Visages de lecteurs

Il est assez difficile de reconstruire une image du lectorat du Journal en partant des témoignages disparates de quelques contemporains, que nous avons cités dans le premier chapitre. Les journalistes lisent la nouvelle feuille en tant que gens du métier, pour ne plus parler de lecteurs tels La Harpe, dont l’intérêt pour le Journal est directement lié au fait que son nom paraît si souvent dans les pages du quotidien en 1777. Ce qui nous intéresse en revanche, c’est de connaître de quoi est faite la masse des lecteurs, où ils habitent, quel est leur statut social, ce qui attire leur attention à propos de la première feuille quotidienne et quels sont les masques dont ils se servent pour s’y adresser . Selon Nicole Brondel, le Journal aurait compté, dès son départ, plus de 2500 lecteurs.221 ’Une note de Gilles Feyel comptabilise les lecteurs du quotidien à travers le temps : selon l’Abbé Baudeau222, ’en 1779 le Journal diffuserait “‘ 5 à 6 mille copies ’”‘ , ’pour Palissot en 1782, il y aurait 5000 abonnés, et Garat lui en donne plus de 12000 copies en 1791223.

Au-delà des chiffres, c’est le Journal lui-même qui constitue notre principale source pour reconstituer la physionomie de son lectorat. Certes, l’autoréférentialité est sujette au risque de donner des réponses parfaitement compatibles avec l’image que le Journal construit de soi-même. Pourtant, le Journal est non seulement une source très riche d’informations sur ses propres lecteurs, incontournable donc à ce sujet, mais il se constitue manifestement comme correspondance de ses propres lecteurs, ce qui implique qu’il contient des données sur ses correspondants. C’est par ailleurs un lecteur du Journal qui tente, dans une lettre publiée en 1786, de fournir le nombre des lecteurs du quotidien :‘ ’“‘ Si cette Lettre obtient une place dans votre feuille, je serai consolé le lendemain ; je serai plaint au moins par 40 ou 50 mille lecteurs bénévoles, quand ils connaîtront le motif de ma peine ’” 224.

Pour pouvoir saisir la masse des lecteurs du quotidien dans sa diversité, il suffit de prêter attention aux signatures des nombreuses lettres publiées par le quotidien. Un grand nombre finissent par la formule‘ ’“‘ J’ai l’honneur d’être, etc. ’”,‘ ’sans aucune signature, mais l’anonymat n’est que partiellement accepté. Il est évident que, pour des raisons de censure, les journalistes de Paris exigent de leurs correspondants de signer leurs lettres, tout en les assurant de ne pas dévoiler leur identité à la publication, s’ils ne le désirent pas. Autrement dit, si toutes les lettres qui arrivent au Bureau du Journal ’doivent porter la signature de leurs rédacteurs, les lettres publiées peuvent effacer ou voiler l’identité de ces derniers. Cette règle de publication est exposée par les rédacteurs dans un “Avertissement ”, dès les premiers jours d’existence du Journal :

‘L’anecdote insérée dans le N°18, qui concerne la famille de M Bordeu, nous a été envoyée dans une Lettre anonyme. Nous croyons devoir prévenir le Public, qu’à l’avenir nous ne ferons usage d’aucun avis de cette nature, à moins que l’Avis ou la Lettre d’envoi ne soit signée et qu’elle ne contienne la qualité et la demeure de la personne qui écrit. Nous serons, par ce moyen, en état non seulement de vérifier la certitude des faits ; mais encore de pouvoir prendre l’agrément des personnes intéressées225.’

Elle est évoquée de temps en temps par les rédacteurs, comme pour signaler son exacte mise en pratique : “‘ L’Auteur de cette Lettre a désiré garder l’anonyme, mais il nous est parfaitement connu ’” 226, ’ou bien pour servir d’avertissement à ceux qui l’ignorent ou semblent l’avoir oubliée :‘ ’“‘ L’Auteur d’une lettre envoyée au Bureau de ce Journal, sous le nom d’Agélaste, est prié de se faire connaître plus particulièrement, s’il désire que sa Lettre soit rendue publique ’”227 ’Connaître les auteurs de toutes les lettres publiées comme anonymes permet parfois aux journalistes de se rendre garants de la vérité de l’information, comme ils le soulignent dans une note de 1784 :‘ ’“‘ L’Auteur de cette lettre nous est connu, et le fait peut être regardé comme certain ’ ”228 ’Ce n’est qu’en cas de grande certitude sur l’identité de l’auteur d’une lettre que les journalistes se soustraient à la règle qu’ils se sont imposée, comme c’est le cas d’une lettre publiée en 1787, qui, sans être signée, est attribuée à un M de Saint-Pierre:‘ ’“‘ La lettre suivante nous a été adressée par une personne qui ne s’est point nommée. Quoiqu’elle ne soit pas signée par M de St Pierre, nous ne doutons point qu’elle ne soit écrite par lui, et nous nous faisons un devoir de la publier ’”229.‘ ’En dépit de la règle de transparence de l’identité des correspondants du‘ Journal, ’le droit d’anonymat à la publication est tout aussi important, et s’il arrive qu’il est n’est pas respecté par un défaut d’impression, les rédacteurs présentent promptement leurs excuses :

‘Les Auteurs du Journal se sont fait un devoir de ne jamais imprimer, dans les Pièces qui leur sont adressées, le nom d’aucune personne connue, qu’après s’être assurés qu’on peut le faire sans inconvénient. Ils ont vu avec peine que malgré leur circonspection à cet égard, l’Imprimeur avait restitué par méprise, dans une Pièce imprimée dernièrement, un nom qui avait été rayé sur la copie230.’

C’est toujours par méprise que l’on a imprimé le nom de l’accoucheur de Madame la Princesse de Croy, Destremeaux. Ce dernier écrit une lettre contrariée au Journal pour protester contre cette indiscrétion, lettre que l’on publie accompagnée de sa signature et d’une justification des rédacteurs : “‘ Le nom de M Destremeaux n’avait été mis au bas de la note que comme renseignement particulier, point du tout destiné à l’impression ; il est aisé de voir que ce n’est que par l’oubli qu’on l’a laissé subsister ’ ” 231 ’Le jeu de l’oubli et de la contrariété, de la réclamation et de la justification fait effacer, en fin de compte, l’anonymat, qui était‘ ’justement le sujet de l’échange : le nom de l’accoucheur est publié deux fois, dont une fois volontairement.

Si, parfois, il est inévitable que les lecteurs fassent toutes sortes de suppositions quant à l’identité des anonymes, les rédacteurs trouvent qu’il est juste d’intervenir lorsqu’on risque de s’acheminer sur de fausses pistes, en accolant à une lettre un faux auteur : “‘ Nous croyons devoir détromper quelques personnes qui ont présumé que la Lettre insérée dans le n°29, sur le brouillard du jeudi 21, était de M Sage. Nous en connaissons l’Auteur, c’est un jeune homme qui n’a pas attaché assez d’importance à ses observations pour vouloir être nommé ’”232.

La double face de l’anonymat dans le Journal ne manque pas d’encourager un permanent jeu d’identités entre les rédacteurs et les lecteurs, ces derniers étant souvent à la recherche des noms qui se cachent derrière les pseudonymes et les initiales, ou encore derrière l’absence de toute signature. Les journalistes de Paris interviennent selon le cas, pour atténuer ou déplacer les soupçons des lecteurs, comme ils le font dans une “Nota” de 1777 :‘ ’“‘ Quelques personnes ont attribué à quelques-uns de nos anciens Correspondants la Lettre où l’on justifie Montesquieu ’ ‘ contre la critique insérée ’ ‘ dans le Journal politique et littéraire ; nous pouvons affirmer, sur l’autorité la plus digne de foi, qu’elle est d’un homme de lettres, de qui on n’avait encore rien imprimé dans le Journal de Paris ’” 233

Pourquoi les lecteurs du Journal préfèrent-ils garder l’anonymat ? La raison principale, le plus souvent sous-entendue, est de ne pas exposer son identité au jugement public. Avec ses batailles fulgurantes d’idées, parfois impitoyables, favorisées par l’échange rapide de lettres, le Journal devient une lice où l’anonymat représente un bouclier bien rassurant.‘ ’A cela s’ajoute, la crainte d’un jugement sévère de la part du groupe ou de la corporation à laquelle appartient l’auteur de la lettre. Tel est le cas du Garçon Barbier, auteur d’une découverte, qui demande au Journal de passer son nom sous silence : “‘ (…) vous imaginez aisément ce que j’aurais à craindre du ressentiment de la respectable communauté à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir. Vous savez qu’il ne faut ni badiner ni se brouiller avec les Corps ’”234 . ’Dans le cas d’un lecteur retiré à la campagne, la raison du choix de l’anonymat est la distance qui‘ ’l’empêche de répondre promptement aux éventuelles attaques :‘ ’“‘ Trouvez bon, Messieurs, que mon nom reste au bout de ma plume. Ce n’est pas que je craigne les invectives quand je suis sur place ; mais de loin elles me fâchent ’”235.‘ ’Ce sont également les lecteurs qui écrivent et envoient des donations pour la rubrique “Bienfaisance” du Journal qui demandent souvent de garder l’anonymat. Brandir son identité en tant que bienfaiteur correspond à une preuve d’exaltation de son amour-propre, un geste presque impudique. Aussi le lecteur qui envoie en toute confiance au Bureau du Journal la somme de dix louis pour aider une famille dont le père s’est gravement blessé, demande-t-il aux journalistes‘ ’“‘ pour unique grâce de [le] laisser garder le plus parfait incognito ’”236. ’Il existe pour autant des voix contraires à l’usage de l’anonymat dans les lettres à caractère philanthropique, la raison principale étant qu’apposer son propre nom sur les œuvres de bienfaisance pourrait devenir un facteur d’émulation pour les‘ ’“‘ âmes sensibles ’”‘ ’et un moyen de stimuler la vanité237.

Ecrire protégé par un masque peut donner aussi plus d’élan à la plume, garantir une espèce de légèreté synonyme de liberté d’expression que le poids du propre nom, exigeant toujours d’être défendu, ne fait qu’entraver. C’est l’avis du lecteur qui cherche femme à travers le Journal et qui avoue que l’anonymat l’aide à dresser le portrait véridique de soi-même, car,‘ ’“‘ étant caché derrière ’ ‘ le rideau de l’anonyme, mon amour propre n’aura point à souffrir des coups de pinceau de la vérité ’”238.‘ ’“Le Solitaire des Pyrénées” s’avoue également enivré par l’idée de mise à nu de soi-même, sans l’embarras de se nommer :

‘N’exigez pas que je signe mes Lettres, cela n’est bon à rien. Mon nom ne peut intéresser qu’une vaine curiosité ; il n’a pas toujours été obscur, mais il l’est devenu, et je ne m’en plains pas. (…) Mon amour propre n’aurait rien à gagner si je m’en nommais ; au lieu que l’incognito me donnera la petite satisfaction de parler de moi sans embarras ; et vous savez que le premier besoin de l’amour-propre est peut-être moins d’occuper les autres de soi, que d’en occuper soi-même (…)239.’

A la recherche d’informations sur les lecteurs du Journal, voyons donc qui signe et de quelle manière les lettres qui y sont publiées tous les jours. Ceux qui veulent protéger leur‘ ’identité sous le voile de l’anonymat signent leurs lettres par des formules neutres, telles “Un Abonné” 240, ’“Un de vos Abonnés” 241 ’“Par un Abonné” 242 ’“Votre Ancien Abonné” 243 ’ou encore par une affirmation pure et simple de leur anonymat, telle “l’Anonyme”.244 ’Quant aux lettres anonymes collectives, elles portent des signatures telles “Plusieurs de vos Abonnés” ou “Six de vos Abonnés”. Certains correspondants préfèrent, en revanche, rester en ombre, tout en signant de leurs initiales, formules cryptées de majuscules, plus ou moins longues, qui ne peuvent qu’enflammer la curiosité : “DLDADG”245, ’“LFDA” 246, ’“B‘ ’” 247, ’“PHP” 248 ’ou “Don J*F*D*”249. ’L’usage de l’anagramme est un moyen de se faire reconnaître uniquement par un nombre réduit de personnes, tout en restant anonyme pour les autres lecteurs. Tel est le cas de “Zédnole” qui explique :‘ ’“‘ Je ne signerai que par l’anagramme de mon nom, sous laquelle les personnes que je réclame me reconnaîtront ’”250.‘ ’Signalons aussi des hybrides obtenus des deux formules réunies, telles “B, un de vos Abonnés”251, ’“A, Abonné”252, ’ou “***, une de vos Abonnée et de celles du Lycée”253. ’Les initiales ou les astérisques sont souvent combinées avec des titres de noblesse (“Le Comte de P” 254,‘ ’“Le Comte de***” 255, ’“La Comtesse de***”256), ’ou des détails de genre ou de profession (“LMD******** femme” 257,‘ ’“F, Avocat au Parlement” 258, ’“T…Licencié-ès-Lois” 259, ’“PLG, Architecte”260).

Ce qui délecte surtout les abonnés du Journal de Paris sont les nombreux pseudonymes qui fleurissent de page en page, certains passagers, d’autres des noms familiers que les lecteurs se passionnent à citer et à chercher à chaque numéro du quotidien. Parmi les plus connus il y a “Le Marin Kergolé” 261 ’(dont nous aurons l’occasion de parler plus longuement), “Pro Patria”262,‘ ’“L’Anonyme de Vaugirard” 263, ’“Le Jardinier d’Auteuil”264 ’ou‘ ’“Le Voisin des Ardennes ” 265 ’ou “Nigood d’Outremer” 266.‘ ’Ce sont des masques qui peuplent le Journal, tels les personnages d’un roman, que les lecteurs suivent, critiquent et défendent éperdument, et dont la particularité mystérieuse est que, même si l’on connaît l’identité de la personne qui se cache derrière le masque, ils semblent avoir une vie propre et demeurent en quelque sorte des personnages de fiction, produits du Journal qui les a engendrés.

Les lecteurs s’amusent à découvrir “Tom Reader”, représentant d’une coterie de Bachelors Irlandais venus observer les mœurs parisiennes267, ’“ Bradel père et fils” discourent sur les modes et les spectacles268, ’“Nieman”, le négociant hollandais, critique la mode et l’architecture françaises269, ’“Dit-Toujours” se donne pour un amateur de spectacles270, ’“L’homme d’un gros bon sens” répand des conseils à ses semblables271, ’“Thomas de Gourmandis” propose aux lecteurs une délicieuse recette272, ’et “L’Homme aux dix mille livres” promet de se placer dans la lignée du Spectateur d’Addisson pour illustrer les ridicules des mœurs de son temps.

Le Journal de Paris regorge de personnages carnavalesques, pourvus de noms fantaisistes, qui s’interrogent sur le monde ou se proposent de le changer sur un ton enjoué. Certains noms ont la résonance moralisatrice d’un Spectateur Anglais : “Le Cher Ethicien” 273, ’“Le Vray”274, ’“Pro Veritate”275, ’“L’Anti-Louangeur”276 ’et les années 1787, 1788 et 1789 se caractérisent par une profusion de solitaires et d’ermites passionnés par les digressions et par les réflexions morales, qui semblent se passer l’un l’autre la parole : “Le Solitaire de Pyrénées”277, ’“Le Solitaire de Migneaux”278,‘ ’“Le Solitaire du Palais Royal”279,‘ ’“L’Hermite de Saint Denis”280, ’“Le Solitaire de la rue de Verneuil”281, ’“L’Hermite de Sceaux”282.

Le Journal contient, en revanche, une quantité considérable de lettres signées, par des personnes connues ou par des inconnus, parfois en entier et parfois par le seul nom : “Laus de Boissy”, “Martinet”, “Guidi”, “Mentelle”, “De Piis”, “Bailly”, “La Harpe”, “Sylvain Maréchal”, “Grétry”, “Le Vigée”, “Le Brun”, “Feydel”, “De Mayer”, “Cerutti”. Certains des noms sont accompagnés de titres de noblesse (“Le Marquis de Ximenès” 283), de la nationalité du rédacteur de la lettre (“Sara Goudar, Anglaise”284; ’Lalkind Hourvitz, Polonais285)‘ ’ou sont imprimés en majuscules, comme pour marquer l’importance de leur possesseur (“ROUCHER”286, ’“SEDAINE”287).‘ ’Mais la plupart des signataires des lettres prennent l’habitude d’ajouter à leur nom leur profession, suivie éventuellement d’autres titres, et parfois, leur adresse : “Michaud fils, maître en chirurgie, à Aubertvilliers, près Paris”288, ’“Le chirurgien Serain”289, ’“Bucquet, Procureur du Roi Honoraire”290, ’“Colleville, Avocat au Parlement”291, ’“Aubert, médecin du Roi à Marseille”292, ’“Rigaut, Physicien de la Marine”293, ’“Royau, Auteur du Journal de Monsieur”294, ’“Cousineau, Luthier breveté de la Reine et de Mme la Comtesse d’Artois, rue des Poulies”295, ’“Croharé, Apothicaire”296, ’“Chaptal, Professeur de Chimie des Etats généraux de Languedoc”297 , ’“Traullé, Avocat”298 , ’“Royez, Libraire”299, ’“Choderlos de Laclos, Capitaine d’Artillerie”300, ’“Juvigny, Vicaire de St Eustache” 301.

Chirurgiens, avocats, militaires, curés, artistes et artisans lisent chez eux le Journal et, en même temps, participent à sa rédaction par le biais de leurs épîtres. Un quotidien dont l’ambition est de servir “au progrès des lumières” ne peut que faire appel à une classe de “professionnels” qui débattent volontiers de l’actualité scientifique, commerciale ou artistique, tout en épaississant le nombre de ses lecteurs. Toujours est-il vrai qu’il est loin de se prêter à telle ou telle spécialisation ou de s’adresser à un seul public de “connaisseurs”.‘ ’Le Journal de Paris accueille dans ses pages une grande diversité de propos et de tons, s’adresse à l’aristocrate tout aussi bien qu’au petit bourgeois, vise le lecteur cultivé autant que celui qui l’est moins302 et, tout en se présentant comme journal de la capitale, destiné à un public‘ ’urbain, il ne manque pas d’attirer des provinciaux qui lui envoient des lettres enthousiastes et se targuent de leur fidélité. Bref, c’est le‘ Journal ’de tout le monde, et il ne cesse de mettre en lumière cette vocation universaliste, tous azimuts, dans ses notices auto-référentielles, aussi bien qu’à travers son courrier des lecteurs. Il n’empêche que le premier quotidien ait comme lecteurs de prédilection les représentants d’une petite bourgeoisie urbaine, comme le montrent les nombreuses signatures et comme le suggère le Journal lui-même, à travers une critique rimée et plaisante :

‘A ce Journal je m’intéresse,
Disait une vieille Comtesse ;
Mais c’est un abus sans pareille,
Et dont tous les matins j’endève,
De marquer l’heure où le Soleil
Pour ces petits Bourgeois se lève303.’

En outre, le Journal ouvre une brèche à la marginalité, aux voix qui trouvent normalement peu de place dans la presse : la femme, l’enfant, le vieux et le domestique. Les lettres de femmes publiées par le Journal sont non seulement nombreuses, mais elles touchent à tous les sujets. Tout en invoquant leur “curiosité” naturelle, les lectrices ne se limitent pas aux seules modes et aux coiffures, mais s’intéressent aussi à la musique, aux dernières découvertes scientifiques et participent avec conviction aux actions philanthropiques déclenchées par le Journal.‘ ’Certaines d’entre elles touchent au problème du mariage ou du divorce, de la jalousie entre femmes-auteurs304 ’et plaident pour l’égalité de la femme. Apparemment, la lecture du Journal et le temps passé à la toilette ne semblent nullement s’exclure. Un lecteur convient plaisamment que la “‘ variété piquante ’”‘ ’de la feuille de Paris est appropriée aux lectrices, puisque‘ ’“‘ une femme, en la lisant à sa toilette, peut orner son esprit pendant qu’on pare sa tête, c’est-à-dire, sans qu’elle ait à vous reprocher la perte de son temps ’”305.

L’image de l’enfant reflétée par le quotidien est celle d’un être fragile et vulnérable, sujet aux accidents de toutes sortes, acteur impuissant de faits divers dans la rubrique “Evénements”. C’est aussi l’image d’une pauvreté absolue, sans espoir, à laquelle le‘ Journal ’pointe avec une certaine imprudence, quelques jours seulement après sa parution, dans‘ ’l’anecdote de l’enfant affamé qui demande à sa mère s’il devait manger sa chaise‘ .306 ’Finalement, c’est l’enfant qui fait couler les larmes et délier les bourses des lecteurs dans la rubrique “Bienfaisance”, objet de projets philanthropiques et d’attendrissement collectif, image qui rappelle les descriptions des tableaux de Greuze, si prisées par le quotidien. Pourtant, une lettre publiée en 1787, signée “Le Curieux, Ecolier de la Troisième au Collège de N…” donne voix au chapitre à une représentation inédite de l’enfance : l’enfant qui veut s’instruire, non plus objet de compassion, mais écolier avide de savoir, à la recherche d’un éclaircissement sur un point de mythologie307.

La vieillesse est elle aussi objet de curiosité (on prend un certain goût à signaler les centenaires comme des merveilles de la nature) ou, comme dans le cas de l’enfance, d’attendrissement et de compassion. Telle est le cas du couple sexagénaire Annette et Lubin, dont l’histoire si touchante par l’âge, la misère et la fidélité qui lie les époux est directement liée à la grêle catastrophique de 1788 et au thème si sensible de la famine des dernières années de l’Ancien Régime. Cette histoire, comme tant d’autres, donne lieu à une vraie campagne de bienfaisance fortement pilotée par le Journal.‘ ’En 1785, le quotidien publie une lettre écrite sous dictée par Louis Gilet, vétéran de guerre invalide, âgé de 76 ans, auteur d’une action héroïque tirée de l’oubli, personnage modeste et fier à la fois, digne de devenir, pour un certain temps, le sujet favori de la rubrique “Bienfaisance”. La lettre du vétéran contient le récit de son action héroïque, farcie de détails pittoresques, suivie de la fortune que lui a valu cette aventure dépoussiérée de sa jeunesse308. ’La vieillesse est également représentée par le lecteur de grand âge,‘ ’“‘ désabusé de tout ’”,‘ ’mais encore‘ ’“‘ à la recherche des vérités utiles aux hommes ’ ”309, ’qui prête sa voix et son expérience de vie au service du quotidien.

Dès sa parution, le Journal s’intéresse volontiers aux dépourvus et stigmatise les privilèges et la richesse. Il est évident que le faible niveau d’instruction des classes plus basses ne permet pas au quotidien d’y recruter beaucoup de lecteurs, toutefois, il y a un intérêt constant pour le Tiers Etat et des traces d’un désir du Journal même de donner accès à ce dernier à sa lecture. L’image du Tiers Etat représentée par le quotidien mêle indigence et dignité, parfois même des exemples de misère extrême et d’héroïsme, la plupart contenus par la rubrique “Bienfaisance”. Voici cependant quelques exemples qui échappent à cette image‘ . ’En 1788, le Journal publie la lettre complètement agrammaticale et très pittoresque, d’un domestique nommé Bertrand. Il a trouvé dans la rue un papier perdu, dont il ne connaît pas l’importance, qu’il consigne au Bureau du Journal, accompagnée de sa lettre, qui commence ainsi :‘ ’“‘ Quoique je ne sois qu’un pauvre domestique sur les pavés, vla l’écrit de ce Monsieur que j’ai ramassé dans la boue par devant témoin, je n’y prens ni je ny mets, et quand ce serais une lettre de change aulieus de ça, c’est tout de même pour moi parce que déjà ce qui ne mappartient pas, il ne faut pas me parler de le garder ’”310.

Le domestique Bertrand profite de l’occasion pour avouer au Journal, dont il est un fidèle lecteur, le plaisir qu’il éprouve à sa lecture :‘ ’“‘ Monsieur, jaime bien votre Journal parcequ’il nest pas long comme les autre et puis jy vois toujours lheure quil était hier matin et le vent qui soufle, la lune, et M de la harpe, et tout ça m’amuse en attendant le dîner ’”311.‘ ’Encore que les rédacteurs font précéder la lettre du domestique d’une note contenant quelques détails à propos du papier trouvé, il se peut bien que l’épître de Bertrand soit une fausse lettre forgée par les rédacteurs ou par un des leurs correspondants. Si celle-ci semble avoir été fabriquée pour amuser les lecteurs, avec son absence d’orthographe et son style coloré, il s’agit toujours d’une lettre qui donne ou imagine donner la parole au tiers, à celui qui est voué au silence. En outre, le témoignage de Bertrand est une confirmation de l’efficacité de la formule proposée par le quotidien de Paris, qui mêle dans le juste dosage brièveté et diversité, si bien qu’il réussit à remplir agréablement le temps mort, précédant les repas des domestiques. Si la lettre de Bertrand était fausse, ce serait quand même l’expression d’un beau rêve des journalistes de Paris d’élargir le nombre de leurs lecteurs aux rangs de ceux qui n’ont pas accès à l’instruction.

C’est toujours en 1788 que le Journal publie une autre lettre, cette fois-ci écrite par une Bonne qui conduit à la promenade‘ ’“‘ tous les jours (…) trois jeunes Demoiselles d’une bien grande famille ’”312.‘ ’Elle se plaint des grilles de fer pointues qui séparent la promenade des jardins privés de riches propriétaires et qui empêchent les enfants de se promener en toute sécurité. Et la Bonne de se lancer dans une diatribe sévère contre la richesse intolérante :‘ ’“‘ (…) ne dirait-on pas que l’on veut manger ces jardins, si on les regarde ? on sait bien qu’on ne peut pas obliger les riches d’aimer les pauvres : mais encore ne faut-il pas les repousser, comme ils font, avec des épines de fer ; il y a conscience. Puisqu’ils ont le moyen, ces riches, pourquoi ne pas faire leurs grilles assez hautes, pour que l’on ne puisse pas y atteindre ? ’”313 ’A la différence du domestique Bertrand, la Bonne maîtrise parfaitement l’orthographe et au lieu de se contenter d’une lettre où elle parle de soi-même ou du Journal de Paris, elle pose un vrai problème caché derrière un simple détail : les grilles pointues qui séparent jardins privés et promenade sont le symbole d’une rupture profonde entre les classes privilégiées et les plus démunis. La Bonne représente ici la voix de la dignité des pauvres engagée contre l’incivilité dédaigneuse des riches314.

Le thème du laquais ou de la femme de chambre qui lisent le Journal est récurent dans la feuille de Paris. Ce sont des lecteurs muets comme des ombres, parfois dépourvus de toute instruction et incapables d’accéder à la feuille écrite, d’autres fois, des lecteurs-automates privés de la capacité de comprendre ce qu’ils lisent. Toutefois le Journal ne manque pas de souligner à toute occasion que ces silhouettes timides, presque invisibles, constituent une espèce de force latente, souvent oubliée ou ignorée. En décrivant le sort de la feuille de Paris une fois entrée dans une maison parisienne aisée, un lecteur évoque le laquais comme celui qui “‘ l’apporte à l’heure du lever, ou à celle de la toilette ’”‘ . ’Après avoir jeté un regard rapide sur la rubrique “Spectacles ”, le maître s’en défait ennuyé, et c’est à ce moment-là, que de simple porteur du Journal, le laquais en devient le lecteur :‘ ’“‘ (…) le pauvre Journal reste abandonné au valet de chambre ou à la femme de chambre qui le lisent avec d’autant plus d’attention, qu’ils n’y comprennent rien ’”315.

Un peu plus loin, un autre lecteur fait écho à cette description, en observant avec ironie et méfiance dans un post scriptum :‘ ’“‘ Plus d’un laquais lisant les Journaux sans les entendre, ainsi que vous l’avez imprimé dernièrement, va rire à mes dépens et conter dans le premier cabaret, qu’un original a vu les oiseaux dans la lune ’”316.‘ ’Tout en sachant lire, le laquais reste un lecteur peu fiable, qui ne saisit pas ou qui détourne le sens de ce qu’il lit. Toutefois, on ne peut s’empêcher désormais de penser à la réaction que les nouvelles du Journal susciteraient chez ce drôle de lecteur. Même si, dans la plupart des cas, on continue à parler du domestique à la troisième personne, tantôt avec une compréhension optimiste, tantôt avec un grain d’ironie, il nous semble voir émerger le désir, voire le devoir317, ’de le reconnaître, d’abord en tant que semblable et aussi en tant que lecteur. Comme le note un souscripteur du Journal, ce désir va de pair avec le constat d’un élargissement lent mais sûr de la masse des lecteurs :

‘On félicite beaucoup notre siècle de ce goût général de la lecture qui s’est répandu dans toutes les classes de la société. Il n’y a pas très longtemps encore, ce goût n’était commun que dans les classes moyennes. Les Grands, par exemple, et leurs Valets de chambre, ne lisaient guère ; aujourd’hui tout le monde lit, les Duchesses, les Couturières. Tout le monde a commencé par les Romans, et tout le monde est allé ou ira jusqu’aux ouvrages d’Administration et de Législation. J’ai vu, et ceci est un fait, un Laquais emprunter à un autre le Mémoire de M de C et la Réponse de MN. Il les a lus et jugés à sa manière : cette manière n’est probablement excellente, mais elle se perfectionnera318.’

Il est, certes, encore trop tôt, pour que le Journal compte sur les laquais et les bonnes en tant que lecteurs constants. Comme nous l’avons vu, il recrute encore massivement son public dans les rangs d’une bourgeoisie citadine, cependant il saisit au vol l’importance du tiers. En témoigne la rubrique “Bienfaisance”, produit de grand succès de la feuille de Paris, qui recueille des histoires touchantes de démunis et de marginaux, en promouvant des valeurs nouvelles, qui sont dans l’air du temps : solidarité, sensibilité, utilité et bonheur publics. Avec son indéniable sens pratique, il organise cette rubrique de façon à ce que les lecteurs du Journal deviennent eux aussi des acteurs de ces histoires, par le biais de leurs interventions écrites et leurs aides matérielles. Mais, avant d’y arriver, arrêtons-nous justement sur la portée pratique du Journal, présentée dès le début comme l’un de ses traits caractéristiques.

Notes
221.

Dictionnaire des Journaux, “Journal de Paris ”.

222.

Nicolas Baudeau, connu comme l’Abbé Baudeau (1730-1792) quitte sa congrégation pour se consacrer aux études économiques. En 1766, il se convertit à la physiocratie, grâce à Dupont de Nemours. Auteur d’un journal mensuel intitulé Ephémérides du citoyen, il le met à disposition des physiocrates. Après un séjour de six ans en Pologne, il revient à Paris en 1774 et fonde les Nouvelles éphémérides, subventionnées par le ministère, où il attaque les financiers, Jean de Viguerie, Histoire et Dictionnaire du temps des Lumières (Paris, Robert Laffont, 1995).

223.

L’Annonce et la Nouvelle, p1289.

224.

Journal de Paris, 9 octobre 1786, “Variété ”.

225.

Ibidem, 21 janvier 1777, “Avertissement ”.

226.

Ibidem, 26 octobre 1781, “Note des Rédacteurs ”.

227.

Ibidem, 23 février 1782, “Variétés ”.

228.

Ibidem, 18 juillet 1784, “Varieté ”.

229.

Ibidem, 23 décembre 1787, “Variété ”.

230.

Ibidem, 24 mai 1786, “Variétés ”.

231.

Ibidem, 9 mai 1777, “Lettre aux Auteurs du Journal”.

232.

Ibidem, 4 février 1779, “Varieté ”.

233.

Ibidem, 25 mai 1777, “Nota”.

234.

Ibidem, 5 mars 1786, “Variété”.

235.

Ibidem, 11 juillet 1782, “Physique ”.

236.

Ibidem, 12 janvier 1779, “Aux Auteurs du Journal”.

237.

Zalkind Hourvitz, Polonais, qui argumente ainsi son opposition à l’anonymat pour les œuvres de bienfaisance: “Je suis, Messieurs, de l’avis du généreux anonyme qui désapprouve sa propre modestie et désire que les Bienfaiteurs de l’humanité se fassent connaître afin d’inspirer de l’émulation aux âmes sensibles, et de les rendre charitables, au moins par vanité ”.Journal de Paris, 9 janvier 1787, Aux Auteurs du Journal.

238.

Ibidem, 18 octobre 1777, “Lettre aux Auteurs du Journal”.

239.

Ibidem, 25 juin 1786, “Variétés.

240.

Ibidem, 5 juin 1782.

241.

Ibidem, 9 novembre 1782.

242.

Ibidem, 6 juin 1786.

243.

Ibidem, 26 octobre 1785.

244.

Ibidem, 9 juillet 1782.

245.

Ibidem, 18 octobre 1777.

246.

Ibidem, 16 mars 1786

247.

Ibidem, 9 juin 1786.

248.

Ibidem, 3 mai 1777.

249.

Ibidem, 29 septembre 1786.

250.

Ibidem, 16 ocotbre 1785

251.

Ibidem, 21 septembre 1785.

252.

Ibidem, 9 novembre 1785.

253.

Ibidem, 5 février 1786.

254.

Ibidem, 27 octobre 1785.

255.

Ibidem, 22 mai 1784.

256.

Ibidem, 18 septembre 1784.

257.

Ibidem, 23 décembre 1785.

258.

Ibidem, 25 janvier 1777.

259.

Ibidem, 10 décembre 1788.

260.

Ibidem, 22 septembre 1788.

261.

Ibidem. Kergolé est le Marin breton qui s’intéresse aux nouveautés en matière d’arts visuels, masque sous lequel se cache le correspondant artistique du Journal, Antoine Renou. (voir le chapitre Antoine Renou, premier correspondant artistique, Le Journaliste).

262.

Ibidem, Pro Patria publie des lettres en 1777, c’est le premier à proposer des projets d’embellissement de la capitale

263.

Ibidem, C’est J.-B Suard, défenseur de Gluck, qui écrit des lettres au Journal sous ce pseudonyme.

264.

Ibidem, 5 janvier 1778.

265.

Ibidem, 4 décembre 1777.

266.

Ibidem, C’est un peintre de costumes Irlandais qui propose plusieurs lettres sur les mauvais comportements des parisiens.

267.

Ibidem, 4 mai 1777.

268.

Ibidem, 20, 28 mai 1777.

269.

Ibidem, 26 juin 1777.

270.

Ibidem, 31 janvier, 18 mars 1782.

271.

Ibidem, 10 juin 1777.

272.

Ibidem, 28 février 1777.

273.

Ibidem, 13 décembre 1785.

274.

Ibidem, 26 septembre 1777.

275.

Ibidem, 23 janvier 1778.

276.

Ibidem, 8 février 1783.

277.

Ibidem, 25 juin 1787.

278.

Ibidem, 23 octobre 1787.

279.

Ibidem, 14 novembre 1787.

280.

Ibidem, 30 janvier 1788.

281.

Ibidem, 3 mai 1789

282.

Ibidem,16 mai 1789.

283.

Ibidem, 19 janvier 1786.

284.

Ibidem, 10 mars 1782.

285.

Ibidem, 25 janvier 1787.

286.

Ibidem, 30 mai 1784.

287.

Ibidem, 26 décembre 1785.

288.

Ibidem, 21 janvier 1778.

289.

Ibidem, 5 octobre 1780.

290.

Ibidem, 26 mai 1781

291.

Ibidem, 18 septembre 1782.

292.

Ibidem, 22 septembre 1782.

293.

Ibidem, 25 octobre 1782.

294.

Ibidem, 29 mars 1783.

295.

Ibidem, 24 mai 1783.

296.

Ibidem, 5 septembre 1783.

297.

Ibidem, 6 avril 1786.

298.

Ibidem, 13 mai 1786.

299.

Ibidem, 20 août 1786.

300.

Ibidem, 22 juillet 1786.

301.

Ibidem, 30 janvier 1788.

302.

Un lecteur écrit au Journal: Vous avez la complaisance de répondre aux questions que vous adresse quelquefois l’ignorance modeste. Ibidem, 5 novembre 1785, “Varieté”.

303.

Ibidem, le 25 novembre 1781, “Belles-Lettres”, Critique du Journal de Paris, sur l’Air De tous les Capucins du monde.

304.

Ibidem, 12 mai 1787, “Variété”.

305.

Ibidem, 3 janvier 1786, “Variété”.

306.

Ibidem, 14 janvier 1777, “Anecdote”. Cette anecdote est reprise par L-.S Mercier dans le Tableau de Paris comme exemple d’extrême misère du peuple de Paris. Mercier le trouve significatif, pour avoir été publié dans le Journal de Paris, en dépit d’une censure pointilleuse : “On m’a accusé enfin d’avoir exagéré les misères publiques, j’ose répondre que j’ai retenu quelquefois mon pinceau, afin de ne pas paraître outré. Voici ce qu’on lit dans le Journal de Paris, qui a un censeur pointilleux,et qui est soumis à la plus sévère inspection et révision”, Tableau de Paris, p.997.

307.

Je suis encore Ecolier, et je cherche à m’instruire ; voulez-vous bien me permettre que je m’adresse à vous pour m’éclaircir un point de Mythologie sur lequel plusieurs Auteurs varient d’une manière peu commune (…)”, Ibidem, 8 mars 1787, “Aux Auteurs du Journal”.

308.

Ibidem, 11 novembre 1785.

309.

Ibidem, 9 juin 1777.

310.

Ibidem, 30 décembre 1788, Variétés.

311.

Ibidem.

312.

Ibidem, 25 juin 1788, Varieté.

313.

Ibidem.

314.

L’indignation de la Bonne devant l’arrogance des riches répond parfaitement aux opinions des journalistes de Paris sur le même sujet. La rubrique “Anecdote” du 29 mars 1779 ironise : “Voulez-vous trouver des exemples touchants de sensibilité ? gardez-vous bien d’aller les chercher parmi les riches, c’est chez le malheureux, le pauvre que ces exemples vous frapperont. Et le 19 avril 1779, toujours dans la rubrique “Anecdote”, on revient sur le sujet, sur le même ton : “On est porté à médire les riches, et il faut avouer que la plupart font tout leur possible pour justifier l’espèce de haine qu’ils excitent et qu’ils méritent”.

315.

Ibidem, 29 septembre 1786, “Varieté ”.

316.

Ibidem, 20 octobre 1786, “Varieté ”.

317.

Un lecteur du Journal charge les maîtres de transmettre son avis à leurs domestiques qui ne savent pas lire : “J’ai bien envie, Messieurs, de donner, par la voie de votre Journal, un avis à des gens qui ne vous lisent pas”. Ibidem, 3 février 1789.

318.

Ibidem, 9 octobre 1788, “Variétés”.