4-1-3- Participant-e-s, matériel, procédure et hypothèses

Cette recherche exploratoire a pour objectif, dans un premier temps, de dégager une typologie des manifestations de l’ennui chez les enseignant-e-s. Dans un second temps, nous souhaitons confirmer l’hypothèse selon laquelle les représentations que les enseignant-e-s ont de l’ennui et de ses manifestations sont structurées sur un système d’opposition, ce qui confirmerait alors la présence d’un champ structurant de l’ennui, ayant le statut de thêma dans le champ des représentations sociales.

En parallèle, et par l’intermédiaire des variables observées, nous faisons l’hypothèse que l’ennui est modulable en fonction de variables positionnelles, et plus précisément selon des variables groupales dépendantes du niveau d’intervention et du sexe de l’enseignant-e-, donc à un niveau positionnel46.

Notre échantillon est composé d’enseignant-e-s intervenant à tous les niveaux de l’enseignement. La population interrogée est délibérément hétérogène, toujours en termes d’exigence méthodologique, dans un but de représentativité, et également en fonction des moyens sur le terrain. En effet, même s’il est plus simple d’accéder à la population en proposant des questionnaires, il s’est tout de même avéré difficile d’obtenir les autorisations pour entrer dans les établissements. Comme nous l’avons souligné, la première difficulté, d’ordre institutionnel, bloque l’intervention de personnes extérieures, et encore plus dans un contexte de recherche. Ensuite les exigences selon les établissements étant remplies (rendez-vous téléphoniques ou physiques, présentation individuelle ou collective de la recherche…), les enseignant-e-s eux-mêmes, sont globalement intéressé-e-s par le thème, et en « discutent » de façon informelle. Mais la déperdition est très importante d’abord lorsque le questionnaire est proposé, et ensuite lorsqu’il s’agit de le restituer.

Nous avons mis au point un questionnaire auto-administré à questions ouvertes, avec une attention toute particulière portée au chapeau du questionnaire. La passation s’est faite en deux phases, une première de pré-test a permis de recueillir 19 questionnaires, qui ont offert la possibilité d’adapter le questionnaire dans un second temps, et cela notamment suite au taux élevé de déperdition. Dans un premier temps, au bas de la première page, nous avons mis une date de retour, qui était d’environ deux semaines après avoir distribué le questionnaire ; et le questionnaire était accompagné d’une enveloppe timbrée, afin de le renvoyer par voie postale.

La seconde page du questionnaire est composée de données, permettant à la fois pour l’interviewé d’entrer dans le questionnaire, et également dans le recueil des données et l’analyse ultérieure, d’obtenir un certain nombre de variables influençant ou pas les représentations de l’ennui. Nous avons opté pour un certain nombre de variables à observer (Ferrière, 2005) et avons retenu : le sexe, le nombre d’années d’expérience, la ou les matières enseignées, la ou les classes d’intervention, les spécificités géographiques.

Le questionnaire à questions ouvertes est composé de quatre questions, deux par pages, avec une zone de réponse encadrée et la possibilité d’utiliser le verso du questionnaire s’il n’y avait pas assez de place.

La troisième page du questionnaire est composée de deux questions, concernant l’ennui et la classe. La première aborde les manifestations de l’ennui dans la classe. La seconde question est en lien, puisqu’elle traite des réactions suite à la constatation de l’ennui de la part des élèves, ainsi que la compréhension ou non de ce phénomène.

Enfin, la dernière page est aussi composée de deux questions, présentées sous la même forme, d’abord au sujet de leur vécu d’ennui en tant qu’ancien-ne élève ; et ensuite, selon la passation. Pour le pré-test, la question était de proposer une définition personnelle de l’ennui, mais qui finalement rejoignait trop la précédente47, ou en tout cas offrait la possibilité de ne pas répondre. Nous l’avons orientée vers une définition « actuelle », à entendre dans leur profession et leur quotidien. Nous ne reprendrons donc dans cette phase préliminaire que les deux premières questions communes aux deux phases du questionnaire.

Notes
46.

Pour les résultats complets de cette recherche exploratoire, voir Ferrière (2005).

47.

Dans les différentes explications, lorsqu’un sujet répondait ne s’être jamais ennuyé en classe en tant qu’élève, il répondait ensuite ne pas avoir le temps de s’ennuyer, donc il ne répondait pas vraiment.