2.3 Recrutement : une logique de concurrence et de classement entre grandes écoles

La logique du classement des élèves intégrant l’Ecole dans le Concours Commun Mines-Ponts est privilégiée comme l’indique un document14 diffusé en interne en octobre 2005. Nous trouvons un détail du classement de l’école et de son évolution, effectué en fonction des différentes origines de classe préparatoire. Dans les rapports annuels, jusque dans les années 2000, nous retrouvons des tableaux récapitulatifs reprenant l’analyse du recrutement des élèves par le concours commun, les établissements scolaires d’origine, la profession du chef de famille, l’origine géographique des élèves.

Les élèves de première année sont issus très majoritairement de classes préparatoires (seules deux ou trois admissions parallèles par an). En deuxième année, les élèves sont pour 80% des jeunes issus de classes préparatoires et 20% Admis Sur Titres (AST) issus de formations différentes, plus âgés (Pharmacien, maîtrise de mathématiques, ou de physique par exemple).

Les élèves intégrant l’école par concours basent souvent leur choix sur les enquêtes, du type de celle du Point, faites au niveau des écoles. Un des moyens pour l’Ecole d’attirer les meilleurs élèves des concours est de continuer à progresser dans les enquêtes faites pour classer les Ecoles. En 2004, deux études externes permettent de situer la place de l’ENSMSE, l’enquête de l’INSEE sur les Ingénieurs et le classement 2004 des écoles d’ingénieurs par Le Point. L’INSEE présente une enquête réalisée en 2003 par le CNISF (Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France) à partir d’un questionnaire distribué par les associations d’anciens élèves des écoles d’ingénieurs sur un échantillon de 14911 ingénieurs, salariés, en activité en 2002. L’ENSMSE arrive en 5ème position derrière l’Ecole Polytechnique, l’Ecole des Mines de Paris, l’Ecole Centrale de Paris et l’ENSTA Paris. Elle est première des écoles de province. Ce classement favorable pour l’Ecole est largement repris et diffusé en interne et en externe.

Le Point classe chaque année les écoles d’ingénieurs en fonction de différents critères : dynamique pédagogique (taux de professeurs docteurs, d’intervenants extérieurs, partenariats, cours d’ouverture…), internationalisation (accueil, double-diplôme à l’étranger), professionnalisation (cursus en alternance, durée des stages, 1er emploi…). En 2004, l’ENSM-SE est 10ème au classement général, avec un gain de trois places par rapport à 2003 et est présentée par l’enquête comme une valeur sûre. En 2007, l’Ecole se place en 10ème position au classement général et 6ème pour la professionnalisation. Il n’existe pas d’étude plus récente de l’INSEE.

L’Ecole se retrouve donc à former des élèves issus de classe préparatoire. Les élèves des CPGE ne représentent qu’une petite minorité de la classe étudiante (3,5%), soit 75 000 étudiants répartis dans 270 Lycées (Léotard, 2001, p. 109). Elles sont réservées aux bons et très bons élèves, sélection oblige. Comme le montre Léotard (2001, p.113) :

‘« les élèves de prépa ont été soigneusement jaugés, étalonnés, et ensuite répartis, selon leur niveau, dans des lycées plus ou moins exigeants. Car pour ces établissements, les résultats de leurs poulains aux concours sont décisifs pour leur réputation. ». Mais cette voie d’excellence reste très exigeante avec ses étudiants. En effet, ces deux ou trois années de classe prépa semblent laisser des traces : « Les classes prépas, c’est comme la Légion : on s’en sort plus ou moins bien, mais on n’oublie jamais », résume un dirigeant d’entreprise, diplômé de Polytechnique. » (Léotard, 2001, p.105). ’

Le programme est chargé, le rythme est soutenu, les examens s’enchaînent, le travail personnel demandé est colossal et il ne suffit pas d’être bon, il faut être meilleur que les autres, si l’on veut accéder aux Ecoles les plus « cotées ».

‘« Une classe préparatoire, c’est un centre d’entraînement intellectuel intensif, dont l’objet, affiché dès le départ, est de réussir si possible le concours le plus prestigieux. » (Léotard, 2001, p. 115).’

Les élèves qui intègrent l’ENSM-SE, ont passé un concours qui les a classés et qui leur a ouvert l’accès à telle ou telle école. Pendant leurs années de classes préparatoires, ils étudient avec l’idée d’accéder aux meilleures Ecoles du classement. Ainsi, intégrer l’ENSM-SE peut être une réussite ou un échec, en fonction des Ecoles visées par les Elèves. Lors d’une étude réalisée en 2007, nous avons pu relever que

‘« p lus de la moitié des élèves ont choisi l’EMSE car c’était la « meilleure » Ecole à laquelle ils pouvaient accéder. On remarque que moins de la moitié des élèves (47,6%) avait classé l’Ecole parmi leurs deux premiers vœux, et que pour les 52,4% élèves restant, l’EMSE ne figuraient qu’après leur troisième vœu. De plus, on peut s’étonner de voir que seulement 34,3% des étudiants ont choisi d’intégrer l’Ecole car elle correspondait à leurs attentes professionnelles. Nous pouvons dire que les jeunes qui entrent à l’école le font par logique de poursuite d’études plus que par soucis de se professionnaliser pour un métier ». (Dubruc, Guy, 2008, p. 849 )’
Notes
14.

« Evolutions chiffrées de l’Ecole Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne, 2001 – 2005 »