A-4) Hiérai de Laconie.

Un texte de Plutarque faisait référence à des hiérai (ἱεραί), mais la référence fut modifiée pour donner un sens au passage que le terme hiérai, inconnu, ne permettait pas de comprendre1894. Ce passage, tirée d’un manuscrit, se lisait «ἐπιράψαι δὲ τούνομα θάψαντας οὐκ ἐξῆν τοῦ νεκροῦ, πλὴν ἀδρὸς ἐν πολέμῳ καὶ γυναικὸς τῶν ἱερῶν ἀποθανόντων » (codex Seitenstettensis) signifiant qu’à Sparte, « seules les tombes des hommes morts à la guerre et celles des hiérai étaient gravées de leur noms ». C’était un privilège extrêmement important qui indique que la fonction ne l’était pas moins et qu’elle était prestigieuse.

Cinq inscriptions lacédémoniennes se rapportant à des hiérai, dénommées par un terme proche (hiéra / hiara (ἱερά / ἱαρά)), furent retrouvées mais leurs datations sont incertaines1895. L’inscription est à chaque fois succincte, seul le nom est donné sans possibilité de retracer une quelconque ascendance qui nous donnerait des informations sur elles.

  1. IGV1 1221, trouvée sur un fragment de corniche à Teuthrôné  : « Ἀριστονίκα ἱερὰ χαῖρε. Φιλάρ[ιν…] ».
  2. IGV1 1283, sur une stèle à fronton à  Pyrrichos : « Σοφιδὸι ἱαρὰ χα[ῖρε] »
  3. SEG XXII, 306, à Kotronas : «  Πολυκράτια ἱαρὰ χαῖρε »
  4. IGV1 1119, à Kotronas : « Σαλίσκα ἱερά. χαῖρε »
  5. - IGV1 1127, à Géronthrai : « ……….ης χαῖρέτω. Ἀγίεια χαῖρε  ἱα[ρὰ]…… ….. [χαῖ]ρε. Ἀγίεια χαῖρε. Νικοδαμία ἱα[ρὰ χαῖρε]. ……….[Καλλ]ισθένης ἱερὸς χαῖρε. Α…….. ……………………………..Βιόδαμος χαῖρε »

Cette dernière inscription présente plusieurs noms sur l’épitaphe, à la suite les uns des autres, avec la formule d’usage de l’adieu, retranscrivant l’aspect collectif de la charge.

Nous retrouvons les hiérai avec la thoinarmostria sur un fragment spartiate très lacunaire, daté du IIème ap. J.C., où se lit « A, l. 1: [ἡ θοιναρ]μόστρια et B, l. 5-6: ταῖς] ἱεραῖς », attribué au culte de Déméter1896.

Et sur une loi sacrée de Gythéion, datée du Ier ap. J.C., des hiérai korai et hiérai gynaikes participaient à la procession des Eurykleia, fête instituée au début du Ier ap. J.C.1897 .

Notes
1894.

Plutarque, Lycurgue, 27, 3. cf. P. Brulé et L. Piolot, REG 115 (2002), p. 485-517 ; p. 487 version du codex Seitenstettensis et p. 489 restauration de Kurt Latte : « « πλὴν ἀδρὸς ἐν πολέμῳ καὶ γυναικὸς τῶν λεχοῦς ἀποθανόντων » remplaçant hiéron par léchous, modifiant le sens de la phrase puisque les hiérai devinrent des épouses mortes en couches. Cette restauration (correction qui apparaît pour la première fois dans l’édition de K. Ziegler, Teubner, Leipzig, 1926) fut acceptée par presque tous, (entre autres Chr. Le Roy, BCH 85 (1961), p. 231 n. 4) étayée par l’existence de quatre inscriptions de femmes spartiates mortes en couches (IG V 1, 713 ; 714 ; 1128 ; 1277). Pierre Brulé et Laurence Piolot reprennent le débat, en résumant les différents points de vues, et choisissent d’étudier le texte original avant la restauration de Kurt Latte, considérant la restauration arbitraire, sans raison philologique, et cherchant à comprendre qui sont ces hiérai en établissant un parallèle avec les hiérai messéniennes que nous connaissons le mieux, tout en considérant notre ignorance du sujet et sans trancher de façon définitive sur le statut de ces hiérai.

1895.

Chr. Le Roy, BCH 85 (1961), p. 228-231.

1896.

IG V 1, 1511 add = LSS 29.

1897.

SEG XIII, 257 (15-19 ap. J.C.).