7.3 Rôle du tuteur-enseignant dans le développement de l’élève

L’élève choisit son tuteur-enseignant de manière cohérente, sur la base d’une vision partagée du métier d’ingénieur. L’élève 1 et le tuteur-enseignant 1 partagent leur vision novatrice de l’ingénieur ; l’élève 2 et le tuteur-enseignant 2 ont une conception semblable de l’ingénieur traditionnel.

Pour ce qui est de l’accompagnement, dans le cas de l’élève 1, le tuteur-enseignant intervient essentiellement à deux moments autour du stage : pendant le stage et après le stage lors de la soutenance. Le tuteur-enseignant 1 indique à l’élève les caractéristiques de ce qui lui est demandé par mèl pour réaliser son suivi. De même, il réduit les degrés de liberté en laissant peu de marge de manœuvre sur ce qui est à faire. Et enfin, le tuteur-enseignant peut donner des modèles de solution à l’élève et ainsi réaliser des démonstrations. Mais, a priori, l’élève 1 ne perçoit pas l’intérêt de ce travail de points réguliers ; tout comme le tuteur-enseignant ne pourra pas constamment maintenir l’orientation vers l’objectif défini par manque de temps. De même, les retours trop peu nombreux du tuteur-enseignant 1 font même penser à l’élève 1 que ce qu’elle envoie n’est pas forcément lu.

Ainsi, nous pouvons dire que les six fonctions d’étayage ne sont pas remplies par le tuteur-enseignant 1 dans ce cas-là. Nous pouvons alors penser que l’étayage n’est pas posé afin de servir d’appui à l’élève 1 pendant le stage. Ceci n’incite pas l’élève 1 à aller plus en avant sur l’analyse de sa pratique à travers le rapport et la soutenance. Dans ce cas là, nous ne retrouvons pas d’accompagnement, de cheminement commun pendant la durée du stage entre le tueur-enseignant 1 et l’élève1. Cependant, lors de la soutenance, c’est bien le tuteur-enseignant qui note l’élève, ce qui permettra (ou non) le passage en 3ème année par la validation du stage d’application. Le tuteur-enseignant serait donc bien le passeur qui autorise l’élève à poursuivre sa formation vers le métier d’ingénieur.

Dans le cas de l’élève 2, nous retrouvons la même configuration sur l’accompagnement. Cela s’explique par un tutorat-école qui est construit par les deux élèves et par les tuteurs-enseignants comme une présence « au cas où », un soutien en cas de problème. La relation de tutelle telle que définie par Bruner (1991) pourrait peut-être exister avec le tuteur-entreprise dans la gestion quotidienne de l’activité, pendant le stage.

Le système prévoit l’activité stage avec une vision globale de la tâche à réaliser. Cela se traduit par une validation globale en amont du stage, un enrôlement dans la tâche à travers la discussion autour de la fiche de validation du stage, un suivi lointain par mèl et une validation finale par la restitution et l’évaluation du rapport et de la soutenance par le tuteur-enseignant. Mais le tutorat est réalisé au niveau de l’activité globale et non au niveau de l’action.