Question 4 – Questionnaire enseignant

‘Non, il faut introduire des explications supplémentaires concernant leurs difficultés. Je ne connais aucune méthode s’adressant au public lusophone. (MF)’ ‘Pas tout le temps. Ex : Les partitifs, c’est trop en passant et il faut apporter beaucoup d’exemples pour qu’ils puissent en maîtriser. (Ce)’ ‘Non. La plus grande partie du traitement donnée à la phonétique dans la méthode est inutile. Dans ce cas, je crois nécessaire de travailler mieux les distinctions entre les voyelles nasales. (JA)’ ‘Non. Les problèmes classiques des lusophones je travaille à côté. Je prépare des exercices d’appui selon les besoin des apprenants.(Ro)’

Selon les professeurs qui ont répondu au questionnaire, la méthode ne prend pas en compte les difficultés typiques des apprenants lusophones, comme ils nous en donnent l’exemple, en citant les difficultés trouvées avec les partitifs ou quelques voyelles nasales. Cette unanimité nous fait croire que le manuel et la méthode ne répondent pas correctement aux besoins des agents qui participent au processus d’apprentissage, malgré la réponse positive donnée à la question 2 dont nous avons discuté antérieurement.

Cette affirmation peut être faite car il nous semble légitime de partir du principe qu’une méthode doit être adoptée quand elle répond au minimum aux attentes de ceux qui vont l’utiliser et cela n’est pas le cas de cette méthode ou même des autres méthodes conçues en France, qui ne sont pas trop différentes de Forum en ce qui concerne les points linguistiques abordés.

Mais une réponse à cette question attire notre attention et nous fait pencher sur son contenu pour l’analyser de manière plus détaillée :

‘Particulièrement, les Brésiliens n’aiment pas trop écrire, la grammaire, etc. Moi, j’essaye de choisir les questions concernant les dialogues ou textes les plus pertinents en laissant du côté d’autres moins importants. La grammaire en contexte pour un brésilien fonctionne bien (texte, chanson, image, interview, jeu de rôles).Quand on leur propose de faire un jeu de rôles, les apprenants résistent un peu parce qu’ils (quelques-uns) n’aiment pas parler en public, s’exposer. Mais, après quelques instants, je vois qu’ils sont plus intéressés et ils s’engagent dans l’activité et à la fin, on a des surprises. Ils se présentent en montrant toutes leurs créativités et au-delà d’apprendre, on s’amuse beaucoup. (JC)’

Cette intervention de l’enseignant considère comme « problèmes des lusophones », dans ce cas des Brésiliens, le fait qu’ils « n’aiment pas trop écrire, la grammaire, etc. ». D'abord, il y a une confusion concernant une difficulté qui pourrait être attribuée spécialement à un lusophone et une autre de caractère plus générale, imputable à n’importe quelle nationalité. Le fait de ne pas aimer l’écrit ou la grammaire ne justifierait pas en principe une difficulté spécialement lusophone, même si on considérait comme réelle cette attitude chez les Brésiliens.

Nous sommes donc dans un champ de représentation du professeur, qui croit ses apprenants comme non-amateurs du registre écrit ou des formalités de la langue (ne serait-il pas lui-même un non-amateur de ce recours ?). Cette croyance l’amènera ainsi à préparer un type de cours dirigé à l’oral. L’approche communicative nous fait croire qu’en réalité celle-là est la meilleure solution à l’apprentissage, que c’est la meilleure façon d’apprendre une langue, mais considérons-nous les caractéristiques individuelles des apprenants au moment de prendre cette attitude ? Est-il possible ou même probable que les Brésiliens n’aiment pas trop écrire ? Ces affirmations nous semblent trop génériques et sont un exemple à vrai dire des constructions que les professeurs font pour soutenir un choix méthodologique qu’ils prennent pour composer leurs cours.

Néanmoins, ce témoignage nous donne aussi l’exemple d’une situation où les apprenants montrent par plusieurs réactions qu’ils sont motivés participer à l’activité proposée : intérêt, engagement, utilisation de la créativité et amusement. Ces observations montrent que l’activité a un sens pour l’apprenant, qu’elle exige un engagement cognitif pour sa résolution, et qu’elle présente un côté ludique.

Finalement, la question 5 est plus personnelle et permet des réponses plus variées. Parmi les réponses sur ce qu’ils considèrent comme plus motivant dans le manuel, les enseignants ont noté plus particulièrement les activités liées à l’oral, ainsi que les moments de début d’un nouveau thème. Ces remarques sont certainement attachées à l’idée de la production de l’apprenant, très importante pour le professeur comme feedback du processus d’apprentissage, mais aussi à ce qui est préconisée par l’approche communicative, qui véhicule le concept de l’oral comme la vraie expression de connaissance d’une langue.

Il est intéressant de remarquer également qu’aucun professeur n’a identifié les activités grammaticales comme motivantes, ce qui renforce l’hypothèse que le discours diffusé par une méthodologie, dans ce cas l’approche communicative, reste imprégné dans l’inconscient des professeurs, qui le réutilisent parfois comme une vérité incontestable. En ce qui concerne les moments les moins motivants du manuel, les enseignants sont en concordance et désignent la phonétique et l’examen DELF comme les activités les moins intéressantes présentées dans le matériel. Ces résultats étaient déjà attendus, étant donné que la phonétique a été bien critiquée par des professeurs qui affirment qu’elle ne rend pas compte des difficultés spécifiques des Brésiliens et l’examen DELF n’est pas une réalité pour les apprenants du CELIN, même s’il est possible de le réaliser à l’Alliance Française de Curitiba.