A-5) Kosmô et trapézô d’Athéna Polias à Athènes.

Aucun nom des femmes qui ont exercé cette fonction à Athènes ne nous est parvenu1617. Pour le moment, ni inscriptions, dédicaces ou bases de statues commémoratives n’ont été retrouvées. Contrairement à Syèris, elles avaient un rôle spécifique au sein du personnel cultuel de la déesse, et leur appellation en était l’évocation. Nommées comme hiéreiai 1618, elles n’étaient toutefois pas des prêtresses, mais des femmes sacrées spécialisées d’un rang élevé1619. Les différentes données nous informent qu’elles étaient, comme les zakores, associées au culte avec la prêtresse1620. Harpocrate nous dit qu’elles « discutent avec la prêtresse », elles n’étaient donc pas de simples servantes mais des collaboratrices1621. Une inscription nous informe que la prêtresse d’Athéna Polias devait « orner la table » pour les Panathénées, et un fragment d’Istros permet de préciser que la kosmô et la trapézô étaient les gynaikes chargées de l’aider à préparer cette table1622. Leur appellation - kosmô (κοσμώ) venant de « κόσμος » signifiant « parure et ornement » et trapézô (τραπεζώ), en référence à la trapéza, table d’offrande sur laquelle on mettait les aliments offerts aux dieux – renvoyait à cette fonction de préparer la table. Cependant, elles devaient assumer d’autres rôles, peut-être un soin quotidien pour la déesse à travers ses statues de culte : l’une ayant le devoir de nourrir la divinité, en déposant chaque jour devant sa statue les offrandes (gâteaux, viandes, fruits…) des fidèles ; l’autre de veiller sur les parures et ornements divins, des statues et des autels. Nous ignorons comment elles étaient choisies et pour combien de temps. Elles étaient peut-être désignées par le Basileus, comme c’était le cas des arrhéphores, canéphores ou des quatorze gérairai, ou encore par tirage au sort comme le pais aph’hestias d’Eleusis.

Notes
1617.

Cf. A. Michaelis, Der Parthenon, p. 262-263 et E. Berger et M. Gisler-Huwiler, Der Parthenon in Basel, p. 172-174 qui, à propos de la scène centrale de la frise des Panathénées, ont recensé différentes interprétations et notent que certains voient dans les personnages 31-32 (que nous avons reconnus comme les arrhéphores) la kosmô et la trapézô (entre autre A. Mantis, Problemata, p. 78-79 qui se pose la question et N. Robertson, « The Praxiergidae Decree (IG I3 7) and the Dressing of Athena’s Statue with the Peplos », GRBS 44 n° 2 (2004), p. 157).

1618.

Hésychius, sv. Τραπεζών : ἱερειάτιςἈθήνησιν.

1619.

K. Clinton, Sacred Officials, p. 69 : les nomment prêtresses, il estime que leurs titres reflètent leurs fonctions particulières ; R. Garland, « Religious Authority in Archaic and Classical Athens », ABSA 79 (1984), p. 94 les considèrent de rang égal à la prêtresse ; M. Dillon, op. cit., p. 84 les voit comme des prêtresses assistantes. Contra : S. Georgoudi, « Athanatous Therapeuein. Réflexions sur des femmes au service des Dieux », Kernos Supplément 15 (2005), p. 73

1620.

B. Holtzmann, L’Acropole d’Athènes, p. 222-223 pense d’ailleurs qu’elles faisaient partie des zakores.

1621.

Harpocrate, sv. Τραπεζοφόρος = Istros FGrist 334 F 9 = Lycurgue, Sur la prêtrise (Fr. VI, 20 éd. Conomis) : la kosmô et la trapézôphore« s’occupent de tout avec la prêtresse d’Athéna » c'est-à-dire dirigeant et réglant « συνδιέπουσι πάντα τῇ τῆς Ἀθηνᾶς ἱερεία̣ ».

1622.

IG II2 776, 10-14 « κόσμησις τῆς τραπέζης » (IIIème av. J.C.); Harpocrate, sv. Τραπεζοφόρος = Istros FGrHist 334 F 9 = Lycurgue, Sur la prêtrise (Fr. VI, 20 Conomis).