elle indique aussi que Timanthis était encore une parthénos lorsqu’elle accomplit son service pour la déesse Aphrodite, probablement pendant une année1588.

Notes
1585.

Base inscrite : Musée d’Argos, Inv. E 70 ; F. Croissant, « Note de topographie argienne, à propos d’une inscription de l’Aphrodision », BCH 96 (1972), p. 137-140, traduction p. 138 reprise ici hormis le terme amphipolos que F. Croissant traduit par prêtresse.

1586.

Callimaque, Hymne à Artémis, v. 13-15 : Artémis demande à Zeus, son père, vingt nymphes pour être ses amphipoloi, celles qui la serviront et seront chargées de veiller sur le matériel et les chiens qu’elle emmène partout avec elle.

1587.

SEG XXIII, 220 (Ier av. J.C.) et Infra Chapitre 5 (3-5 : Xoanophore et phosphoros d’Artémis Ortheia).

1588.

J.B. Connelly, Portrait of a Priestess, p. 146.