1-3-2- Champs théoriques de l’ennui et champs d’applications

La recherche a dégagé 75 thèmes20 issus des « classifications » établies par la base de donnée :

Tableau 1 : Nombre d’articles référencés selon les champs théoriques
Classification thématique Nombre d’articles
Traits de Personnalité et Processus
« Personnality Traits & Processes »

Psychothérapie et Conseil Psychothérapeutique
« Psychotherapy & Psychotherapeutic Counseling »

Développement Personnel et Psychosocial
« Psychosocial & Personality Development »

Attitudes Personnelles et Satisfaction au Travail
« Personnel Attitudes & Job Satisfaction »

Echelles de Personnalité et Inventaires
« Personality Scales & Inventories »

Dynamique de Classe, Attitudes et Ajustement des élèves
« Classroom Dynamics & Student Adjustment & Attitudes »
54


20


12


10


10


10

Le Tableau 1 nous permet d’avoir un aperçu des représentations de l’ennui en psychologie, et la manière dont cet objet de recherche est appréhendé. Il est très largement étudié comme trait de personnalité. La seconde classification (Psychothérapie et Conseil Psychothérapeutique) est à relativiser, puisque sur les 20 articles référencés, 9 sont issus d’un numéro spécial sur la psychothérapie. Ensuite, 12 articles sont catégorisés en développement au niveau personnel et psychosocial. Enfin, avec respectivement 10 articles, on trouve les thématiques autour de la satisfaction au travail, des échelles et du champ scolaire.

Dans un second temps, afin d’affiner les thématiques récurrentes, nous avons réalisé une analyse catégorielle, c’est-à-dire des regroupements thématiques avec les catégorisations préétablies. Suite à cette recatégorisation, nous avons dégagé 22 grandes thématiques, elles-mêmes divisées en deux grandes thématiques : les champs théoriques de la psychologie, et les champs d’application21 . Par l’intermédiaire de cette analyse catégorielle, on retrouve les branches académiques de la psychologie, ainsi que ce que l’on pourrait qualifier de « variables de l’ennui », ou en tout cas de traits assez caractéristiques en corrélation avec le phénomène de l’ennui.

On peut observer que c’est un thème de recherche privilégié par la psychologie du travail ainsi que par la psychanalyse et la psychothérapie22. Mais ces thématiques ne sont pas exclusives : par exemple, un certain nombre d’articles regroupés dans la catégorie « Psychanalyse et psychothérapie » traitent de l’ennui de l’analyste en thérapie. Ces articles pourraient donc également appartenir à la catégorie « Psychologie du travail ». Nous pouvons également noter que le contexte éducatif est un thème de recherche fréquent en psychologie.

Cette première analyse révèle que l’ennui est un objet de recherche qui intéresse tous les champs de la psychologie. C’est également le reflet d’une recherche d’ordre théorique, non pas en termes d’appropriation mais plutôt de compréhension par le biais de "grilles de lecture" de ce phénomène, jamais vraiment théorisé par un champ spécifique de recherche, même au sein de la psychologie générale.

On distingue également des champs d’application23. Comme nous l’avons déjà souligné, l’ennui est catégorisé très majoritairement comme un trait de personnalité. Sont ensuite le plus souvent étudiés les facteurs de l’ennui, que l’on peut rapprocher de l’inné ; et divers désordres, que l’on peut rapprocher de l’acquis (en lien avec des pathologies dans des registres plutôt organiques). Le contexte est également puissant, puisque la plupart des recherches concernent des structures closes, avec une absence de stimulation, qui provoquent souvent la monotonie, tels que les maisons de retraite ou les hôpitaux. Les tests et échelles de mesure sont assez importants, depuis la validation de « l’Echelle de Recherche de Sensation » de Zuckerman en 1978, comprenant une sous-échelle relative à l’ennui (Vodanovich, 2003b). Cette échelle va ensuite donner lieu à une autre permettant d’évaluer la tendance à s’ennuyer : « Boredom Proneness Scale » (Farmer & Sundberg, 1986). Depuis une vingtaine d’année, un grand nombre de recherches s’attachent à vérifier la prédisposition à l’ennui, nous y reviendrons. Enfin, on pourrait regrouper les dernières thématiques autour d’un point commun : l’ennui et les comportements qui semblent considérés par la société comme déviants.

Notes
20.

Pour détail voir Annexes 1.2.

21.

Ces regroupements et catégorisations ont été soumis à deux juges. La première personne juge a proposé 12 modifications (7 concernant les regroupements effectués et 5 concernant l’intitulé des thématiques). Nous avons soumis à une seconde personne les deux propositions afin de départager, en lui laissant la possibilité de proposer également des modifications si les deux propositions ne convenaient pas. Cela nous a conduite à modifier 4 regroupements réalisés initialement, et 4 intitulés de thématiques.

22.

Tableaux récapitulatifs en Annexes 1.2.1.

23.

Liste complète des champs d’application en Annexes 1.2.2.