2. Les relations motivationnelles en classe de langues étrangères

Comprendre la motivation, dans n’importe quel domaine, est une tâche complexe. On ne trouve pas, même parmi les spécialistes de la cognition, une explication commune et acceptée par tous ou qui puisse englober tous les différents facteurs qui nous semblent appartenir à ce thème. Quand on déplace donc le thème à une autre discipline, comme dans le cas de la Didactique de Langues Étrangères, cette complexité s’amplifie.

Par contre, les chercheurs ont quand même des consensus à propos de la motivation. Pour eux, la motivation est conçue comme quelque chose de dynamique, dont les sources se situent dans l’environnement social de l’apprenant, ou autrement dit, dans les interactions entre l’individu, ses pairs et les différents éléments pédagogiques. Les recherches actuelles utilisent comme base théorique, fondamentalement, les modèles sociocognitifs, qui considèrent que le comportement est dirigé par des facteurs internes, mais qui ont leur origine dans l’environnement.

Une des plus graves erreurs conceptuelles qu’on a concernant la motivation dans l’acquisition de langues est de croire qu’une classe motivante est une classe pleine de jeux et amusements, faite pour « distraire » l’apprenant pendant son processus d’apprentissage. Cette vision apporte l’idée négative qui est apprendre une langue est toujours un processus dur et pénible, exigeant des amusements constants. Sans nier la difficulté des tâches cognitives impliquées dans l’acquisition, l’étude de la motivation dans l’enseignement de langues étrangères est préoccupée avec des questions plus profondes et d’autre nature : l’apprentissage d’un individu motivé est plus efficace ou différent de ceux d’une personne non motivée ? Quels facteurs interviennent dans la motivation de l’apprenant ? Existe-t-il un type de motivation « meilleur » pour l’apprentissage de langues ? Le professeur, sa méthodologie ou les activités de classe peuvent-ils changer le niveau motivationnel de l’individu ?

Les chercheurs semblent être d’accord pour affirmer que la motivation est une composante clé dans l’apprentissage. Le développement des études dans ce domaine peut être expliqué par la complexité et la richesse du sujet, qui doit prendre en considération un grand nombre de facteurs et variables, ainsi que l’interdisciplinarité entre les études en didactique et acquisition de langues et en psychologie. Parmi ces variables, Gardner et Lambert (1972) citent les techniques d’enseignement, sans entrer précisément dans ce sujet.

Celui n’est pas le cas des chercheurs actuels comme Viau (1994, 1999), Williams et Burden (1999) ou Dörnyei (2000, 2001). Pour eux, il existe une intention du professeur pour motiver ses apprenants, en essayant de créer chez eux une attitude favorable et positive à l’apprentissage du contenu donné ou en changeant une attitude initialement neutre ou négative de l’apprenant par rapport à la langue à une autre, en une attitude plus positive.

Keller (1983) affirme que la motivation fait référence aux décisions que les personnes prennent par rapport aux expériences ou buts qu’ils veulent atteindre ou éviter, ou vers le degré d’effort qu’ils vont dépenser pour accomplir une activité. Par contre, il faut déterminer l’origine de cette motivation, quels sont les facteurs que la stimulent et, en plus, comment la maintenir. La réponse à ces questions est d’une extrême importance pratique, car l’identification des facteurs pourrait ouvrir les portes de l’efficacité pour motiver.

Entreprendre des recherches sur le thème de la motivation n’est pas une tâche simple ou évidente car motivation est un terme abstrait qui fait référence à une grande diversité de processus mentaux (internes) et difficile à observer, ce qui rend complexe l’établissement d’un outil ou instrument qui puisse évaluer ou mesurer la motivation chez l’individu. Les résultats obtenus par ces instruments doivent donc être lus comme subjectifs, même si cette subjectivité est contrôlée.

On doit aussi prendre en considération les caractéristiques multidimensionnelles de la motivation, c’est-à-dire, le fait qu’elle ne peut pas être représentée par une simple mesure ; la focalisation d’un point spécifique de la motivation est possible, mais le chercheur (ou le professeur) doit considérer ses résultats comme une partie de la problématique motivationnelle. Enfin, la motivation possède une nature instable et subit constamment l’influence des variables internes et externes à l’individu, ce qui doit aussi être analysé et pris en compte au moment de la lecture des données fournie par l’instrument.

Au-delà de ces problèmes qui mettent le doigt sur l’aspect partiel et partial de toutes les données, plusieurs outils ont déjà été mis en place pour l’analyse des différentes variables de la motivation et ils ont permis d’obtenir des résultats assez précis. Ces outils, en ce qui concerne l’apprentissage d’une langue étrangère, ont généralement pour but d’analyser la motivation de l’apprenant, en tant qu’élément principal de l’apprentissage, ou le professeur, en tant que médiateur du processus. Par contre, les recherches qui visent à détecter le rôle du manuel ou des activités pédagogiques utilisés par le professeur en classe de langue sont rares et, par conséquent, on connaît mal leur influence comme variable motivationnelle chez l’apprenant.