2.1 Le manuel comme représentant social et culturel

Le rôle du manuel comme un outil de représentation des sociétés et des cultures de la langue cible est significatif. Il est considéré au même temps comme un outil d’accès démocratique et d’éducation à la citoyenneté, vu qu’il est présent dans tous les foyers, mais qui a une fonction civique de faire apprendre aux gents ce qui concerne la vie en société. Comme l’affirme Rocher (2007 : 23),

« On lui demande même de contribuer à corriger les préjugés et stéréotypes trop courants dans nos sociétés. On exige qu’il ne soit ni raciste, ni sexiste, ni fondamentaliste, ni intégriste, ni exclusiviste. Et comme nos sociétés sont engagées dans des mutations successives, le manuel se retrouve dans la position sans doute peu confortable de devoir être en même temps un miroir de la société mais aussi un verre correcteur pour ses jeunes utilisateurs. »

Il est clair, ainsi, la responsabilité des concepteurs des matériels et la conséquente importance de l’existence d’un certain contrôle qualificatif de ce qui est conçu. Pendant cette conception, la législation de chaque pays doit être prise en considération, et c’est cette réglementation de l’État qui légitime un manuel à travers des mécanismes de vérification de la qualité scientifique et pédagogique du matériel, spécialement concernant des aspects moraux, étiques, esthétiques ou sociaux. Comme l’affirme Shapiro (2007 : 84), ‘ « Le rôle premier de l’école ou d’un manuel scolaire, en ce qui a trait à l’éthique, est de contribuer à former des citoyens moralement, éthiquement et intellectuellement autonomes. » ’Ainsi, il existe une réglementation de la production des manuels, établit justement pour éviter les manuels des préjugés sexistes, des stéréotypes, etc.

L’extension de l’utilisation du manuel, et sa conséquente importance, est due aussi à une démocratisation du système d’enseignement aperçu dans tous les pays, qu’il soit développé ou non. Il se présente, de cette forme, comme le premier des livres et représente pour certains le seul moyen d’accéder à la culture de l’écrit, qui est généralement associé aux classes riches et moyennes.

De cette idée devient aussi une autre fonction du manuel, celle de promouvoir l’insertion sociale de l’apprenant, en contribuant à que la jeunesse accède à une culture commune de manière ouverte et démocratique. Cet accès peut être lié à la culture de son propre pays, en diminuant les différences sociales, où à la culture d’un autre pays, comme c’est le cas des étudiants d’une langue étrangère quelconque et du français plus spécifiquement, dans le cas que nous analysons dans cette étude.

L’accès à la connaissance culturelle est un défi important de l’enseignement. Il présuppose un changement dans la manière de voir sa propre réalité à partir de la réalité de l’autre. Cette posture développe chez l’apprenant une position critique par rapport à son apprentissage et à ses connaissances, en exigeant une attitude autonome de l’apprenant. Selon Shapiro (2007 : 84),

« L’objectif premier d’un manuel scolaire, d’une école ou d’un système scolaire n’est pas nécessairement d’inculquer des connaissances aux individus, mais plutôt de développer l’esprit critique chez les jeunes, de leur faire prendre conscience de ce qu’il savent et de ce qu’ils ne savent pas, puis de les amener à faire ce qu’il faut pour acquérir le savoir et les connaissances qui leur seront nécessaires. »

L’esprit critique dont parle l’auteur est une forme de motiver chez l’apprenant une attitude autonome, où il apprend à s'en servir et à se documenter, spécialement dans des situations dehors de l’école, dans ce que Brousseau appelle une situation a-didactique. La conscience de ce qu’il connaît, mais encore plus, de ce qu’il ne connaît pas, fait qu’il soit plus motivé à chercher ce qu’il manque, afin de remplir le vide aperçu. Le manuel permettrait donc cette compréhension, en agissant de manière déterminante dans le développement l’autonomie de l’apprenant.