3.1 Des contradictions dans le prescrit de cette activité « stage 2A »

Objet du stage et résultats attendus :

Des systèmes qui sont appelés à se contredire :

Dans le prescrit du stage, nous repérons les objets suivants quant à ce que doit être le stage 2A :

L’élève se trouve donc dans la nécessité de gérer les contradictions possibles entre ce peut lui demander l’entreprise et ce qui est attendu de l’entreprise par l’école. Il est aussi confronté à des attendus qui, dans les objectifs du cahier des charges, sont orientés sur son développement personnel et une demande qui est faite à l’entreprise de lui « faire faire quelque chose » qui est au final peu précisé.

Figure 19 : Des objets en contradiction entre systèmes d’activité
Figure 19 : Des objets en contradiction entre systèmes d’activité

L’objet du stage pour l’élève peut donc être résumé selon deux buts contradictoires : réaliser des actions dans l’entreprise et rédiger un rapport à présenter à son retour à l’Ecole.

Travailler sur une étude technique VS découverte du métier et de l’entreprise

Nous avons repérer une contradiction forte, de niveau 1, qui met en tension au moins deux logiques. Travailler sur une étude technique oriente l’activité « stage 2A » vers la contribution à l’activité productive de l’entreprise. Cet objectif incite l’élève à apporter un travail d’expertise technique sur un sujet donné à l’entreprise. C’est ce qui est demandé dans le rapport et la soutenance.

Découvrir le métier d’ingénieur et l’entreprise place l’élève dans une position d’apprenants plus passif qui étudie, au sens de l’étude scolaire. Cette demande peut s’opposer aux règles de l’entreprise qui établit que toute personne doit contribuer à l’activité productive. Ce deuxième aspect est beaucoup moins développé dans les recommandations fournies pour le rapport et la soutenance.

Appliquer des connaissances scolaires VS apprendre sur le tas

L’élève se trouve à gérer la contradiction entre appliquer des connaissances scolaires à travers l’intitulé même du stage (stage d’application) et un discours qui l’invite à avoir « un thème de stage en relation avec les enseignements. A l’opposé, il est aussi incité à apprendre sur le tas, puisqu’il doit observer l’organisation à partir du milieu professionnel. Cette contradiction de niveau 4 oppose deux systèmes d’activité en lien (Enseignement et Entreprise) avec deux logiques d’organisation et de fonctionnement des connaissances très différentes. Pour l’Ecole, l’entreprise est considérée comme un terrain d’application des connaissances scolaires. Or, l’entreprise ne fonctionne pas comme telle, elle a sa façon propre de gérer la production, ses modes propres de gestion des connaissances. Le cahier des charges du stage privilégie clairement la première logique et l’entreprise doit s’adapter à cette logique (« l’entreprise s’assure que le poste est compatible avec les objectifs et la durée du stage »)

Instruments

Outils de gestion administrative du stage VS éléments de cadrage et guidage

Les instruments qui structurent, organisent le système d’activité sont par ordre d’arrivée dans le dispositif, le cahier des charges du stage, la fiche de stage, la convention de stage, la fiche d’évaluation remplie par le tuteur-entreprise. Ces instruments sont orientés essentiellement vers l’organisation administrative de l’activité, avec peu d’éléments sur ce qui caractérise l’activité. Les éléments qui pourraient servir de cadrage et de guidage pour l’élève et les tuteurs sont peu nombreux. Il est seulement évoqué qu’un stage d’application doit être cohérent avec les enseignements reçus et permettre l’application de ceux-ci. Il n’y a pas par exemple de document fourni aux élèves, type carnet de bord ou grille de questionnements comme cela peut exister dans d’autres écoles (ex. ISTP, école d’ingénieurs par alternance). Ces instruments pourraient servir à noter leurs découvertes, guider leur observation.

Règles

Règles de gestion administrative du stage VS règles concernant l’activité de l’élève

Les règles de ce système d’activité prescrit sont en cohérence avec les instruments (cf. point précédent). Elles sont orientées vers la gestion administrative du stage.

Une restitution de stage sur une partie des objectifs

A partir du cahier des charges, nous constatons que le rapport insiste plus particulièrement sur une demande de démonstration de la capacité à appliquer des connaissances.

Or, les objectifs du stage d’application tels qu’énoncés dans le cahier des charges sont en 2003 :

Découvrir le métier de l’ingénieur dans la diversité de ses fonctions et de ses contextesDonner la possibilité d’approfondir, voire de vérifier la pertinence de son projet personnelAppliquer sur un problème industriel les savoir-faire acquis durant le cursus scolaireAssocier obligatoirement à l’étude technique une observation sur l’organisation et l’environnement humainPoursuivre l’entraînement à la communication écrite et orale par un rapport et un exposé des travaux techniques

Le premier objectif présenté est celui de découvrir le métier d’ingénieur. Les informations plus en lien avec l’appellation du stage sur l’application n’arrivent qu’en 3ème position. Le dernier objectif semble accorder une place particulière à l’analyse de cette pratique de stage à travers la soutenance et le rapport.

Cependant, nous avons vu que le cahier des charges du rapport ne demande pas à l’élève de réaliser une présentation de la découverte du métier d’ingénieur, ni de préciser son projet professionnel. La demande institutionnelle pour le rapport porte sur le 3ème objectif : restituer ce qui a été fait pendant le stage. Nous pouvons ainsi noter un écart entre les objectifs affichés et ce qui va être validé dans le rapport et la soutenance.

Nous pourrions penser que l’élève dans son rapport et sa soutenance réalise un retour sur la réalisation de ces objectifs. Le stage est inscrit dans le dispositif de formation mais dans les documents prescriptifs, nous ne retrouvons pas ce qui est préconisé par les instances, comme la CTI ou le CEFI, sur le développement des compétences relationnelles. Nous pouvons donc noter une volonté de cette école d’ingénieurs de s’inscrire dans ce qui est préconisé par les instances des métiers d’ingénieurs en proposant trois stages. Ce stage permet une période en entreprise mais son traitement pédagogique est limité à la restitution d’un rapport et d’une soutenance. Nous notons peu de prescrits orientés analyse de l’expérience et mise en évidence des compétences relationnelles mises en œuvre. Nous retrouvons la contradiction entre restitution de l’étude technique et analyse réflexive sur l’expérience vécue, la découverte du métier, de l’entreprise… Les règles posées poussent nettement plus vers la restitution d’une étude technique.

Division du travail

Démarche active de l’élève pour trouver son stage VS les entreprises envoient des offres.

Dans le premier cas, nous sommes dans un logique très volontariste et active de l’élève qui va l’obliger à s’informer sur les entreprises, leur envoyer un CV, une lettre de candidature spontanée pour démontrer ce qu’il peut apporter à l’entreprise. Dans le second cas, l’élève est dans une position plus passive : c’est l’entreprise qui recherche un ingénieur des mines. L’élève n’a plus à faire ses preuves mais à choisir. Les deux postions sont différentes.

Tuteur-enseignant, simple contrôleur du bon déroulement du stage VS tuteur-enseignant impliqué dans le déroulement de l’étude

Les règles le choix au tuteur-enseignant dans son niveau d’implication qui peut être très léger avec une action plus précise en amont et en aval du stage, mais peu d’obligation d’intervention pendant le stage.

L’élève choisit son tuteur-enseignant VS le tuteur-enseignant choisit son élève VS l’école décide

Le cahier des charges précise que « l’Ecole confie le tutorat de l’étudiant à un enseignant ou à un chercheur dans le domaine de l’étude ». Le prescrit oriente la division du travail vers une responsabilité de l’Ecole de réaliser les binômes mais il n’y a pas d’autres précisions à ce sujet.

Evaluation du stage par le tuteur-entreprise VS évaluation par le tuteur-enseignant : Une évaluation du stage peu définie

Les appréciations sur le stage sont à mettre par le tuteur-entreprise et la note est mise par le tuteur-enseignant. Et le tuteur-entreprise n’est pas obligé d’être là pour la soutenance. L’évaluation du stage, objet du système d’activité pour les deux tuteurs est très peu outillée. Différentes contradictions existent. Chacun a à résoudre ses contradictions : l’élève pour produire un rapport et une soutenance, le tuteur-entreprise pour réaliser l’évaluation du travail de l’élève et le tuteur-enseignant pour mettre la note finale au stage.

Si nous revenons sur les éléments qui existent autour de l’évaluation du stage, nous savons que l’évaluation était au cœur d’un certain nombre de contradictions.

Nous les avons schématisées de la façon suivante :