Images

Il est indéniable que les livres illustrés sont plus attractifs et attirent plus l’attention de l’apprenant au contenu et son appréhension, mais la contribution plus importante d’un élément graphique pour les manuels est sans doute lié au fait qu’il doit aider l’apprenant dans la compréhension du message. Pour que cela soit accompli de forme efficace, il ne doit pas avoir un simple caractère décoratif, mais au contraire, il est indispensable qu’il soit illustratif, agissant comme un complément du contenu textuel.

Cette relation entre l’image et le texte est un élément fondamental d’un livre dont la fonction est essentiellement pédagogique. Dans un texte avec des objectifs didactiques, l’iconographie peut développer plusieurs fonctions différentes, comme couper le rythme fatigant des textes trop longs, par exemple, rendre l’idée présentée dans le texte mieux accessible à l’apprenant ou, au contraire, lui donner la possibilité de considérer d’autres réflexions sur le thème. Comme l’affirme Belmiro (2000),

« Tratada como ilustração, a imagem tem a importância de ajudar na visualização agradável da página. Se há textos muito longos, ela serve para quebrar o ritmo cansativo da leitura. Além disso, ela pode sugerir leituras, apoiá-las do ponto de vista do enredo, construir formas, personagens, cenários, enfim, compor, junto com o texto verbal, um horizonte de leitura. » 38 (Belmiro, 2000 : 23)

Cette vision considère donc l’image comme un document qui doit aussi être lu et entendu par l’apprenant, en l’aidant dans la compréhension du message. Par contre, cette lecture n’est pas aussi simple que l’on imaginer. À l’école, on apprend à lire des textes, mais non des images, avec tous leurs aspects techniques comme leur position dans la page, la couleur utilisée, leurs composants, etc. Il n’est pas commun que les personnes sachent ou aperçoivent que les occidentaux nous « lisons » une image en diagonale, de la partie supérieure gauche à l’inférieure droite et que c’est exactement dans cette région qu’il faut apparaître les informations fondamentales. Ce qui est secondaire doit rester donc dans la région supérieure droite ou inférieure gauche de la feuille.

« Biologicamente, a vista humana tende sempre a caminhar, numa página impressa, da seguinte forma: de cima para baixo, da esquerda para a direita. Sendo assim, classifica o lado superior esquerdo de Zona Óptica Primária (ZOP) do impresso. A descida, na diagonal, para a esquerda, de áreas de maior percepção visual, ou seja, a área que o leitor privilegia precisa conter elementos de informação importantes, porém nas demais áreas, onde ocorre um menor foco visual, é que o designer deve ter a preocupação à sua valorização e aproveitamento. » 39 (Collaro, 2000 : 143)

De ce fait, l’image devient quelque chose d’intuitif pour la grande majorité des apprenants, ainsi que pour les professeurs, ce qui peut signifier une possibilité de travail en classe toujours peu exploitée pédagogiquement. Cependant, dans la société actuelle, inondée par les nouvelles technologies d’information et de communication, le contact des individus avec une variété énorme d’images a fait que l’intuition pour la lecture et compréhension de ces éléments soit chaque fois plus facile et plus agile, obligeant une adaptation des publications aux nouvelles exigences du public cible, prenant en considération des facteurs comme les couleurs qu’y seront utilisées.

Les nouvelles technologies et l’accès constant aux images ont apporté, par contre, un excès d’informations iconographiques qui peut banaliser et confondre notre perception. On a besoin d’images simples pour comprendre l’information essentielle d’une représentation et la tendance à l’utilisation excessive de ces éléments donne des résultats contradictoires, occultant parfois même les objectifs voulus avec son emploi. Il est impératif donc qu’on trouve un équilibre entre le discours esthétique et le discours pédagogique présents dans le manuel. Si l’esthétique est valorisée actuellement dans différents niveaux de la société, dans le cas d’un manuel est l’information et la connaissance qui doivent avoir la priorité.

Pourtant, l’obligation sentie par les éditeurs d’ajouter des images dans les matériels pédagogiques, en spécial dans les manuels, s’explique par le caractère motivationnel que l’élément graphique possède. Il attire l’attention du lecteur et donne au texte une propriété de véracité, approchant l’apprenant de la situation que lui est présentée. Ce rapprochement, comme nous avons déjà signalé, est un facteur motivationnel car l’individu aperçoit l’information comme réelle et possible d’être utilisée ; par conséquent, si elle est utilisable, cela justifie son enregistrement dans la mémoire et possiblement son futur apprentissage.

Ainsi, une image est-t-elle généralement perçue comme analogue, similaire à la réalité et cela est encore plus vrai quand cette image est une photo, à la place d’un dessin. Elle devient l’expression maximale de la réalité et l’élément iconographique apparaît donc comme une possibilité d’interaction, de liaison sociale, établissant une connexion avec le quotidien. Cette différence explique la tendance d’utilisation de dessins dans les livres pédagogiques pour les jeunes et des photos pour les adultes, qui ont la nécessité de percevoir les images de manière plus concrète.

Dans le manuel de langues étrangères, cette connexion avec le quotidien apporte un élément plus complexe. Toute image exprime des références culturelles et doivent être identifiées comme telles. Mais quand cette référence est méconnue, elle provoque chez l’individu un sentiment d’étrangeté qui doit établir un nouveau répertoire d’informations concernant la culture qu’il commence à découvrir. Si un même type d’image lui apparaît de forme constante, l’individu crée ce qui est connu comme « stéréotype40 », c'est-à-dire, une opinion utilisée de manière généralisée concernant dans le cas des langues étrangères, tous ceux qui font partie d’une société déterminée.

Considérant le manuel analysé pour cette recherche, malgré sa destination à un public cible formé par de grands adolescents et adultes, on voit une prépondérance d’illustrations par rapport à l’utilisation de photos, où les premiers apparaissent dans la presque totalité des situations. Cela apporte au matériel un caractère jovial, parfois même moderne, spécialement car les dessins sont faits de manière un peu stylisée.

Par contre, l'emploi de photos est fait dans des moments bien spécifiques, généralement au début de chaque unité et dans la rubrique titrée « Interculturel ». Ces choix ne sont pas faits au hasard et témoignent de l’intention de rapprocher l’apprenant de la réalité culturelle de la langue qu’il apprend. Au début de l’unité cela conduit l’apprenant à croire dans l’application concrète des connaissances et situations qui seront travaillés à la suite. Au début de l’unité 6, par exemple, dont le thème est « boutiques et achats », figure dans la presque totalité de la page une grande photo des Galeries Lafayette, à Paris, ce qui introduit l’apprenant dans ce qui sera discuté au courant de l’unité, au même temps qu’il présente un des plus fameux magasins de Paris, où les premiers dialogues sont mis en contexte. Dans la rubrique « Interculturel » de la même unité, le thème « les Français et la mode » est la toile de fond pour discuter la signification de ce qui est le monde de la mode pour les Français, en exposant à travers de photos les styles de s’habiller le plus divers.

Notes
38.

« Traitée comme illustration, l'image a l'importance d'aider dans la visualisation agréable de la page. S'il y a des textes très longs, elle sert pour casser le rythme fatigant de la lecture. En outre, elle peut suggérer des lectures, les soutenir du point de vue de la trame, construire des formes, des personnages, des scénarios, enfin, composer, conjointement le texte verbal, un horizon de lecture. »

39.

« Biologiquement, la vue humaine tend toujours à marcher, dans une page imprimée, comme suit : de fond en comble, de la gauche pour la droite. Ainsi, classe-t-il le côté supérieur gauche de Zone Optique Primaire (ZOP) de la page. La descente, dans la diagonale, pour la gauche, de secteurs de plus grande perception visuelle, c'est-à-dire, le secteur que le lecteur privilégie doit contenir des éléments d'informations importants, néanmoins dans les autres secteurs, où se produit un aspect visuel plus petit, c'est que le designer doit avoir la préoccupation de le valoriser et l'exploiter. »

40.

« Récemment, les stéréotypes ont été définis comme des croyances sur des attributs typiques d'un groupe, qui contiennent des informations non seulement sur ces attributs, mais aussi sur le degré avec lequel tels attributs sont partagés. » (Pereira, 2002 : 45)