2.1.3 Les besoins et les intérêts du public

Loin d’être une attitude condamnée par les auteurs ou par des institutions, cette adéquation du matériel est stimulée par tous ceux qui font partie du processus d’enseignement/apprentissage, en croyant à l’importance de l’adaptation du manuel à la situation d’apprentissage et au public pour qu’il puisse atteindre ses objectifs. Par conséquent, ce sont exactement les besoins et intérêts du public cible qui seront l’autre pilier de détermination du choix du manuel, en particulier car ils sont sans doute les facteurs qui atteindront le plus directement les apprenants. Si la méthode n’est pas en accord avec les attentes des apprenants, l’intérêt qu’ils apporteront aux contenus baissera progressivement et, par conséquent, les éloignera de leur volonté ou de leur nécessité d’apprendre la langue.

Comme il a été déjà dit précédemment, les besoins et les motivations des apprenants changent à partir de plusieurs facteurs qui jouent au moment du choix de l’apprentissage d’une langue étrangère, comme l’âge des apprenants, la possibilité réelle d’utilisation de la langue dans des situations privés ou professionnelles ou même des questions affectives que l’apprentissage peut apporter à celui qui l’apprend ; et c’est exactement cette complexité d’éléments qui rend difficile, on dirait même impossible, l’élaboration d’un manuel parfaitement adapté à un groupe.

Ainsi, il est confié au professeur, le « représentant méthodologique » le plus proche de l’apprenant, la tâche d’adapter les différentes activités à la réalité des apprenants, créant ainsi un matériel qui soit pour eux mieux approprié et plus motivant. Il faut faire régulièrement un sondage parmi les apprenants pour connaître réellement ce qu’ils ont comme objectifs, besoins et motivations, laissant plutôt le soin au professeur de les leur demander au long des premières séances de manière généralement informelle, souvent pour détendre l’ambiance et faire parler les apprenants.

L’adaptation sera faite donc à partir des croyances et représentations que les professeurs ont des besoins et des motivations de leurs apprenants ou au maximum à partir du sondage qui s’est déroulé au début du cours. Il est envisageable de considérer cela comme suffisant pour organiser les séances – ou plutôt les réorganiser – mais il est aussi bien possible, sinon probable, que le professeur oublie les détails fournis par ses apprenants au fur et à mesure que le cours progresse et que finalement il ne cherche plus à enseigner à partir de ce qu’ils attendaient.

De toute façon, la tâche d’adapter le manuel n’est pas simple et exige du professeur une attention permanente aux différents facteurs qui jouent au moment de la pratique de la classe : en même temps qu’il faut être cohérent avec la méthodologie dont la méthode fait partie, il faut répondre aux attentes des apprenants, et utiliser le manuel dans sa grande majorité – même si on ne le fait pas dans sa totalité – respectant son adoption par l’établissement d’étude en même temps que le fait qu’il a eu un investissement financier de la part de l’apprenant pour l’acquérir. Pour tout cela le professeur ne peut pas tout simplement abandonner son utilisation.