8-2-2- Les remédiations proposées

Dans un second temps, nous avons demandé aux enseignant-e-s de s’exprimer quant à une remédiation possible, en répondant à la question :

‘« Que pensez-vous pouvoir mettre en place pour cet-te élève ? »’
Figure 10 : Analyse Factorielle des Correspondances avec la taille des points proportionnelle à l’effectif qu’ils représentent
Figure 10 : Analyse Factorielle des Correspondances avec la taille des points proportionnelle à l’effectif qu’ils représentent
Figure 11 : Analyse Factorielle des Correspondances avec la taille des points non proportionnelle à l’effectif qu’ils représentent
Figure 11 : Analyse Factorielle des Correspondances avec la taille des points non proportionnelle à l’effectif qu’ils représentent

Nous pouvons d’abord remarquer qu’à la différence des prédictions faites par les enseignant-e-s, les remédiations proposées sont assez spécifiques au profil de l’élève. On trouve la même configuration, avec sur l’axe horizontal du repère, au quadrant inférieur, les filles, ayant un bon relevé de notes ou en difficulté ; et sur le quadrant supérieur les garçons, là aussi en réussite ou non (cf. Figure 10 et 11). Mais à la différence du repère précédent, les quatre profils sont assez éclatés. Si l’on observe d’abord les termes les plus importants, on trouve toujours élève, mais cette fois plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’élèves en réussite, et encore plus un garçon. Le travail est le terme le plus partagé en fonction du sexe de l’élève, mais plutôt en réussite scolaire. On pourrait dire en termes de position et de poids, qu’au travail pour les élèves en réussite, on trouve la différenciation pour les élèves en difficulté. La question des apprentissages est partagée pour les garçons et les filles en difficulté, tout comme le verbe pouvoir et le projet. De l’autre côté du quadrant vertical, on trouve les difficultés et donner.

L’ennui prend toujours sens en réussite scolaire, mais contrairement à la question précédente, avec un élève. Cela signifierait alors que l’ennui est plus saillant lorsqu’il s’agit d’une prédiction, et aurait alors plus de poids avec une fille en réussite . Mais de façon plus ponctuelle, lorsqu’il est demandé ce qui pourrait être mis en place, il ressort comme plus signifiant avec les garçons. On note également que la motivation, avec le verbe motiver, a changé de position sur le repère, et est cité dans le cas de garçons en réussite. Le tutorat est préconisé pour les garçons en réussite, tout comme le contexte classe, et les situations. Il est fait référence aux compétences, mais également à une certaine vigilance (attention), à proximité d’ennui.

Lorsqu’il s’agit de filles en réussite, on a une variété de termes évoqués beaucoup plus importante. Cette remarque est également valable pour les filles en difficulté. Alors que l’on trouve compétences pour les garçons, il est fait référence au niveau pour les filles, avec davantage et activités, termes proches d’exercices. Eviter, proposer et autonomie, ainsi que lapédagogie sont également spécifiques aux filles en réussite. On voit bien une différenciation de remédiation entre filles et garçons : responsabilisation et rôle à jouer au sein du groupe classe avec le tutorat pour les garçons, et travail en autonomie par l’intermédiaire d’activités ou d’exercices pour les filles. A travers ces remarques, se dessinent les stéréotypes de sexe autour de la responsabilité des garçons, et des filles scolaires et travailleuses.

On observe aussi une différenciation lorsqu’il s’agit d’élèves en difficulté, mais un peu moins marquée. En effet, on pourrait dire que l’on a un type intermédiaire d’élève neutre en difficulté, avec les termes positionnés sur l’axe horizontal. La différenciation est la remédiation à proposer pour un élève en difficulté, ainsi que le projet dans une moindre mesure. De même, le verbe pouvoir est partagé, tout comme les apprentissages. Puis, une fois la remédiation proposée en fonction de la variable la plus évidente qui est le niveau scolaire de l’élève, on a deux profils distincts de type d’intervention selon le sexe de l’élève. Pour un garçon, on a mise et place, essayer, faire. On est dans une dynamique de travail, renforcée par acquis et exemple. Ces quelques termes mettent en évidence une implication assez partagée.

Pour les filles en difficulté, nous l’avons remarqué, il y a beaucoup plus de termes, mais avec une récurrence plus limitée. On peut donc en déduire qu’il y a un plus faible consensus de la part des enseignant-e-s lorsqu’il s’agit d’une élève, en réussite ou en échec scolaire. Il est question d’aider, de trouver et de falloir. Il est fait référence à la remédiation par le groupe, mais on note surtout la présence du terme remédiation lui-même, du contrat, comme autre outil de remédiation, puis des parents et du RASED 74, ainsi que le français. On trouve aussi enseignant, partagé par les filles et semble. Ces termes mettent en évidence une représentation différenciée entre les garçons et les filles, et ce à plusieurs niveaux. D’abord au niveau de la « méthode », explicite chez les filles, avec remédiation, et qui semble s’articuler en deux phases : une prise en charge au sein du groupe classe, et dans un second temps, une ouverture vers les autres acteurs de l’éducation, que sont à la fois les parents, mais également les structures d’aide proposées, avec le RASED.

Que la matière scolaire français ressorte à cet endroit dans le repère est très intéressant. Cela démontre la puissance des stéréotypes fille/garçon dans les matières scolaires, puisque le relevé de notes est identique, et que l’élève est autant en difficulté dans le bloc scientifique que littéraire.

On peut donc affirmer à la lumière des termes employés par les enseignant-e-s, que lorsqu’il s’agit de mettre en place une remédiation, ils et elles distinguent trois voies : pour le garçon en réussite le tutorat ; pour la fille en réussite des exercices ou du travail ; pour les élèves en difficulté de la différenciation. Cette troisième voie se divise ensuite en un travail plus individualisé pour les garçons, et une prise en charge plutôt extérieure pour les filles.

Notes
74.

Les Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté (RASED) sont des structures permettant des aides spécialisées pour des élèves en difficulté en classes de primaire. Ces structures comprennent des enseignants spécialisés : Maîtres E (difficultés d’apprentissage), Maîtres G (difficultés d’adaptation à l’école) et psychologues scolaires.