5. Le regard de l’apprenant par rapport au manuel et à son cours

L’influence que le matériel didactique, plus précisément le manuel, exerce chez l’apprenant est très différente de celle exercée chez le professeur. D’abord parce que la vision de l’enseignant est technique, prend en compte les aspects linguistiques et didactiques, c’est-à-dire, les contenus qu’il va traiter dans le livre, ainsi que la manière dont il le fait et dans quelle séquence.

Pour l’apprenant, la relation est différente. Le manuel lui sert de référence non seulement pendant le temps qu’il passe en classe, mais principalement quand il doit étudier seul, à la maison. Cette vision n’est pas si évidente qu’on aimerait le croire. Une des grandes erreurs pratiquées par les professeurs au moment de choisir une méthode pour l’adopter est de l’analyser à partir de ses propres besoins et intérêts, en imaginant la manière d’utiliser cet outil méthodologique en classe, sans penser à l’apprenant.

Et quand nous parlons ici de penser à l’apprenant dans le moment du choix, nous ne pouvons non plus prendre ce choix de manière restreinte, considérant seulement la dichotomie français langue étrangère, de caractère généraliste, versus français sur objectifs spécifiques, de caractère ciblé. Prendre en compte l’apprenant c’est aussi se mettre à sa place, afin de percevoir (ou de l’imaginer, si on ne connaît pas encore nos élèves) avec quelle aisance il sera capable de manipuler le matériel, de trouver les informations qu’il apporte ou de créer les connexions entre les différentes informations, linguistiques ou culturelles ici présentées.

Le fait que ces réflexions ne sont fréquemment pas prises en compte au moment du choix du matériel a des conséquences dans la pratique de classe, ainsi que dans le processus d’enseignement/apprentissage de l’individu. Plusieurs études et discussions théoriques parmi les didacticiens ont déjà souligné l’importance de l’autonomie de l’individu pour qu’il ait des bons résultats, mais cette autonomie présuppose que l’apprenant sache manipuler parfaitement les outils dont il dispose pour le faire.

Autrement dit, il est presque impossible à un apprenant de devenir autonome dans son apprentissage du français langue étrangère s’il ne comprend pas le fonctionnement du manuel ou n’y trouve pas les informations dont il a besoin, sans l’aide ou la présence du professeur. Ainsi, nous pouvons envisager deux possibilités pour un usage efficace du manuel par l’apprenant et sa motivation conséquente : soit le matériel est suffisamment clair et bien construit, à tel point que l’apprenant perçoit directement son fonctionnement, soit le professeur lui montre la meilleure manière de le travailler et de l’étudier.

Considérant qu’il n’y a pas de travail de la part des professeurs du CELIN de l’UFPR pour enseigner à l’apprenant comment étudier à partir du manuel, sa relation avec le livre et la méthode devient complément dépendante du professeur et de sa pratique en classe, ce qui exige subséquemment une compréhension préalable de la représentation de l’apprenant par rapport au manuel, avant d’analyser ses réactions par rapport à pratique du professeur en classe.