7-1-2- Population et matériel

Nous avons donc interrogé les Professeurs des Ecoles en deuxième année. La passation a été réalisée en juin, alors que leur titularisation est effective en septembre, il s’agit donc d’une population prête à entrer dans la vie active. Nous pouvons noter que si tous les Professeur-e-s des Ecoles avaient répondu, nous aurions eu une population de 369 sujets, avec une représentation des femmes de 88%. Nous avons eu 260 retours de questionnaires au total, comprenant 35 hommes, soit une représentation féminine de 87%.

Nous avons donc dans un premier temps construit le relevé de notes66 en lui-même, autour de deux variables : le sexe de l’élève et le niveau scolaire (bon élève vs mauvais élève).

Pour les quatre relevés de notes ainsi constitués, nous avons explicitement signalé l’ennui dans le commentaire en fin de relevé. L’objectif principal était de construire un même commentaire, en ne faisant varier que l’appréciation selon le niveau scolaire de l’élève.

Les deux modalités de commentaires sont :

  • « Les résultats sont satisfaisants, notamment en français. …. est souvent dans la lune et donne parfois l’impression de s’ennuyer »
  • « Les résultats sont assez peu satisfaisants, notamment en français. … est souvent dans la lune et donne parfois l’impression de s’ennuyer »

Nous avons dégagé dans les représentations des Professeur-e-s de Collège et Lycées, mais également de Professeur-e-s des Ecoles (Chapitre 4), une typologie comportementale dans les manifestations de l’ennui autour de la question du regard, et plus précisément du regard par la fenêtre. Un point central (Chapitres 4 et 5) est la passivité, d’abord évoquée, puis, nous l’avons souligné, contrebalancé par des comportements plus actifs. Pour cette raison, nous avons intégré dans le commentaire du relevé de notes, à la fois une remarque de type comportementale, et une axée sur la passivité. Nous avons aussi inclus une question relative au français, afin d’activer une différenciation des matières en lien avec les stéréotypes véhiculés dans la sphère scolaire (nous n’avons pas mis en avant les mathématiques, qui nous l’avons souligné, serait trop activant), et d’en mesurer les impactes contextuels ou non.

Nous avons opté pour l’anonymat des relevés de notes, car il nous semble que le prénom est une donnée sociologique qui pourrait influencer le jugement des enseignant-e-s. Cela a été mis en évidence par la recherche de Chryssochou, Picard et Pronine (1998), avec les justifications de l’échec ou la réussite scolaire de Marion et Naïma ayant un père médecin ou routier. Les variables manipulées sont alors sociales et culturelles. Dans le cas de l’ennui, nous avons évoqué la présence d’une représentation dans l’histoire de l’ennui, d’une variable que l’on pourrait assimiler à une variable sociale, notamment concernant les positions sociales dans la société. Il nous semble donc que cette variable n’est pas à exclure, et que l’ennui des élèves issus de milieux favorisés pourrait être perçu différemment de l’ennui d’élèves issus de milieux défavorisés, dans la même dynamique que l’intelligence et l’innéisme (Constans et al., 2003). Pour autant, afin de ne pas complexifier le protocole quasi-expérimental, nous avons privilégié un plan 2 (fille vs garçon) X2 (réussite vs difficultés).

Nous avons ensuite sollicité des Professeurs des Ecoles hommes et femmes, afin de remplir le relevé, en fonction de la variable du niveau scolaire., Nous en avons fait vérifier la crédibilité à des Professeur-e-s des Ecoles de Cycle 3, des Maîtres et Maîtresses de Conférences en Sciences Humaines, et des Professeur-e-s des Ecoles Maîtres et Maîtresses Formateur/trices de l’I.U.F.M.

À la suite du relevé composé de deux pages, nous avons construit un questionnaire, identique pour chaque relevé, en associant une méthode de recueil quantitative et une qualitative. Dans un premier temps, nous avons repris la méthode d’association libre, l’objectif étant de réaliser une analyse plutôt quantitative et comparative. Il était demandé de répondre à la question suivante :

« Après avoir lu ce relevé, énumérez 5 termes qui décrivent le mieux pour vous cet-te élève ; reclassez les 5 termes que vous avez évoqués par ordre d’importance ».

Ensuite, nous avons procédé par questions ouvertes :

  • « Que pensez-vous pouvoir prédire de l’année scolaire de cet-te élève ? »

Le terme de « prédiction » fait partie des compétences que les Professeur-e-s des Ecoles doivent avoir, notamment lors du passage au collège.

  • « Que pensez-vous pouvoir mettre en place pour cet-te élève ? »

L’objectif de cette question est de mesurer à la fois l’engagement ou non des enseignant-e-s par l’intermédiaire des dispositifs évoqués, ou non. Dans un second temps, lorsque des dispositifs sont évoqués, de noter les variations ou non en fonction des variables du relevé (fille/garçon, réussite/non réussite)

  • « D’après vous, que peut signifier le commentaire du Professeur des Ecoles ? »

Cette question a pour objectif de mesurer l’importance ou non de l’ennui dans les commentaires.

  • « D’après les informations dont vous disposez, pourquoi cet-te élève s’ennuie ? »

Cette dernière question traite explicitement des représentations et des explications de l’ennui en contexte éducatif par les Professeur-e-s.

Notes
66.

Voir Annexes 5.