7-2-3- Garçons et filles en réussite et en difficulté

Nous avons ensuite procédé par découpage du corpus, afin de dégager des points de comparaison. Dans un premier temps, nous allons décrire les représentations associées à un ou une élève en réussite et s’ennuyant.

Tableau 23 : Représentations suite à la lecture d’un relevé d’élèves en réussite
  Inférieur à 2.73 Supérieur ou égal à 2.73
Rang moyen 2.73





Supérieur ou égal à 7




Fréquence






Inférieur à 7 et supérieur ou égal à 4
Case 1
Bon élève (46) ; rg = 2.32
Scolaire (21) ; rg = 2.76
S’ennuie (17) ; rg = 2.53
Compétences globales acquises (17) ; rg = 1.76
Sérieux (15) ; rg = 2.67
Polyvalent (12) ; rg = 2.56
Intelligent (9) ; rg = 2.36
Complet (8) ; rg = 2.25
Travailleur (8) ; rg = 2.75
En réussite (7) ; rg = 1.43
Case 2
Rêveur (17) ; rg = 3.53
Facilités (16) ; rg = 3.13
Ennui (10) ; rg = 3.60
Appliqué (9) ; rg = 3.33
Précoce (9) ; rg = 4.25
A l’aise (8) ; rg = 2.88
Case 3
Satisfaisant (6) ; rg = 1.67
Compétent (6) ; rg = 2.50
Très bon élève (5) ; rg = 1.20
Performant (5) ; rg = 2.00
Résultats satisfaisants (5 ) ; rg = 2.40
Bon niveau (4) ; rg = 1.75
En avance (4) ; rg = 2.00
Autonome (4) ; rg = 2.50
Constant (4) ; rg = 2.75
Autonome/ Difficultés apprentissages (5) ; rg = 1.60
Performant (5) ; rg = 2.00
Résultats satisfaisant (5) ; rg = 2.40
Compétences acquises CII (5) ; rg = 2.60
Difficultés lecture (5) ; rg = 3.80
Case 4
Concentration (6) ; rg = 3.00
Dans la lune/ Manque de motivation (6) ; rg = 3.17
Homogène (6) ; rg = 3.50
Etourdie (6) ; rg = 3.83
Distrait (6) ; rg = 4.00
Pas difficultés particulières (5) ; rg = 2.80
Bons résultats (5) ; rg = 3.00
Inattentif (5) ; rg = 3.60
Passivité (5) ; rg = 4.20
Littéraire (4) ; rg = 3.25
Assidu/ Dans les apprentissages (4) ; rg = 3.50

Bon élève est ce qui qualifie le mieux les élèves, et pas très bon niveau que l’on trouve en zone dite périphérique, et qui renvoie non pas à l’élève mais à ses résultats. L’association pour les enseignant-e-s au sujet des élèves en réussite est relatif au comportement et à la position de l’élève dans l’espace scolaire, avec scolaire. Nous l’avons noté, qualifier un élève de scolaire est assez polysémique en termes d’explication, puisqu’il s’agit plutôt d’un comportement acquis par l’élève, qui a décrypté le « métier d’élève » (Perrenoud, 2004). Mais ce terme porte également un versant plus négatif, qui laisse entendre que l’élève est plutôt conforme à la norme scolaire. Puis s’ennuie est évoqué, ce qui signifie qu’il y a une importance et un enjeu suffisamment fort pour être au centre des associations, mais également compétences globales acquises, une des seules associations que l’on peut assimiler à une attribution interne scolaire, même si elle est nuancée par la construction du relevé de notes, qui mentionne les acquisitions.

Ensuite, et comme nous l’avons souligné, on trouve un certain nombre d’adjectifs dispositionnels, plutôt internes, non contrôlables et non modifiables par l’enseignant-e : sérieux et intelligent, qualifient des traits internes à l’élève. Polyvalent et travailleur pourraient être également entendus comme des traits, même s’il revêtent une connotation issue du vocabulaire scolaire, tout comme complet et en réussite.

En périphérie, on distingue principalement des traits internes à l’élève : concentration, manque de motivation (dans la lune ne sera pas traité comme un trait puisqu’il est tiré de l’appréciation sur le relevé de notes). Quant à distrait, étourdi, inattentif et assidu, il s’agitplutôt des traits relatifs à la personnalité. Un second axe décrit cette fois non plus l’élève sur des critères internes, mais plutôt en fonction des résultats scolaires : homogène, bons résultats, pas difficultés particulières et dans les apprentissages. Un seul trait est relatif au comportement : passivité. Nous noterons également l’évocation de littéraire, en lien avec les compétences scolaires, mais qui pourtant fait aussi référence à un système d’explication proche de l’innéisme. Nous observons donc que les traits de personnalités sont soit plutôt internes, soit en termes de résultats scolaire, donc plutôt externes.

Concernant les zones dites floues ou ambiguës, on peut dire pour résumer que la case 2 décrit l’élève en termes de traits de personnalité, pour certains proches de l’inné, et la case 3 l’élève lui-même en lien avec ses compétences. En effet, on trouve dans la case 2 l’élève et sa personnalité : rêveurfacilités, appliquéprécoce, à l’aise, en lien avec l’ennui. Alors que dans la case 3 on a des associations en lien avec des compétences plus scolaires, à la fois sur l’élève et là encore en termes d’attribution interne, mais qui semblent plus modifiables, car plus proches de traits de type scolaire : compétentperformanttrès bon élève, constantautonome. En effet, la compétence ou l’autonomie s’acquièrent, ce qui est moins vrai des facilités ou de la précocité.

La réussite et l’ennui renvoient donc chez les enseignant-e-s à une représentation en termes d’attribution plutôt interne et personnologisante, autour d’une opposition structurante inné vs acquis, l’inné en lien avec la personnalité même de l’élève, et l’acquis avec l’apprentissage et la position scolaire. L’inné est prédominant, notamment par l’intermédiaire du nombre important de traits en lien avec la personne. On observe aussi un système dichotomique dans les cases 1 et 4, où ils et elles associent majoritairement des adjectifs relativement positifs en premier lieu, comme sérieuxintelligent ou travailleur ; alors qu’ensuite sont évoqués des traits plus négatifs, comme par exemple distraitétourdi ou encore inattentif.

Dans un second temps, nous nous sommes attachées à décrire les associations réalisées par les enseignant-e-s lorsque le relevé de notes était celui d’un élève en difficulté.

Tableau 24 : Représentations suite à la lecture d’un relevé d’élèves en difficulté
  Inférieur à 2.73 Supérieur ou égal à 2.73
Rang moyen 2.73

Supérieur ou égal à 7





Fréquence




Inférieur à 7 et supérieur ou égal à 4
Case 1
En difficulté (36) ; rg = 2.00
Difficulté (27) ; rg = 2.41
Ennui (17) ; rg = 2.53
S’ennuie (13) ; rg = 2.38
Manque motivation (9) ; rg = 2.00
Bcp compétences NA (7) ; rg = 2.29
Rêveur (7) ; rg = 2.29
Case 2
Difficulté compréhension (15) ; rg = 3.13
Concentration (13) ; rg = 3.00
Sportif (11) ; rg = 4.18
Lacunes (10) ; rg = 2.90
Faible (8) ; rg = 2.88
Case 3
Pas intéressé (6) ; rg = 2.00
Sens de l’école (6) ; rg = 2.50
Sens des apprentissages (5) ; rg = 1.00
Grosses difficultés (5) ; rg = 1.20
Démotivation (5) ; rg = 2.00
Compétences acquises CII (5) ; rg = 2.60
Difficultés apprentissage (4) ; rg = 1.50
Difficultés lecture/ Peu compétences acquises/ Problèmes méthodologie (4) ; rg = 2.50
Case 4
Difficultés écrit (6) ; rg = 3.00
Passivité (6) ; rg = 3.67
Distrait (6) ; rg = 4.50
Désintérêt/ Pas scolaire (5) ; rg = 3.40
EPS point fort (5) ; rg = 3.60
Distrait (5) ; rg = 4.50
Lecteur (4) ; rg = 2.75
En retard/ Difficultés abstraction (4) ; rg = 3.50
Discret (4) ; rg = 3.75

D’emblée, et au regard des différentes zones, la ou les difficultés sont récurrentes : en case 1 on trouve en difficulté et difficultés, que nous avons dissocié dans la lemmatisation car le premier décrit l’élève, et le second est plus en lien avec les compétences scolaires. En case 4 on trouve difficultés écrites en premier, et en dernier difficultés d’abstraction. Enfin, en case 2 : difficultés compréhension ; et en case 3 : grosses difficultésdifficultés apprentissages et difficultés lecture.

Pour les enseignant-e-s, l’ennui est également souvent évoqué, d’abord avec ennui, assez vague, puis s’ennuie, intrinsèque à l’élève. Contrairement aux représentations plus générales de l’ennui (Chapitre 5), la motivation est évoquée (manque de motivation), et non la question de l’intérêt. On trouve ensuite la question des compétences Non Acquises, puis en lien avec l’élève rêveur.

En périphérie, sont évoquées là encore des descriptions ayant trait aux compétences scolaires et à l’élève. Difficulté écrit, EPS point fortlecteuren retard et difficultés d’abstraction appartiennent au champ des compétences. On peut noter une tendance à la valorisation de leur part, notamment avec EPS point fort  et lecteur par exemple. En lien avec l’élève, et dans un système de description personnologique, on retrouve distraitétourdi et discret. Enfin passivitédésintérêt et en retard sont plutôt relatifs à la position de l’élève, c’est-à-dire entre les deux systèmes d’explication.

Dans les cases 2 et 4, on retrouve une structure identique aux associations réalisées en contexte de réussite scolaire, avec pour la case 2 des descriptions plutôt relatives à l’élève, même si l’on trouve difficultés compréhensionconcentration et sportif, qui seraient alors des attributions plutôt personnalisantes. Lacune et faible quant à eux plutôt en lien avec la position scolaire. En case 4, nous avons affaire à des termes de compétences scolaires, ainsi que des explications d’ordre plus social, comme avec le sens de l’école, le sens des apprentissages, que l’on peut relier à pas intéressé. Toutes les autres associations renvoient aux compétences non acquises ou à des difficultés spécifiées, donc globalement sur un versant plutôt pédagogique et scolaire qualifiant plutôt des éléments contextuels.

Les associations sont majoritairement axées autour de la question de la difficulté ou des difficultés plus générales, ainsi que de l’ennui, plus qu’en contexte de réussite où l’on ne trouve que s’ennuie. Il n’y a pratiquement pas de termes décrivant l’élève, et les explications sont plus d’ordre pédagogique. On trouve des descriptions plus internes à l’élève en périphérie. Il y a donc une structure identique d’oppositions, que l’on peut également résumer en termes de disposition vs acquisition, et l’on peut plus précisément noter que le manque d’acquis au niveau pédagogique est plus important que l’aspect plus innéiste et dispositionnel.