B-1) La fonction de hiérophantide.

Les informations que les dédicaces donnent sur leur charge témoignent que les hiérophantidesn’étaient ni des assistantes, ni des servantes de la prêtresse de Déméter et Korè. Elles possédaient, tout comme le dadouque et le hiérophante, une charge spécifique qui faisait d’elles des personnages importants du culte éleusinien. La nature exacte de leur service n’est pas connue, mais les données rapportent qu’elles participaient à l’initiation (n° 6, 10). A chaque fois, il est précisé qu’il s’agissait d’un empereur ce qui explique peut-être, au vu de l’importance de l’initié, que l’acte fut rapporté dans son épigramme de façon à la glorifier plus encore. Isidotè (n°10) signale qu’elle a couronné les deux empereurs, en posant les bandelettes sur leur tête. Le terme hiérophantide était le féminin de hiérophante, signifiant « révélateur du sacré ou porteur du sacré», celui qui révélait les hiéra sacré aux mystes. Photius nous dit qu’elles participaient à leur révélation et qu’elles couronnaient les mystes avant leur initiation1659. Le décret IG I2 81, 9-11 (421 av. J.C.) signale qu’elles participaient à la procession avec la prêtresse, qui emportait les hiéra à l’Eleusinion de la cité, le jour avant l’ouverture officielle des mystères1660.

Nous n’avons aucune donnée pour l’époque classique sur les hiérophantides, la première mention de leur existence date du milieu du IIIème av. J.C dans un fragment d’Istros1661 où ce dernier les nomme avec le hiérophante, le dadouque et la prêtresse de Déméter et Korè, ce qui indique que la charge n’était pas d’ordre mineur. Il précise qu’elles portaient comme eux une couronne de myrte, un attribut généralement conféré aux prêtres. De même, une inscription indique qu’elles avaient un siège au théâtre de Dionysos1662. La charge était donc d’un rang équivalent à celle des prêtresses mais la hiérophantide n’était pas une prêtresse, elle n’avait pas les mêmes devoirs.

Notes
1659.

Photius, sv. Ἱεροφαντίδες : « αἱ τὰ ἱερὰ φαίνουσαι τοῖς μυουμὲνοις » ; K. Clinton, op. cit., p. 89.

1660.

K. Clinton, op. cit., p. 89.

1661.

Istros FGrHist 334 F29 : « καὶ τὸν ἱεροφάντην καὶ τὰς ἱεροφάητιδας καὶ τὸν δα̣δοῦχον καὶ τὰς ἄλλας ἱερείας μυρρίνης ἔχειν στέφανον. » ; K. Clinton, op. cit., p. 88-89 pense que la fonction existait déjà mais qu’elle n’était pas aussi importante ; J.A. Turner, op. cit., p. 304 pense que la fonction prit de l’ampleur à cette époque.

1662.

IG III 331 (époque impériale) ; K. Clinton, op. cit., p. 87et 89.