Chapitre 4 : La place de l’ennui dans le système scolaire selon les enseignant-e-s

4-1- Introduction : les représentations de l’ennui chez les enseignant-e-s

4-1-1- Présentation et objectifs

Nos premières recherches menées sur la thématique de l’ennui dans le champ de l’éducation se situent dans une dynamique descriptive, et auprès de tout le corps enseignant du système éducatif français. Les premières données ont été recueillies suite au colloque du Conseil National des Programmes sur l’ennui et l’école, d’abord auprès d’élèves, et des descriptions qu’ils et elles ont fournies (Durif-Varembont et al, 2005 ; Clerget et al, 2005) ; et en parallèle, en s’appuyant sur les témoignages des élèves, auprès des enseignant-e-s (Clerget et al, 2005 ; Ferrière, 2005).

Les objectifs principaux sont d’abord de recueillir le témoignage des enseignant-t-e-s fréquemment désigné-e-s comme responsables de l’ennui en contexte éducatif, et également d’obtenir une sorte de typologie des manifestations de l’ennui et des réactions des enseignant-e-s lors du constat d’ennui. Dans ce contexte où l’ennui était très médiatisé et interrogeait les pratiques pédagogiques, il nous a semblé important de nous pencher sur la question du langage, et de la verbalisation de l’ennui, autour de la question de la communication dans une visée exploratoire.

Au préalable, nous souhaitions mettre en place des entretiens semi-directifs, mous avons été rapidement confrontée aux difficultés d’un terrain de recherche assez spécifique. En effet, il est plutôt compliqué d’accéder à la population enseignante. D’abord au niveau institutionnel, puisqu’il n’est pas possible d’observer les classes, et selon les établissements, les responsables sont plus ou moins conciliants. Ensuite, une fois l’accord de l’établissement, il s’agit de trouver des enseignant-e-s acceptant de participer à une recherche. Face au difficultés rencontrées, nous avons décidé de mettre en place une technique de recueil « mixte » de questionnaire à questions ouvertes, afin de conserver néanmoins un aspect qualitatif.

En effet, le principe du questionnaire permet une passation à plus grande échelle et une diffusion plus aisée que l’interview. Proposer des questions ouvertes permet de rester dans la visée descriptive d’un phénomène. Nous reviendrons plus en détail sur la construction du questionnaire, mais nous pouvons noter que notre choix s’est orienté vers cette méthode à questions ouvertes, sans liste pré-établie de réponses, en vue de proposer un questionnaire le moins contraignant possible pour la population. De plus, le recueil de données textuelles nous permet un certain nombre de codages (Ghiglione et Matalon, 1985), correspondant à notre souhait de nous situer dans une perspective descriptive. Enfin, les questions ouvertes permettent également une mise à distance du discours que l’on ne retrouve pas forcément dans les entretiens (Charlot, Bautier et Rochex, 1992), et selon nous, il semble que ce soit encore plus vrai sur ce terrain spécifique où, nous l’avons déjà évoqué, on observe au sein du corps enseignant un discours « conforme » aux représentations en vigueur (Gigling, 2001 ; Gosling, 1992).