2.4 Finalités : former des ingénieurs généralistes

Que deviennent les élèves formés dans cette Ecole ? Une étude, réalisée par la Junior Entreprise15 de l’Ecole en 1999, sur l’évolution du premier emploi des ICM (Ingénieurs Civils des Mines) de Paris, St Etienne et Nancy, Au cours des années 90, 65% des ICM débutent alors dans l’industrie contre 95% dans les années 50. 60% trouvent leur premier emploi en région parisienne contre 30% en 1950. Le nombre des premiers emplois à l’étranger depuis 50 ans reste stable avec environ 10% des ingénieurs. Cette enquête souligne l’évolution des secteurs d’activité qui recrutent le plus des Ingénieurs Civils des Mines de Paris, Saint-Etienne, Nancy avec :

Ainsi, l’évolution des débouchés correspond aux mutations économiques plus globales. En ce qui concerne les métiers, nous observons un recul des métiers de la production de 45% à 16%. Le métier de la Recherche et Développement reste cependant un des métiers les plus choisis. Et l’on peut noter l’augmentation des métiers de consultant (4 à 12%) et de chef de projet (1% à 4%)

Selon « l’enquête premier emploi » réalisée au 1er trimestre 2004 par le service Communication de l’ENSMSE, la durée de recherche d’emploi des nouveaux diplômés se maintient avec une embauche en moins de 2 mois après la fin de leur formation. Le nombre d’Ingénieurs Civils des Mines (ICM) qui choisit de poursuivre ses études vers un Mastère spécialisé en vue d’acquérir une double compétence ou une spécialisation continue de progresser et se situe autour de 15%. Pour compléter le panorama de présentation des Jeunes Diplômés, plus de la moitié (54%) des jeunes diplômés ICM débutent leur carrière sur Paris et la région parisienne, près de 10% à l’étranger. Le salaire annuel brut moyen en France des Jeunes diplômés pour leur 1er emploi est de 33 500 à 35 000 €uros en fonction de secteurs d’activité. Cinq ans après le diplôme, leur salaire varie entre 35000 € et 38000 €uros.

Les premiers emplois sont trouvés dans les fonctions suivantes :

Il n’y a pas de fonction qui se démarque plus particulièrement. Les deux premières à égalité à 17% sont la fonction de Recherche et Développement et la fonction d’Audit et de conseil. Si nous rapprochons cela des métiers habituels et des métiers en émergence, nous pourrions voir là deux tendances qui s’affichent pour les jeunes diplômés : soit les métiers traditionnels de Recherche, soit les métiers nouveaux du conseil. Ceci correspond aussi à l’externalisation de certaines fonctions dans des secteurs d’activités comme l’aéronautique ou l’automobile où les ingénieurs occupent des postes de chefs de projet pour des sociétés de conseil en ingénierie de production, maintenance, logistique… Lors de la journée du forum Métiers16 sur l’aéronautique de décembre 2006, deux anciens élèves sur cinq, venus présentés leur parcours étaient dans ce cas de figure.

Figure 2 : Répartition des Jeunes Diplômés 2003 par fonction
Figure 2 : Répartition des Jeunes Diplômés 2003 par fonction

Selon une enquête réalisée à l’Ecole, en 2007, « la diversité des métiers possibles pour un ingénieur issu de l’Ecole des Mines est grande. Plus de la moitié des élèves sortants travaillent comme ingénieurs dans des domaines techniques (procédés, R&D, informatique, etc.), 15 % vont vers des métiers de la finance (Audit/conseil/trader)  17 ».

Pour les secteurs d’activités, nous proposons de comparer les données de l’enquête « Jeunes Diplômés 2003 » avec celles des Jeunes Diplômés de la Conférence des Grandes Ecoles :

Tableau 6 : Comparaison répartition Jeunes Diplômés ENSM-SE 2003 et ingénieurs CGE
Secteur d’activité JD 2003 EMSE JD 2003 Ingénieurs CGE
Energie 13% 5,1%
Automobile, aéronautique, navale, ferroviaire  11% 17,4%
Etudes, conseil/audit 10% 8,2%
Finance / Banques / Assurance 9% 4,4%
Industrie chimique, pharmaceutique 8% 5,5%
Commerce distribution  8% Non mentionné
Métallurgie et transformation des métaux 7% Non mentionné
Technologies de l’information  7% Mentionné différemment
Administration, coll. territoriale 5% Non mentionné
Autres secteurs 20%  5%
Technologies de l’information  (services) Mentionné différemment 12,1%
Industrie des Technologies de l’information  Mentionné différemment 3,7%
BTP/construction Non mentionné 11%

Nous ne retrouvons pas les diplômés de l’Ecole des Mines sur un secteur dominant. Ceci est une illustration de l’ingénieur généraliste, capable de travailler dans des secteurs d’activité variés. Nous notons aussi que les secteurs « Energie », « Finance / Banque / Assurance » et « Industrie chimique et pharmaceutique » représentent deux fois plus de Jeunes Diplômés qu’au niveau national des Grandes Ecoles. Ceci peut s’expliquer par l’existence d’une option « Gestion/ Finance » qui est choisie par près de la moitié des élèves et par l’intégration de double cursus « pharmacien – ingénieur ».

Former des ingénieurs généralistes peut aussi s’inscrire dans la volonté de former les meilleurs qui accéderont aux postes de direction.

« L’atout essentiel qui ouvre la voie aux postes de commande est une formation générale polyvalente. Il doit s’agir en effet d’une formation qui permette de circuler entre les différents secteurs de l’élite, « des sommets administratifs à la tête des grands groupes industriels jusqu’aux cimes de l’appareil gouvernemental, sans dédaigner les crêtes des institutions culturelles » (Boudon, 1973, p.124). ’

Dans ces conditions, une spécialisation nette ou des compétences purement techniques constitueraient un handicap de carrière, car elles feraient obstacle à la mobilité intersectorielle et l’interchangeabilité des fonctions. Une formation plus spécialisée permet d’accéder à des postions élevées certes, mais qui relèvent des échelons intermédiaires et qui confinent leurs détenteurs dans une « sous-élite » vouée à alimenter l’élite dirigeante en « idées, propositions, critiques et contestations.» (Coenen-Huther, 2004, p.134)

Nous avons donc une Ecole qui adapte sa formation aux évolutions économiques et qui n’hésitent pas à s’ouvrir aux métiers moins industriels, plus proches des sociétés de services. Cette Ecole est généraliste de part les débouchés possibles pour les jeunes diplômés.

Notes
15.

Association d’élèves

16.

Cette journée est organisée chaque année pour les élèves de 1ère et 2ème année avec pour objectif de les sensibiliser aux métiers possibles à partir de témoignages d’anciens élèves.

17.

Albrecht et al. (2007) Quel avenir pour un Ingénieur Civil des Mines de Saint-Etienne ? p.7