8-2-4- Remarques spécifiques sur l’ennui

La dernière question posée traite de l’ennui en particulier dans le commentaire :

« D’après les informations dont vous disposez, pourquoi cet-te élève s’ennuie ? »

Figure 14 : Analyse Factorielle des Correspondances avec la taille des points proportionnelle à l’effectif qu’ils représentent
Figure 14 : Analyse Factorielle des Correspondances avec la taille des points proportionnelle à l’effectif qu’ils représentent
Figure 15 : Analyse Factorielle des Correspondances avec la taille des points non proportionnelle à l’effectif qu’ils représentent
Figure 15 : Analyse Factorielle des Correspondances avec la taille des points non proportionnelle à l’effectif qu’ils représentent

On peut remarquer que l’ennui est central. Cela s’explique par la question, mais on aurait pu penser, au regard des observations précédemment obtenues, qu’il serait plus proche de l’axe vertical gauche, c’est-à-dire des élèves en réussite. En termes de variables signalétiques, nous avons cette fois au sujet de l’ennui une configuration un peu différente : les filles et les garçons en réussite sont assez proches, ce qui est moins le cas pour les garçons et les filles en difficulté.

Et dans ce cas, élève, terme didactique et neutre, est du côté de la réussite, et encore plus du garçon en réussite, ainsi que classe. Selon les sujets, un garçon en réussite scolaire et s’ennuyant, est à mettre en lien avec le travail, en avance, et la maîtrise. Il est fait référence aux connaissances et aux capacités. On est donc dans une représentation qui fait référence à la maîtrise et l’acquisition des connaissances, qui ensuite peuvent donner lieu à l’ennui. Dans le cas d’une fille en réussite, et contrairement à ce que nous avons distingué dans la recherche précédente (Chapitre 7) et ce que nous avons prédit, la précocité est une explication de l’ennui des filles en réussite. Mais on notera que dans ce cas, simples, différenciation, acquis, ou encore compétences, vite, facile et apprendre, relèvent très fortement du champ scolaire. On peut alors expliquer la présence du fait d’être précoce, comme un moyen de justifier la réussite des filles parce que la situation leur semble ambiguë lorsqu’elle est mise en lien avec l’ennui. En effet, les travaux sur les représentations sociales de l’intelligence mettent en évidence que le « don » est invoqué en cas de situation ambiguë (Mugny et Carugatti, 1985). Même si les termes sont un peu différents, on trouve cependant, et là encore à la différence des autres questions, une représentation relativement homogène de l’élève en réussite.

En revanche, la compréhension de l’ennui dans le cas d’élèves en difficulté est différenciée selon le sexe de l’élève. On trouve partagé pour les deux variables sexe le verbe sembler, et scolaire, mais dans le cas d’une fille, il est fait référence au manque d’intérêt, aux activités, aux difficultés à suivre, aux problèmes, aux bases. Lorsqu’il s’agit d’un garçon, il est fait référence aux apprentissages, qui demanderaient alors peut-être à être adaptés. Les termes de doute, demandé, trouvé positionnent là encore l’élève et l’enseignant-e dans une posture assez dynamique. Mais surtout, il est fait référence au sens de l’école, à comprend, ainsi qu’à décroché.

On peut alors dire que les enseignant-e-s comprennent l’ennui d’un garçon en difficulté comme le résultat d’une incompréhension du sens de l’école, et d’un décrochage scolaire, ce qui n’est pas le cas pour les filles en difficulté, qui elles manquent d’intérêt. Les causes de l’ennui dans un cas sont liées à des causes externes, et dans l’autre cas à une explication intrinsèque à l’élève. Face à ces deux manières d’interpréter l’ennui des élèves en difficulté, on trouve cette fois-ci une compréhension assez semblable de l’ennui en réussite scolaire, mais qui trouve comme justification le travail scolaire pour les garçons et une pensée proche de l’idéologie du don chez les filles en réussite.

Selon la question posée aux enseignant-e-s, on distingue un certain nombre de différences, d’abord en lien avec la variable du niveau scolaire. Selon les cas, on distingue un certain consensus, mais qui reste variable. En effet, nous n’avons pas observé qu’il se dégageait par exemple une représentation qui pourrait être du type : garçons et filles en difficulté, filles en réussite et une troisième garçons en réussite.