1. Le dispositif de stage, des prescriptions et des ressources pour l’elève

1.1 Le stage 2A : quelles entreprises, quelles missions ?

Le stage peut être appréhendé comme un système d’activité dont l’objet est de professionnaliser l’élève à l’aide d’instruments proposés par l’organisation pédagogique. Il implique une division du travail qui définit la répartition des tâches pour réaliser les actions et hiérarchise les responsabilités.A partir de la notion d’activité selon Engeström (1987, 2000), nous considérons que l’activité « stage » se réalise à partir de règles, explicites ou implicites, définies par la communauté des sujets impliqués dans l’activité. L’intérêt de ce type de modélisation est de nous inviter à adopter un point de vue qui ne soit pas uniquement fondé ni sur la communauté ni sur les instruments utilisés, mais qui prenne en compte l’ensemble du contexte de l’activité « stage 2A ».

Nous avons cherché à repérer la fonction prescrite par le système et analysé comment certains acteurs se sont réappropriés ces prescriptions.

L’élève, sujet, intégré au sein d’une communauté constituée notamment par sa promotion, ses amis, ses enseignants, son tuteur-école, son tuteur-entreprise, utilise des instruments comme le rapport et la soutenance pour réaliser l’objet visé à travers le stage : sa formation, sa transformation.

Comment l’activité « stage » est-elle définie ?

Dans le cahier des charges, nous constatons différentes façons de présenter le contenu du stage à l’élève ingénieur :

Tableau 10 : Les appellations du stage dans le cahier des charges
Page Appellation
1 « Les stages de 2ème année appelés « stage d’application… »
« associer obligatoirement à l’étude technique une observation sur l’organisation et l’environnement humain… »
1 « Ces stages sont en relation directe avec les enseignements dispensés dans cette année d’étude « 
2 « l’élève doit définir précisément le thème du stage après discussion avec le(s) interlocuteur(s) de l’entreprise… »
Il « doit rechercher dans la communauté des enseignants et chercheurs de l’établissement, un tuteur compétent dans le domaine de l’étude envisagée »
Il « effectue avec sérieux la mission confiée »
2 L’élève « rédige un rapport écrit de son travail »
2 « l’entreprise s’assure que le poste prévu est compatible avec les objectifs et la durée du stage »
2 « L’Ecole confie le tutorat de l’étudiant à un enseignant ou à un chercheur compétent dans le domaine de l’étude ».
2 « L’entreprise apporte une évaluation objective sur le travail et le comportement du stagiaire »
2 L’entreprise « attribue une gratification financière liée à la qualité et la quantité du travail fourni, destinée à couvrir au moins les frais du stagiaire. »
3 Pour la restitution demandée orale et écrite, il est demandé à l’élève de présenter le « contexte industriel, contexte du stage, problématique et enjeux du projet  » et de donner « une définition des objectifs de l'étude »

Stage d’application, étude, observation, sujet d’étude, mission, poste sont autant de mots à rattacher dans des registres différents. D’un côté, nous avons ceux de l’enseignement : application, étude, sujet d’étude, observation ; et de l’autre, nous retrouvons ceux de l’entreprise, du professionnel : mission, poste. Nous repérons déjà dans le tableau ci-dessus des premières contradictions en ce qui concerne l’appellation de ce qui doit être fait. Le cahier des charges indique que le contenu du stage est tout aussi bien une étude, une application des enseignements qu’une mission, un poste. Le terme prédominant est «étude » qui est selon le Robert 2006, « une application méthodique de l’esprit cherchant à apprendre et à comprendre », « un effort intellectuel orienté vers l’observation et l’intelligence des êtres, des choses, des faits. » Le prescrit du stage dans le cahier des charges oriente l’activité de l’élève en stage vers un exercice intellectuel d’observation et de compréhension tout en lui demandant de réaliser un travail, une mission, voire même de tenir un poste.

Dans le catalogue des stages de la promotion 2002, la répartition géographique des stages est présentée avec les informations suivantes :

La répartition géographique des élèves montre qu’un tiers trouve un stage en région parisienne, la plupart du temps au siège de grands groupes. Un autre tiers effectue son stage dans les différentes régions de France. Les 13 % en Région Rhône Alpes peuvent s’expliquer parce que l’Ecole est située dans cette région, tout comme le fait que cette région est particulièrement riche en sièges sociaux de groupes industriels. Nous pouvons aussi constater que 28% des élèves font ce stage à l’étranger. Nous observons une similitude entre cette répartition et celle des premiers emplois. La différence se situe sur la part des élèves qui font ce stage à l’étranger, plus importante que la part des jeunes diplômés qui travaillent à l’étranger (10%).

Figure 12 : Répartition géographique des stages de la promotion 2002
Figure 12 : Répartition géographique des stages de la promotion 2002

Les secteurs d’activité des entreprises qui accueillent les stagiaires en 2ème année ont aussi été synthétisés. Nous pouvons observer, dans le schéma ci-dessous, la même diversité que pour les premiers emplois.

Thèmes d’étude du stage :

Figure 13 : Secteurs d’activités des entreprises accueillant les stagiaires de la promo 2002
Figure 13 : Secteurs d’activités des entreprises accueillant les stagiaires de la promo 2002
Tableau 11 : Thèmes d’études du stage 2A de la promotion 2002
Informatique : 17% Physique Industrielle : 5% Industrie nucléaire : 2%
Conduite de projet : 16% Chimie et physique appliquée : 5% Géologie : 1%
Mécanique : 9% Génie des procédés : 3% Biotechnologie : 1%
Mathématiques appliquées : 8% BTP : 3% Autres : 4%
Matériaux : 7% Audit-conseil : 3%  
Environnement : 6% Sécurité, cindynique : 3%  
Qualité : 5% Gestion de production : 3%  

Nous trouvons un mélange de secteurs d’activité, de fonctions et de thème de projets. Les thèmes d’étude sont repérés, dans ce document, en lien avec les enseignements suivis par les élèves dans le cursus (ex : matériaux, chimie et physique appliquée, mécanique, génie des procédés…).

Ces données sont recueillies avant le stage, et non réajustées après celui-ci. L’assistante du service des stages récapitule dans ce document les informations transmises par les élèves dans leur fiche de stage, validée par le tuteur enseignant.

Mais à quoi et à qui servent ces informations ? Difficile à dire… A priori, ces éléments sont recueillis plus par habitude que pour répondre à un besoin particulier. Il n’existe pas de suivi et d’analyse de ces données chiffrées. Les années suivantes, ils ont d’ailleurs été enlevés car considérés comme trop lourds à gérer par l’assistance du service des stages qui réalise les catalogues des stages. Nous pouvons donc conclure qu’une vision globale des stages, à travers ces données (répartition géographie, secteurs d’activité des entreprises, thèmes d‘études) n’est pas, selon l’Ecole, nécessaire à leur fonctionnement. Ces données, qui pourraient servir de références aux élèves, aux tuteurs, sur l’évolution des stages 2A, ou même à la définition de ce que peut être un stage 2A n’existent que partiellement.

Quelle communauté pouvons-nous identifier autour de l’élève?

A partir des mêmes documents, nous avons aussi pu identifier les membres de la communauté concernés par l’activité stage. Elle apparait comme étant composée :

  • des élèves de la promotion 2002, en stage de 2ème année en 2003,
  • des tuteurs -enseignants qui ont suivi des élèves en 2003
  • de l’assistante des stages en poste en 2003,
  • du directeur de la formation en poste en 2003, qui signe les conventions,
  • des entreprises et des tuteurs-entreprise de cette promotion là.

Nous avons noté que la responsable du département Management, responsable pédagogique des stages, n’est pas mentionnée.