2.2 La motivation des apprenants

Parmi toutes les recherches sur le thème de la motivation, il n’y a pas de doutes que dans leur grande majorité elles ont comme intérêt la compréhension de ce qui se passe chez l’apprenant en face de son apprentissage, soit avant de prendre la décision d’étudier, soit pendant la durée de ses études. Fondamentalement, on distingue deux types de motivation dans l’acquisition d’une langue étrangère, désignées par Gardner et Lambert (1972) dans leurs études comme instrumentale et intégrative, aussi nommées par d’autres chercheurs comme extrinsèque et intrinsèque consécutivement.

La motivation instrumentale ou extrinsèque est caractérisée par le désir de l’apprenant d’obtenir une reconnaissance sociale ou des avantages économiques à travers l’apprentissage d’une langue étrangère. Ce type de motivation est généralement caractérisé par le désir d’obtenir quelque chose de pratique ou de concret par l’étude de la langue cible, comme, par exemple, réussir des examens à l’université, accroître ses chances de trouver un emploi, obtenir une augmentation de salaire, pouvoir se former par la lecture dans une langue étrangère, traduire des travaux, etc.

Par contre, la motivation intégrative ou intrinsèque est caractérisée par les attitudes positives face aux locuteurs de la langue cible, comme le désir d’intégration ou l’envie de les connaître. Déménager dans une nouvelle communauté, dans un nouveau pays, par exemple, caractérise une motivation intégrative, élément clé qui aide l’individu à développer sa maîtrise de la langue, en devenant un de ses membres « compétents ». Pour les auteurs, même si les deux types de motivations sont des éléments essentiels pour le succès, c’est la motivation intégrative qui soutient le mieux à long terme l’apprentissage d’une langue étrangère.

Dans leurs études, la motivation instrumentale apparaît quelquefois comme un facteur significatif, alors que la motivation intégrative est continuellement liée au succès dans l’apprentissage de la langue étrangère. Pour Brown (1988),

« ... both integrative and instrumental motivation are not necessarily mutually exclusive. Learners rarely select one form of motivation when learning a second language, but rather a combination of both orientations. He cites the example of international students residing in the United States, learning English for academic purposes while at the same time wishing to become integrated with the people and culture of the country. » 19 (Brown In : Norris-Holt, 2001, Online)

Pour Gardner et Lambert (1972), l’apprenant qui a une orientation instrumentale peut avoir le même degré de motivation qu’un apprenant qui a une orientation intégrative. Mais ils croient que ceux qui ont une orientation intégrative maîtriseront mieux la langue étudiée.

Par contre, la plus grande difficulté trouvée par les chercheurs est la détermination exacte de cette motivation, c’est-à-dire, comment préciser qu’un apprenant est motivé dans son apprentissage ? Il est plus simple de présupposer qu’il est motivé à commencer l’apprentissage d’une langue étrangère, par exemple, vu qu’il doit aller à une école de langues, s’inscrire, payer le cours, etc. Ces attitudes sont liées sans doute à une volonté d’apprendre, mais comment déterminer qu’il est engagé pendant ses études, au moment du cours lui-même ?

Rivière (2005 : 98) répond cette question en affirmant que

« Se mettre au travail en classe, c’est s’orienter vers un but commun, apprendre/enseigner la langue par le biais d’enjeux de communication, d’activités d’apprentissage. Pour Goffman, « être impliqué dans une activité […] signifie y maintenir une certaine attention intellectuelle et affective, une certaine mobilisation des ressources psychologiques » (1981, 270). »

Selon l’auteur, l’engagement de l’apprenant peut être vérifié donc par plusieurs attitudes intellectuelles et affectives sur le plan interactionnel, discursif et actionnel, à partir des postures physiques – gestuelle, orientation du regard, orientation du corps –, des activités cognitives – concentration intellectuelle, écoute active, rappel de connaissances antérieures et construction de connaissances -, du maintient d’une relation interpersonnelle – positions taxinomiques, gestion des faces -, d’une obligation réciproque de produire la parole et de l’occupation de rôles participatifs et praxéologiques.

De cette forme, ils seront précisément ces caractéristiques qu’on cherchera chez les apprenants des groupes analysés dans le corpus pour préciser les réactions des apprenants par rapport à ce qu’ils ont comme activités pendant leurs séances de français, ainsi que les questionnaires qu’ils ont complété, afin de découvrir si ce que les enseignants considèrent comme motivant l’est vraiment aux yeux des apprenants, les principaux intéressés du processus.

Notes
19.

« les motivations intégrative et instrumentale ne sont pas nécessairement mutuellement exclusives. Les étudiants choisissent rarement une forme de motivation en apprenant une deuxième langue, mais plutôt une combinaison des deux orientations. Il cite l'exemple des étudiants internationaux résidant aux Etats-Unis, apprenant l'anglais pour l'universitaire tout en même temps souhaitant s’intégrer avec les personnes et la culture du pays. »