2. Forum au Centre de Langues de l’UFPR

2.1 Le processus de choix du manuel

Dans un processus d’enseignement/apprentissage, il est important que non seulement l’apprenant soit motivé pour apprendre la langue, mais que le professeur aussi soit stimulé de façon permanente pour l’enseigner et qu’il se sente incité à progresser professionnellement et à aider ses apprenants. Pour cela, un changement constant du manuel est un élément important, car il oblige le professeur à sortir de la position confortable soutenue par le connu et exige la recherche de ce qui est plus actuel, en plus d’éviter l’ennui de la répétition constante des mêmes leçons et activités, année après année.

La fatigue due à la répétition des leçons n’est pas en principe un facteur qui atteint directement l’apprenant, puisqu’il ne voit qu’une seule fois chacune des unités, mais elle peut apparaître dans les attitudes du professeur, qui laisse parfois transparaître ses ennuis par rapport à la méthode. Par conséquent, l’apprenant sent directement les échos de ces sentiments négatifs par rapport au matériel, générant chez lui une possible démotivation à l’apprentissage.

De cette manière, la recherche de nouvelles méthodes est constante chez les professeurs et les institutions, qui cherchent le renouvellement méthodologique attendu par les apprenants, mais qui sont motivés aussi par un marché éditorial qui doit bouger. La complication se présente donc au moment de la prise effective de décision concernant la meilleure méthode parmi la gamme élargie de possibilités de choix.

Considérant que le Centre de Langues (CELIN) de l’Université Fédérale du Paraná, comme déjà présenté auparavant, est une école de formation qui conduit à la pratique les étudiants de la dernière année du cours de Lettres, toutes les décisions concernant les approches pédagogiques – ce qui inclut le choix du manuel – sont prises avec la participation de l’équipe, enseignants et enseignants-stagiaires. Cette contribution de la totalité de l’équipe est spécialement intéressante car elle fusionne l’expérience des professeurs avec la nouveauté apportée par les stagiaires, en même temps qu’elle neutralise d’une certaine manière une possible tendance à la maintenance du connu et du stable par les professeurs, ainsi que l’appréhension de l’inconnu par les stagiaires.

Il n’existe pas, dans l’organisation de la sélection de matériels au Centre de Langues de l’UFPR, d’utilisation de grilles d’évaluation ou quelque type de normes préétablies ; généralement, les professeurs de français plus anciens ainsi que le coordinateur de l’équipe font une première sélection des méthodes parmi les nouveautés publiées dans le marché éditorial français qui sont disponibles au Brésil. Ensuite, le choix est fait à travers une discussion entre tous les professionnels chargés des cours au Centre, de n’importe quel niveau, qui présentent et soutiennent leurs opinions après une analyse personnelle de chaque manuel et de l’ensemble de chaque méthode. Ces opinions sont basées sur des critères comme public cible et méthodologie, qu’on discutera de manière plus détaillée plus tard.

La concrétisation de ce choix n’est évidemment pas une tâche simple et exige beaucoup de temps, en particulier car il est nécessaire de mettre en jeu les différents facteurs qui ont des influences au moment de la pratique d’une classe de langues, comme la qualité du matériel, l’organisation du développement du cours, l’adaptation à la quantité d’heures à réaliser dans chaque semestre, les besoins et intérêts du public cible.

Comme facteur secondaire, mais qui joue aussi un rôle important dans le choix, on remarque la question concernant le prix de la méthode car dans le cas du Brésil, considérant qu’il n’y a pas une production de matériel didactique de français langue étrangère dans le pays, le manuel doit être toujours importé de France, ce qui le rend parfois inaccessible à la totalité des apprenants.

Il est évident que, considérant principalement la place que le manuel occupe en classe de langues étrangères, le changement de méthode n’est jamais libre d’une certaine dose de déstabilisation. On peut imaginer que son remplacement n’atteint pas en principe l’apprenant qui commence à étudier la langue et qui arrive en classe dépourvu du préjugé de suivre le cours avec telle ou telle méthode. Par contre, on a l’exigence d’une nouvelle attitude de la part du professeur qui, habitué à travailler d’une certaine manière, doit s’adapter au nouveau langage présenté. Même si on compare des manuels similaires, d’une même maison d’édition ou d’un même groupe d’auteurs, cette adaptation est méthodologique, elle concerne la progression des thèmes, le type d’activités plus appropriées et l’approche donnée au travail en classe. L’attitude du professeur aura forcément un impact sur la classe, avec comme conséquence un résultat différent chez les apprenants.