2.1 La motivation du professeur

Il est impossible de nier l’importance du professeur en ce qui concerne la motivation des apprenants. Il n’est pas rare de rencontrer des apprenants qui, au moment d’affirmer les raisons que lui font aimer son apprentissage de la langue, affirment adorer les classes principalement à cause de l’enseignant, à travers des raisons multiples comme son enthousiasme ou sa compétence, ainsi que sa motivation au travail ou sa capacité d’accroître la motivation des apprenants.

Par contre, ce même enseignant peut également être le responsable de la démotivation souvent perçue chez les apprenants et les raisons pour cela sont aussi multiples, comme le fait qu’il n’est pas motivé, qu’il n’aime pas son travail, qu’il commet des injustices ou qu’il a des préjugés à l’égard de certains élèves, qu’il se concentre uniquement sur la matière ou même qu’il traite ses apprenants comme des enfants. Pour bizarre que puisse paraître cette dernière caractéristique, elle est très fréquente chez les enseignants, même chez ceux qui travaillent avec des adultes.

Un facteur important à considérer donc est le comportement de l’enseignant devant sa classe et ses apprenants. Il est en fait le résultat des perceptions qu’il a en situation d’interaction en classe, à partir de ce qu’il perçoit comme des attitudes positives ou négatives des apprenant par rapport à l’apprentissage et aux situations en salle. Selon Viau (1999), « en effet, un très grand nombre d’études ont montré que des professeurs tendent inconsciemment à négliger les élèves qu’ils perçoivent comme faibles et à s’occuper surtout de ceux qu’ils estiment intelligents et motivés. » (Viau, 1999 : 27) Même si les attitudes du professeur sont inconscientes, elles sont naturellement aperçues par les apprenants qui peuvent se sentir engagés ou au contraire totalement écartés des activités en classe et par conséquent de son processus d’apprentissage.

Il est important de souligner que ces comportements du professeur sont en grande partie une réponse à ce qu’il perçoit en classe, comme résultat de l’interaction entre lui et les apprenants. Son objectif premier est sans doute l’apprentissage de ses apprenants et pour cela il s’utilise des connaissances concernant le processus d’acquisition à fin de faciliter le progrès de l’apprenant et d’augmenter sa motivation. Pour Alonso (1991), l’importance de la qualification du professeur est ici soulignée. Il doit connaître les différents aspects du processus d’enseignement/apprentissage pour qu’il puisse orienter l’apprenant de la manière la plus productive possible.

Ainsi, pour que la motivation des apprenants augmente ou se maintienne positive, leur attitude et celle de l’enseignant doivent être aussi positive ou, au moins, perçue comme telle, créant une ambiance favorable à une participation effective de tous dans le processus d’enseignement/apprentissage. Les stratégies utilisées pour cela sont très variées, de la même forme que son efficacité, mais elles sont toujours présentes en classe.

La détermination de ce qui est ou non motivant pour l’apprenant est très subjective et généralement une fonction de l’enseignant. Pour prendre cette décision, il se base, au-delà des connaissances particulières du processus d’apprentissage comme nous avons vu auparavant, sur les caractéristiques de son groupe d’apprenants en particulier, ainsi qu’en les consultant dès que possible.

Pourtant, habituellement les jugements sont basés sur les représentations qu’ont les enseignants de ce qui est ou non motivant à ses apprenants. Même si les stratégies des enseignants sont très diversifiées (des jeux de rôles, des activités fondées sur des aspects ludiques, de la culture à travers des chansons, des films, des bandes dessinées, des textes touristiques, de la littérature, entre autres), elles sont souvent basées sur l’idée que tout ce qui est lié à l’amusement est forcément intéressant.

Comme nous verrons plus tard dans cette étude (cf. Chapitre 7), ces attitudes du professeur, si elles ne sont pas bien dosées, peuvent provoquer en effet des réactions à l’inverse chez l’apprenant, avec des proportions parfois importantes, à tel point que l’enseignant peut rester sans réaction devant les apprenants en classe. On aperçoit donc que la limite entre ce qui est motivant ou non chez l’apprenant est fine et la connaître est un facilitateur du travail de l’enseignant.

Considérant que la situation est très subjective, même avec toutes les intentions de l’enseignant de ne faire que ce qu’il considère comme le mieux pour ses apprenants, ce jugement est complexe et sa certitude vient seulement après la compréhension des réactions des apprenants en classe en situation d’interaction. C’est dans ce moment qu’ils montreront leur niveau d’intérêt et de motivation par rapport au travail du professeur.

Cependant, l’étude de la motivation chez l’apprenant est assez compliquée et provoque toujours des réactions divergentes parmi les chercheurs des domaines différentes, spécialement à cause de son caractère pluriel, qui englobe la psychologie, la neurologie, l’éducation, la didactique et, particulièrement dans notre cas, la linguistique. Ainsi, nous allons vérifier ensuite l’influence et le processus de motivation chez les apprenants, ainsi que sa relation par rapport aux matériels didactiques et aux activités qu’il est possible de travailler en classe de langues étrangères.