7-2-2- Traitement de l’ensemble du corpus et place de l’ennui

Le corpus obtenu à partir des cinq mots demandés pour qualifier le relevé de notes dans son ensemble comprend 1245 mots, dont 402 mots différents. Parmi ces 402 mots, 257 sont des hapax, soit environ 39%. Nous avons donc un indice de rareté relativement élevé, ce qui peut attester d’une certaine fluctuation, qui n’est pas étonnante, puisque cette première observation concerne les représentations d’enseignant-e-s autour de quatre relevés différents. Concernant la diversité, si :

1 ≤ T ≤ N  donc 0 < T/N ≤ 170

257 ≤ 402 ≤ 1245, soit 0 < 0,32 ≤ 1

Le rapport est donc de 0,32. Nous aurions pu nous attendre à un rapport beaucoup plus élevé, dans la mesure où effectivement, il s’agit textuellement de la même induction dans la formulation de la consigne. Mais en réalité, l’induction est produite par les relevés de notes, qui nous l’avons souligné, sont opposés.

Afin de cerner les consensus, nous avons donc classé les termes71 en fonction de leur fréquence et leur rang, dans un repère composé de 4 cases72 :

Tableau 22 : Représentations d’élèves s’ennuyant par les enseignant-e-s
  Inférieur à 2.76 Supérieur ou égal à 2.76
Rang moyen 2.76






Supérieur ou égal à 9







Fréquence




Inférieur à 9 et supérieur ou égal à 5
Case 1
Bon élève (47) ; rg = 2.32
En difficulté (36) ; rg = 2.00
S’ennuie (30) ; rg = 2.47
Difficulté (27) ; rg = 2.41
Scolaire (22) ; rg = 2.68
Compétences globales acquises (19) ; rg = 1.95
Sérieux (16) ; rg = 3.13
Manque motivation (15) ; rg = 2.47
Polyvalent (12) ; rg = 2.67
Intelligent (11) ; rg = 2.36
Case 2
Ennui (27) ; rg = 2.93
Rêveur (24) ; rg = 3.29
Concentration (19) ; rg = 3.00
Facilités (16) ; rg = 3.13
Difficultés compréhension (15) ; rg = 3.13
Dans la lune (13) ; rg = 3.31
Inattentif (12) ; rg = 3.75
Distrait (12) ; rg = 4.25
Lacunes (11) ; rg = 3.00
Passivité (11) ; rg = 3.91
Etourdi (11) ; rg = 4.00
Précoce (11) ; rg = 4.09
Sportif (11) ; rg = 4.18
Travailleur (10) ; rg = 3.10
Appliqué (9) ; rg = 3.33
Case 3
Complet (8) ; rg = 2.25
En réussite (7) ; rg = 1.43
Beaucoup compétences NA/ Pas intéressé (7) ; rg = 2.29
Satisfaisant (6) ; rg = 1.67
Démotivation (6) ; rg = 1.83
Compétent/ Sens de l’école (6) ; rg : 2.50
Sens des apprentissages (5) ; rg = 1.00
Grosses difficultés/ Très bon élève (5) ; rg = 1.20
Difficultés apprentissages (5) ; rg = 1.60
Performant (5) ; rg = 2.00
Résultats satisfaisant (5) ; rg = 2.40
Compétences acquises CII (5) ; rg = 2.60
Difficultés lecture (5) ; rg = 3.80
Case 4
A l’aise/ Faible (8) ; rg = 2.88
Homogène (8) ; rg = 3.63
Difficultés écrit (6) ; rg = 3.00
A l’aise oral/ Constant/ Lecteur/ Pas difficultés particulières (5) ; rg = 2.80
Bons résultats/ Peu intérêt (5) ; rg = 3.00
Désintérêt/ Pas scolaire (5) ; rg = 3.40
EPS point fort (5) ; rg = 3.60
Discret (5) ; rg = 3.80

En tête de liste, on trouve bon élève, puis en difficulté, ce qui n’a évidemment rien d’étonnant. Nous pouvons pourtant noter que signaler un bon élève est plus vite évoqué qu’un élève en difficulté. Puis on trouve s’ennuie, ce qui signifie bien que le commentaire est important et trouve écho dans les résultats ; et, comme nous l’avions mis en avant, qu’il concerne les différents profils d’élèves, puisque c’est le premier terme commun. On a ensuite une succession d’associations relatives aux deux profils : difficultés et manque motivation sur le même plan; et scolaire, sérieux, polyvalent et intelligent, mais également la question des  compétences acquises.

Nous pouvons donc déjà dégager quelques grandes lignes de force autour des représentations de l’ennui induites par des profils d’élèves. Plus de termes sont évoqués pour qualifier les élèves en réussite scolaire. Puisque nous avons par l’intermédiaire de cette méthode d’analyse un classement par fréquence et rang moyen, cela signifie qu’il y a un plus fort consensus autour des associations réalisées par les enseignant-e-s ayant eu un relevé de note d’une fille ou d’un garçon en réussite. A l’inverse, il semble alors plus difficile pour les enseignant-e-s de trouver des termes qualifiant les élèves en difficulté.

Un second point concerne les termes utilisés, et plus particulièrement pour qualifier les élèves en réussite vs en difficulté. En termes d’attribution, pour analyser comment les enseignant-e-s expliquent l’ennui, on peut distinguer les attributions internes et externes, contrôlables ou non et modifiables ou non. Décrire une ou un élève comme « scolaire » relève d’un système d’explication ambiguë. En effet, être scolaire signifie à la fois qu’un ou une élève a assimilé son « métier d’élève », en a compris les enjeux, mais porte également une connotation plus négative, qui laisse entendre que justement, l’élève n’est qu’élève. L’adjectif sérieux est une explication plutôt interne, et sur lequel l’enseignant-e ne peut pas intervenir, tout comme polyvalent, qui n’est pas non plus relatif au domaine scolaire. C’est encore plus le cas avec intelligent, qui fait cette fois référence à une explication essentialiste par excellence.

A l’inverse, pour décrire et expliquer les élèves en difficulté, on trouve donc difficultés (observation comportementale) ou en difficulté, et manque de motivation. Dans ce cas, les explications sont plutôt scolaires et modifiables. Nous n’approfondirons pas plus l’analyse de ces données, car ce traitement ne permet pas de connaître les variables plus en détail, mais nous retiendrons d’abord que les enseignant-e-s qualifient plus les élèves en réussite qu’en échec, et que l’ennui est pris en compte dans la description des élèves, ce qui signifie qu’il est significatif en termes d’explication.

Notes
70.

Avec T= nbr réponses différentes ; N = 1 seule réponse

71.

A la différence du reste de notre travail, nous utiliserons le masculin (bon élève, intelligent…), d’abord car c’est ce que nous avons fait pour lemmatiser, mais également pour facilité la lecture des différents tableaux.

72.

Case 1 = zone centrale de la représentation ; Case 4 = zone périphérique ; Case 2 et 3 = informations ambiguës