5-2-3- Des variations groupales

Même si l’effectif hommes/femmes de l’échantillon rend difficile une analyse comparative précise des différences de représentations, nous avons réalisé un tableau en fonction du sexe de l’enseignant. En effet, la féminisation du métier est une réalité de terrain, ce qui signifie que plus généralement, puisqu’il y a plus de femmes, les représentations en général sont plus féminisées. Si l’on calcule le rapport T/N afin d’obtenir un indice organisationnel, on obtient :

Les représentations des enseignantes sont très éclatées avec un rapport à 0,83, donc très proche de 1. Si l’on est à 1, cela signifie selon Flament et Rouquette (2003) que : « [l’] on est en présence d’un phénomène idiosyncrasique et on peut pratiquement exclure qu’il existe une RS de l’objet auquel renvoie l’inducteur dans le groupe social considéré » (p. 62).

Du côté des enseignants, le rapport concernant la diversité est de 0,56, que l’on peut considérer comme un rapport moyen. Cela met en évidence une tendance représentationnelle plus stéréotypée que chez leurs collègues femmes.

Si l’on se penche sur l’indice de rareté, dans la mesure où la distribution des réponses pour le groupe des femmes fait état d’un rapport T/N proche de 1, cela pourrait signifier qu’il n’y a pratiquement que des hapax. Or ce n’est pas le cas, puisqu’il ne s’agit que de 15% de la distribution. On peut donc dire que la variabilité inter-individuelle chez les enseignantes n’est pas très forte, mais qu’aucun consensus ne se dégage.

C’est moins le cas chez les hommes, avec toute la réserve que suppose d’analyser les témoignages de 27 sujets. Cependant, on s’aperçoit que le nombre d’hapax est plus important puisqu’il représente 46%, soit pratiquement la moitié, tout comme le rapport T/N = 0,55. Ces deux indices tendraient à mettre en évidence une représentation plus structurée de la part des enseignants que des enseignantes.

Tableau 14: Structuration du lexique de l’ennui chez les Professeur-e-s des Ecoles femmes
  Inférieur à 2.65 Supérieur ou égal à 2.65
Rang moyen 2.63




Supérieur ou égal à 9






Fréquence





Inférieur à 13 et supérieur ou égal à 6
Case 1
Désintérêt (36) ; rg = 1.89
Démotivation (33) ; rg = 2.64
Inintérêt (31) ; rg : 2.10
Inactivité (29) ; rg = 2.41
Bavardage (23) ; rg = 2.30
Chahut (23) ; rg = 2.22
Passivité (20) ; rg = 2.55
Temps long (14) ; rg = 2.64
Attente (9) ; rg = 2.33
Case 2
Incompréhension (21) ; rg = 2.76
Monotonie (17) ; rg = 2.82
Sens des apprentissages (16) ; rg = 2.69
Sens de l’école (13) ; rg = 3.46
Rêverie (12) ; rg = 2.92
Faire autre chose (11) ; rg = 3.09
Manque concentration (10) ; rg = 3.40
Case 3
Baillement (8) ; rg = 2.13
Echec (7) ; rg = 2.00
Cours magistral (6) ; rg = 2.00
En avance/ solitude/ décrochage (5) ; rg = 2.60
Perdre son temps (5) ; rg = 2.20
Rien faire (5) ; rg = 2.00
Case 4
Construction du cours (8) ; rg = 2.75
Difficulté (8) ; rg = 3.88
Envie de dormir (8) ; rg = 2.88
Fatigue (7) ; rg = 2.86
Surdoué (7) ; rg = 3.43
Trop facile (6) ; rg = 4.50
Enseignant monotone (6) ; rg = 3.33
Exclusion (5) ; rg = 4.33
Connaît déjà (5) ; rg = 2.80

On retrouve en tête le désintérêt. Mais nous pouvons noter que contrairement au tableau d’ensemble, la zone centrale chez les enseignantes positionne la démotivation avant l’inintérêt. Il y aurait donc différents degrés dans l’ennui. On retrouve la même tendance à axer l’ennui dans une dynamique passive (inactivité, passivité, temps long, attente), même s’il est alterné avec des comportements scolaires plus actifs (bavardage, chahut).

Logiquement, la zone périphérique est aussi proche du tableau d’ensemble, avec la dichotomie dans un second temps de la réussite vs difficulté scolaire (l’échec étant en case 3).

À l’exception de l’incompréhension, la zone ambiguë en case 2 fait plutôt référence à des causes extérieures à l’enseignante, par l’intermédiaire du sens des apprentissages et du sens de l’école, mais aussi de la concentration. On trouve également dans cette zone la monotonie, la rêverie, faire autre chose, là encore dans la passivité.

Tableau 15 : Structuration du lexique de l’ennui chez les Professeur-e-s des Ecoles hommes
  Inférieur à 2.82 Supérieur ou égal à 2.82
Rang moyen 2.82

Supérieur ou égal à 3



Fréquence



Inférieur à 3 et supérieur ou égal à 2
Case 1
Inintérêt (9) ; rg = 2.00
Incompréhension (6) ; rg = 2.17
Sens des apprentissages (5) ; rg : 2.40
Désintérêt (3) ; rg = 2.67
Case 2
Inactivité (5) ; rg = 3.60
Monotonie (4) ; rg = 3.00
Sens des apprentissages (16) ; rg = 2.69
Rêverie/ Manque de concentration/ En avance (3) ; rg = 3.00
Case 3
Difficulté (2) ; rg = 2.00
Case 4
Démotivation/ Construction du cours (2) ; rg = 3.00
Envie de dormir (2) ; rg = 4.00
Fatigue (2) ; rg = 4.50
Prendre son temps/ Occupation (2) ; rg = 3.50
Solitude (2) ; rg = 3.00

Tout comme chez leurs collègues, on trouve chez les enseignants l’inintérêt, puis la question de l’incompréhension et le sens des apprentissages, et enfin le désintérêt. Il n’est pas fait mention de comportements et d’attitudes, contrairement aux femmes, et donc de fait de l’effectif de l’ensemble.

On trouve ensuite dans la zone périphérique la démotivation, la construction du cours et la solitude. On retrouve la question de la fatigue et l’envie de dormir, mais aussi la temporalité avec perdre son temps et occupation.

Quant aux zones ambiguës on trouve l’inactivité en case 2, puis la monotonie, la rêverie, la concentration et être en avance, la difficulté se situe en case 3. Donc selon les enseignants, l’ennui est moins relié à une position scolaire (par exemple le terme surdoué n’est pas évoqué).