1.2 Données des groupes analysés

Le corpus de cette étude est formé des données prises de différentes manières, comme nous le verrons par la suite. L’objectif avec cette diversité est le croisement de données, pour renforcer ou questionner les informations fournies par une des parties, mais aussi pour pouvoir percevoir exactement de quelle manière le professeur concrétise cette transposition didactique, en passant des méthodologies et activités qui sont dans un niveau toujours théorique à une pratique en classe de langues étrangères au Brésil.

De la même façon que cette transposition didactique n’est pas facile à accomplir, la différence entre ce que le professeur veut faire dans ses classes et ce qu’il fait effectivement est aussi difficile à percevoir, en particulier pour lui-même, et même s’il réussit à le percevoir, il y aura sans doute aussi une différence entre son opinion et celle des apprenants, comme nous le montre Bouchard (à paraître) :

‘« Ajoutons que dans le cas d’une interaction asymétrique comme l’interaction didactique on peut postuler au moins deux perspectives, celle du professionnel-organisateur et celle des élèves, voire même plusieurs perspectives différentes entre les élèves, perspectives attestables par les différences de compte-rendu qu’ils peuvent faire d’une même « séance » d’enseignement. »’

De cette manière, la diversité de sources cherchée dans cette étude est en réalité une manière d’avoir les moyens pour visualiser de plus loin et, par conséquent, avec plus de clarté ce qui se passe dans l’univers des classes de FLE au CELIN. Nous avons donc proposé aux enseignants et aux apprenants leur collaboration à partir des instruments suivants :

Malgré la grande quantité d’enseignants qui composent actuellement l’équipe de français du CELIN, à l’époque de la prise de données pour cette étude, en 2004, le groupe était un peu réduit, ce qui nous a permis d’avoir une quantité de 10 questionnaires et tableaux organisationnels remplis. Cela représentait la presque totalité du groupe de français et se montre comme un échantillon représentatif de ce qui se pratiquait au CELIN à ce moment-là. Ainsi, les résultats que nous avons obtenus dans cette étude expriment la réalité du Centre de Langues, ce qui fait apparaître de manière généralisée la position des professeurs et apprenants brésiliens de français langue étrangère.

Le profil des enseignants est vaste et compte en même temps des professionnels expérimentés et d’autres qui viennent de finir leur licence, permettant ainsi une vision ample des pratiques des classes. A une exception près, tous les professeurs enseignent exclusivement le français. Une grande majorité fait partie à l’association professionnelle de l’Etat du Paraná. Le fait que le Centre de Langues soit rattaché à l’Université Fédérale du Paraná justifie aussi que presque 100% des professionnels soient formés par cet établissement ou par une combinaison d’études à l’Université et à l’Alliance Française. Cette formation nous permet de présupposer qu’il existe ainsi une connaissance chez les enseignants des aspects théoriques liés à la linguistique et à la didactique des langues, ce qui n’est pas forcément une réalité de l’enseignement des langues hors de l’Université, dans des centres de langues privés, cas même de l’Alliance Française.

Nous verrons aussi dans les données des groupes qu’ils ne correspondent pas exactement aux mêmes unités que celles du manuel, autrement dit, nous n’avons pas restreint notre corpus à un seul niveau ou au travail avec une seule unité. Cette résolution a été prise en tenant compte du fait que la structure sur laquelle le manuel est élaboré se présente de la même façon dans n’importe quel moment de l’apprentissage ; l’analyse de ces différents moments nous paraît donc aussi intéressante, ainsi que fiable.

En ce qui concerne les apprenants, les questionnaires ont été, en conséquence, repris sans restriction de niveau, sachant que notre intérêt était de connaître leur impression par rapport au matériel plus que de faire une analyse plus détaillées du matériel. Pourtant, nous pouvons dire que le groupe qui a rempli le questionnaire représente clairement le public du Centre de Langues, étant donné que le plus jeune a 18 ans et le plus âgé, 63 ans.

Avec une même proportion entre hommes et femmes, les groupes ont comme objectif dans l’apprentissage du français la connaissance de la langue en général, mais ils montrent principalement cet apprentissage comme un premier pas pour un projet plus grand d’habiter en France pour suivre des études de doctorat. Nous pouvons dire ainsi qu’ils ont, dans leur majorité, une motivation intégrative ou intrinsèque pour apprendre la langue, car leur raison la plus forte, même si elle n’est pas la seule, est l’utilisation de la langue pour des raisons personnelles, et non comme une exigence professionnelle ou du marché.