6.4.2 La vision de l’ingénieur formé à l’Ecole par le tuteur-enseignant 2

Cet enseignant identifie l’ingénieur formé à l’ENSM-SE, comme un jeune qui peut vendre facilement son diplôme et qui sera reconnu par ses pairs pour ses qualités d’adaptation et ses méthodes de travail.

« On a des moyens, des moyens de faire du travail, des moyens expérimentaux, de prendre un problème en entier et puis, bon… après on a une formation, donc c’est cette formation-là qu’on vend quoi… « je sais faire ça voilà, je connais un tel et un tel… et puis un tel et un tel peuvent être connus et donc à ce moment-là »… c’est aussi une bonne bourse…avec des gens qui se connaissent et qui peuvent dire qu’est-ce qu’il vaut ce garçon là... »

Extrait 53 : entretien tuteur-enseignant 2

Le réseau créé grâce à la formation est, pour l’ingénieur diplômé, tout autant un atout que les enseignements reçus.

Le tuteur-enseignant 2 définit l’ingénieur formé en énumérant les matières enseignées, en commençant par les matières techniques, pour élargir vers les langues et le management, qui sont considérés comme indispensables. La formation conduit l’élève à devenir un ingénieur généraliste, avec une bonne culture générale, capable de s’adapter et d’évoluer.

‘« Ce qui fait des gens qui ont une culture relativement large et qui peuvent s’adapter à pas mal de problèmes. Pour moi, on dit ce sont des généralistes, des généralistes, pour moi, ça veut rien dire, puisqu’un ingénieur doit pouvoir traiter des problèmes précis, pour un métier précis… Il changera de métier. Il aura pris deux ans ou trois ans pour apprendre son premier métier ; quand il faudra apprendre un deuxième métier, il lui faudra, on lui donnera peut-être six mois. Et après il faudra qu’il change de métier en huit jours, s’il change de métier. Il faudra forcément s’adapter très rapidement. Ça c’est une connaissance de base qui permet de dire avec une certaine sérénité : « je suis capable de m’attaquer à un autre domaine ». Parfois c’est un peu prétentieux aussi mais on a vu un certain nombre de choses donc on doit pouvoir s’adapter. » ’

Extrait 54 : entretien tuteur-enseignant 2

Etre ingénieur est finalement moins un métier qu’une capacité à exercer différents métiers dans le temps.

Le tuteur-enseignant 2 regrette la tendance récente des jeunes diplômés qui est de commencer par être consultant.

« ce que je trouve le plus dommage… c’est les jeunes qui sortent de l’Ecole et qui vont faire consultants, des trucs comme ça, parce que bon… c’est pas bien rigolo. C’est des travaux de vieux, pour moi.”

Extrait 55 : entretien tuteur-enseignant 2

Un ingénieur-consultant doit pouvoir s’appuyer sur une longue expérience de terrain préalable. Commencer par une activité de ce type ne permet pas de se constituer une suite d’expériences réellement valorisables. Les débouchés possibles après l’Ecole psont définis en termes de secteurs d’activité et non en termes de métiers. Les emplois sont pour lui en lien direct avec l’option suivie :

‘« Mais à l’époque, ce type de métiers dans l’industrie lourde, c’était très clair, et donc très clairement identifié… Moi j’ai des tas de collègues de ma promo, celle d’avant ou celle d’après qu’on va retrouver dans les aciéries, qu’on va retrouver dans les laminoirs, donc dans des métiers assez ciblés.… y en avait beaucoup, peut-être un tiers des gens qui suivaient l’option métallurgie qui allaient dans l’industrie sidérurgique… ».’

Extrait 56 : entretien tuteur-enseignant 2

Pour ce tuteur-enseignant, le parcours type du jeune diplômé passe par une phase en industrie, à n’importe quel poste en lien avec la production, pour se confronter au management et ensuite, progressivement, prendre des responsabilités de direction.

‘« Les mecs quand ils allaient sortir de là, celui qui allait travaillé à la mine, ils avaient six cents bons hommes sous leurs ordres… y avait l’instruction militaire obligatoire pour être sous-lieutenant pendant le service militaire ; c’était aussi aller dans cette même démarche, un même objectif, ils apprenaient quand même le fonctionnement de tous les appareillages qu’on trouvait au fond de la mine, un peu de géologie, ils apprenaient un peu des techniques de façon à pouvoir discuter avec les… mais ils apprenaient aussi les diagrammes, ils essayaient de comprendre les décisions qu’on retrouve maintenant… »’

Extrait 57 : entretien tuteur-enseignant 2