Chapitre 3 : Approche psychosociale de l’ennui en contexte éducatif

Nous l’avons observé, l’ennui trouve comme terrain privilégié d’étude le contexte scolaire. Depuis une dizaine d’années, on observe dans ce même champ un regain d’intérêt pour l’ennui issu du sens commun, notamment par l’intermédiaire de la presse (voir pour une revue de presse de l’année 2003 en France, Clerget et al, 2005). Comme l’expliquent Deschamps, Lorenzi-Cioldi et Meyer : « Le champ scolaire, sans qu’il soit un simple prétexte, est un champ d’une importance considérable pour la recherche en psychologie sociale car le "social" s’y présente à l’"état de nature "». Il est intéressant de noter qu’ils constataient déjà il y a 25 ans « l’ampleur prise par le facteur ennui » (p. 12) et définissaient l’échec scolaire « tout au plus [comme un] phénomène de société, relié notamment à l’ennui » (1982, pp. 12-13).

S’il existe une construction sociale de l’ennui qui varie comme nous l’avons souligné, selon le contexte et la position de l’individu, on peut donc s’interroger sur les représentations que les acteurs du champ éducatif ont de l’ennui dans le cadre scolaire. En effet, les représentations à la fois des enseignants et des élèves sont susceptibles d’orienter des conduites voire des comportements, dans un système de transmissions de représentations réciproques. Par exemple les représentations que les enseignants ont de leurs élèves peuvent modifier la perception que les élèves ont d’eux-mêmes, ainsi que leur engagement dans l’activité (Bressoux et Pansu, 2003). Il paraît donc important de s’interroger d’abord sur les représentations de l’ennui, mais également sur les vecteurs de transmissions, afin de comprendre l’utilisation du terme « ennui », issu du sens commun, pour qualifier des situations pédagogiques parfois paradoxales, comme l’atteste l’exemple déjà cité de la réussite et l’échec scolaire.