4.2.2 Modifications Internes

Les modifications internes pratiquées par les enseignants sont celles qu’ils font à l’intérieur de leur propre manuel et de la méthode qu’ils utilisent en classe, afin de les réorganiser pour donner un sens, soit à la totalité du cours, soit à une séance, ainsi qu’une caractéristique personnelle au travail. Les études débattent généralement de l’importance de l’apprenant à se sentir à l’aise dans son ambiance de classe pour bien apprendre la langue, et cela est très fortement déterminé par l’approche communicative, mais il est important aussi que le professeur se sente à l’aise dans sa position.

Dans le cas de l’enseignement de langue, cette position est non seulement une responsabilité, mais demande une connaissance assez particulière par rapport aux autres disciplines : celle de la langue étrangère, dans ses différents niveaux linguistiques (syntaxe, phonétique, pragmatique, etc.). Le défi est d’enseigner un objet à partir de sa propre utilisation, dans un travail de métalangage complexe pour l’apprenant et pour le professeur. Ainsi, pour qu’une séance ait des bons résultats, un facteur qui joue beaucoup est la capacité personnelle du professeur par rapport à toutes ces difficultés concernant la langue.

La règle serait donc la même que celle appliquée pour les apprenants et il est fondamental que, lui aussi, il se sente à l’aise pour produire efficacement en langue étrangère. Ce besoin créera des réflexes dans la manière dont il prépare et organise les séances, car il cherchera naturellement à établir une relation cohérente entre les activités travaillées, qui sont dans leur essence très diverses : les quatre compétences, la grammaire de la langue, la phonétique, les aspects culturels et interculturels, etc. Et lui, comme élément d’union entre l’apprenant et ce qui sera appris, doit comprendre de manière profonde le développement de la classe et les raisons pour lesquelles il a déterminé un enchaînement « x » et non « y » à son travail.

La situation trouvée au CELIN n’est pas nécessairement une règle pour l’enseignement de langues étrangères. Si là-bas, pour toutes les caractéristiques de l’école dont nous avons déjà discutées, il y a la possibilité d’un choix organisationnel propre à chaque professeur, renforcé par la manière dont le manuel adopté est conçu, il n’en est pas de même dans d’autres centres d’enseignement de langues.

Le nombre d’établissements qui essayent de déterminer la manière de travailler du professeur est grande et la justification est une homogénéité supposée ; en effet, la conséquence en est un professeur obligé de s’adapter à une situation où il devrait au contraire avoir un certain contrôle, au moins des choses qu’on pourrait appeler contrôlables dans une situation aussi complexe que la situation d’apprentissage, et cela ne vient qu’avec une connaissance pleine de l’objet travaillé et de la manière dont cela devrait se faire. Comme nous affirme Bouchard (à paraître)

‘« En effet si nul ne doute qu’un cours doive être préparé par l’adulte qui en est responsable, dans le même temps, il existe un large consensus (au delà des didactiques particulières) sur le fait que tout cours doive aussi laisser des possibilités d’initiative à l’apprenant afin que ce dernier puisse prendre - momentanément au moins - la responsabilité de son apprentissage. Cette souplesse de l’organisation didactique est encore plus nécessaire peut-être dans le cas des langues, objets d’enseignement-apprentissage multiformes, dont différentes facettes se proposent toujours simultanément aux partenaires des activités didactiques, pour des informations ou des questionnements potentiels qui ne sont que partiellement prévisibles. »’

Cette souplesse dont nous parle Bouchard (à paraître) n’est possible qu’avec un professeur sûr de lui-même et capable de permettre ce mouvement de responsabilité en classe entre lui-même et ses apprenants. La sécurité dont on parle ici va au-delà de la pure connaissance de la langue, de son objet d’enseignement qu’on croit élément fondamental au travail du professeur, mais elle traduit la compréhension de la dynamique de la classe et son organisation, critère pré requis pour bien gérer ces différentes facettes signalées par l’auteur. De cette manière, la personnalisation du cours et de chaque séance apparaît comme un processus nécessaire et important pour donner un contrôle personnel au professeur, de son cours et de ses classes.

Comme nous l’avons vu antérieurement, l’organisation qu’on perçoit dans les schémas de cours des professeurs du CELIN, par exemple, montre une tendance importante de l’utilisation du manuel adopté par l’institution. Autrement dit, malgré le fait que la totalité des enseignants, comme eux-mêmes ont répondu dans le questionnaire, interfère de manière significative dans les contenus et les séquences de la méthode, ils maintiennent le matériel comme colonne vertébral du cours, de manière à lui donner une base centrale.

Cette attitude, en ce qui concerne la motivation des apprenants, est très importante car le manuel représente en classe d’une façon très forte la matérialisation de ce qu’ils doivent étudier et apprendre, dans le cas de notre étude, la langue étrangère. Et cela, dans différentes situations, soit au moment de lire un texte sur Internet, soit au moment d’étudier pour passer un examen. Le manuel devient donc la référence quant au contenu, effet qui n’est pas le même lorsqu’on utilise de feuilles ou des photocopies. Le manuel a de la force parce qu’il a été imprimé, publié par une maison d’édition et, encore plus pour le Brésil, tout cela s’est passé en France, dans le pays où la langue est parlée et qui a par conséquent tout ce qu’il faut pour produire un matériel idéal.

Ainsi, l’enseignant conserve l’utilisation du manuel mais non sans le modifier et l’adapter à sa façon personnelle de travailler. Dans le cas du manuel utilisé au CELIN, cette adaptation est presque obligatoire, vu que Forum est organisé par rubriques dont chacune met l’accent sur une pratique langagière différente. Considérant la difficulté ou l’impossibilité de travailler de cette façon, ce qui deviendrait aussi ennuyeux pour l’apprenant, les modifications sont inévitables.

Il nous est possible de percevoir ce mouvement interne dans le manuel à partir d’un tableau d’organisation d’unités complété par le professeur, dont nous reproduisons quelques exemples à la suite. Nous présenterons donc les séquences de pages de Forum pour chaque unité où son cahier d’exercices est utilisé (CE). Toutes les autres activités ajoutées par le professeur seront signalées dans ce premier tableau avec un astérisque (*) :