Le Journal pratique

Puisque l’information politique reste le privilège exclusif de la Gazette dans la presse d’Ancien Régime, il est intéressant de voir comment le Journal de Paris construit sa propre formule, en mêlant les ingrédients du journal littéraire avec ses chroniques bibliographiques et ses discussions croisées, et ceux de la presse d’annonces, avec sa frugalité et son évident aspect pratique. Dès sa naissance, le Journal nourrit des ambitions multiples, ce qui explique l’hostilité de ses concurrents. Sans tendre à la spécialisation, le quotidien est plutôt enclin à multiplier ses rubriques et, par conséquent, ses lecteurs, ce qui le pousse inévitablement à empiéter sur le terrain des autres, tout en les forçant de réagir. En effet, le Mercure de France diversifie, à son tour, ses rubriques, sous la baguette réformatrice de Panckoucke, qui en achète le privilège en décembre 1778, pendant que les Petites Affiches, nous l’avons déjà vu, deviennent quotidiennes, sous le titre d’Annonces, affiches et avis divers ou Journal général de France. Panckoucke est bien conscient qu’il souffle un vent nouveau dans la presse et comprend la nécessité de réformer la structure du vieux périodique, dont la mauvaise gestion entraîne une mise en cause du contenu par ses lecteurs319. C’est la feuille de Paris qui, selon lui, incarne cette nouvelle presse : “‘ Le Journal de Paris est le Mercure en détail ’”320.

Dès le Prospectus, le Journal annonçait sa vocation pratique :‘ ’“‘ il sera susceptible de devenir dans un très grand nombre d’occasions de l’utilité la plus frappante ’”321.‘ ’Le double service que propose le Journal consiste donc à répandre les nouvelles plus rapidement que tout autre périodique et à participer concrètement à la vie quotidienne et pratique de ses abonnés. Si les rubriques “Belles-lettres”, “Cérémonies”, “Deuils”, “Mariages célèbres” s’adressent principalement à un public aristocratique, d’autres rubriques telles “Administration”, “Fourrage”, “Police”, “Palais”, “Economie”, “Cours de Changes”, “Bourse”, “Payements de l’Hôtel-de-Ville” visent la figure du négociant. A en croire le‘ Prospectus, le Journal de Paris ’veillera non seulement à ce que ce dernier soit rigoureusement informé sur tout ce qui peut servir à sa profession, mais il deviendra le gardien de sa réputation, lorsque celle-ci sera mise en péril : “‘ Un Négociant dont on aurait faussement annoncé la faillite, peut le lendemain rétablir sa réputation ; toutes les fausses nouvelles qui intéressent l’honneur des citoyens pourront désormais être détruites en douze heures ’”322.‘ ’C’est, en effet, une merveilleuse fonction que celle de raccommodeur d’un honneur taché dans un temps record de douze heures, promesse qui tient presque d’un pouvoir magique.

Le désir de se rendre utile au public, maintes fois inscrit dans le corps du Journal, correspond à un désir d’organisation, voire de réforme de la société. “‘ Rien de ce qui est utile au Public n’est étranger à vos Feuilles ’”323, ’est le refrain que fredonnent de page en page les lecteurs contaminés par la fièvre de l’utilité. On ne cesse d’approuver et de louer l’attention que prête la feuille quotidienne aux choses pratiques, d’exalter ses‘ ’“‘ vues utiles ’”.

Plusieurs rubriques du Journal sont d’ailleurs entièrement consacrées à cette tache utilitaire. La rubrique “Police” se propose d’informer les abonnés des efforts déployés par l’administration de la ville pour la sécurité des habitants, la propreté des rues, la salubrité de l’air ou l’organisation d’activités utiles, engageant les mendiants de la ville. Dès janvier 1777, le Journal lance à travers la rubrique “Oeconomie domestique” un débat autour de l’économie d’un “carburant” très familier à l’époque, à savoir comment‘ ’“‘ oeconomiser partie de l’avoine que consomme ordinairement un cheval chaque jour, en le ramollissant dans l’eau, ce qui le rend plus propre à la mastication ’”324.‘ ’Même si cette méthode s’avère par la suite très dangereuse pour la santé des bêtes, le Journal maintient sa promesse de se rendre utile, en signalant le danger et en démolissant efficacement ce qu’il avait construit.

La rubrique “Comestibles”, inaugurée le 6 février 1777, met sous les yeux du lecteur chapons, perdrix, poulardes et agneaux, soigneusement disposés en tableau, avec leur qualité et leurs prix respectifs. On y ajoute, dans le même ordre des choses, le prix commun de la marée325 ’et la rubrique “Halles, Marché d’hier”326, ’qui met sur l’étal le prix du beurre, des œufs, des grenailles et d’autres genres alimentaires. Un souscripteur explique qu’il faut‘ ’simplement ajouter de 2 à 4 sous aux prix publiés par le Journal pour avoir le prix réel des denrées et offre son propre témoignage pour prouver la justesse de ce dernier :‘ ’“‘ J’ai payé hier le beurre, tête d’Isigny, 30 sous, et vous le portez sur votre feuille à 27 ; voilà, Messieurs, une preuve bien convaincante de la vérité que vous avez avancée et que je soutiens ’”327. ’Les mauvaises langues soutiennent qu’à travers les rubriques mentionnés ci-dessus, le Journal entend‘ ’“‘ faire [sa] cour aux Gens économes, et les déterminer par ce moyen, à augmenter le nombre de [leurs] Souscripteurs ’”328. ’Si bien que soit achalandée la boutique des journalistes de Paris, on passe sous silence le genre alimentaire premier de tous les Français, le pain329. ’En revanche, le Journal introduit avec succès, dès 1777, une rubrique concernant le prix du fourrage, qui correspond à l’époque à une espèce de prix du carburant d’aujourd’hui. Selon L.-S Mercier, cette rubrique remporte un si grand succès, que si elle devait disparaître, le Journal“‘ perdrait un quart de ses souscripteurs ’”330,‘ ’pendant que Jean-François de La Harpe remarque avec ironie mordante que si le quotidien de Paris‘ ’“‘ n’a pas la ressource de quelque querelle, il est réduit à nourrir ses auteurs comme ses lecteurs de paille et de foin ’”331.‘ ’Dans un “Avis” du 29 janvier 1778, les rédacteurs annoncent que grâce à l’aide de certains lecteurs, ils en ont pu améliorer l’exactitude du contenu :

‘Nous avons exactement donné jusqu’à ce jour le prix des Fourrages ; mais quelques personnes nous ont prévenus que ces prix n’étaient quelquefois pas exact. Il est intéressant que les maîtres soient informés de l’abus qui se commet à cet égard, et que ses plaintes nous ont mis dans le cas de découvrir.332

Ayant découvert que le vrai prix du fourrage n’est que le résultat d’un marchandage caché entre cocher, voiturier et déchargeur, et qu’il faut faire partie de ce triangle pour y avoir accès, la position de simple témoin faussant l’information, les journalistes de Paris décident de dénoncer cet abus au Directeur général des Aides et Entrées de Paris et de puiser dorénavant les prix dans les Bureaux de celui-ci333. Dans son alliance avec l’administration, le Journal cherche à atteindre l’efficacité maximale de son service au public, contre les abus et les corruptions de toute sorte. Avec la découverte de l’abus sur le prix du foin, le Journal proclame le triomphe des maîtres sur les cochers et les marchands malhonnêtes et renouvelle son désir de transparence des choses d’intérêt public, sans perdre cependant son sens d’auto-ironie :

‘Tout en vacillant sur son siège,
Un Cocher disait, tromperai-je
Maintenant mon Maître au besoin ?
Hélas ! après l’Extrait des Livres,
En indiquant le prix du Foin,
Le Journal nous coupe les vivres334.’

Le Journal de Paris est le lieu de rencontre des grands et petits projets utiles. D’une part, il rend compte constamment des nouveaux établissements industriels, qui reflètent une administration éclairée, préoccupée par le bonheur des citoyens, tout en écartant soigneusement les entreprises de luxe. D’autre part, le Journal est un impressionnant recueil de petits projets et découvertes qui, sans aucune prétention d’être reconnus ou brevetés par aucune institution, visent d’améliorer le quotidien des lecteurs. Il s’agit souvent d’une utilité immédiate, domestique, d’une praticité faite de petites tentatives ou d’expériences individuelles recherchées ou casuelles, qui concernent une multitude de petits gestes journaliers.

Cette valorisation des menus gestes de la vie privée n’est pourtant jamais totalement coupée d’une idée enveloppante d’utilité publique, d’un espoir caché ou manifeste d’inscrire son expérience ou son témoignage dans un riche fond commun, accessible à tous. Un lecteur résume ainsi cette fonction du Journal : “‘ L’un des agréments de votre Journal, qui, selon moi, n’est pas remarqué par un assez grand nombre de personnes, est de pouvoir y proposer les différents projets d’utilité publique, qui ne peuvent être tentés qu’après avoir, pour ainsi dire, recueilli les suffrages, et qui n’ont pas assez d’importance pour être discutés dans des volumes ’”335. ’Le Journal est donc la terre d’accueil de toutes les idées qui semblent trop insignifiantes pour faire l’objet d’un volume, et dont les auteurs inconnus n’auront pas d’autre chance d’être écoutés par un vaste public. Ce n’est que par une‘ ’“‘ publicité nécessaire ’”‘ , ’suivie par une‘ ’“‘ discussion générale ’”‘ ’que cette foule d’idées anonymes acquièrent le pouvoir de circuler et de s’enrichir.

La rubrique “Economie” récolte des découvertes et des conseils utiles pour économiser sur les produits trop chers. Tel est le‘ ’“‘ fourneau économique de l’invention du Sr Nivert ’”336,‘ ’inspiré par le haut prix du bois ou la recette de sauce blanche à l’huile, au lieu de beurre, imposée par le coût élevé de ce dernier. A en croire les rédacteurs, avant de la publier, ils l’ont essayée et approuvée unanimement : “‘ Avant de publier cette recette, nous l’avons fait exécuter, et plusieurs personnes la préfèrent à la sauce blanche faite avec le beurre ; elle est très économique et pourra être d’une ressource utile pour cet hiver ’”337.‘ ’L’hiver rigoureux de 1789 occasionne une vague de conseils utiles censés soulager surtout les plus démunis. Le fameux agronome Parmentier propose un moyen de tirer parti des pommes de terre gelées dans les champs, à savoir une recette de pain à la farine de seigle ou d’orge et de pommes de terre, avec la promesse que celui-ci reste frais pour des mois338. ’Un lecteur demande des informations sur l’usage de l’eau provenue de la glace fondue pour les besoins domestiques et les rédacteurs s’empressent de lui répondre339.‘ ’Un peu plus loin, Sarot, Avocat au Parlement, fait part d’une recette de potage biblique, transmise par son grand-père,‘ ’“‘ qui coûtera cent sols, et peut nourrir cent personnes par jour ’”340.‘ ’Soulager et économiser, surtout dans des situations de crise, par des conseils simples, qui permettent une mise en pratique immédiate et sont à la portée de tout le monde, c’est un rêve d’utilité publique qui se concrétise dans les pages du Journal.

Un autre thème cher au quotidien est celui de la santé publique341, ’constamment menacée par une foule de maladies, d’accidents domestiques et professionnels. Le Docteur Pinel intervient avec plusieurs articles contenant des conseils médicaux utiles, comme par exemple sur les précautions à prendre au déclin de l’automne pour éviter les rhumes342. ’On prend l’habitude de badiner ou de raisonner sérieusement, par des conseils plus ou moins professionnels, sur toutes sortes de moyens de préservation physique. Des nombreuses lettres‘ ’publiées dans le Journal à ce sujet, se dégage l’idée de prévention de la santé publique, rendue possible par le partage constant des expériences et des témoignages individuels, ainsi que par la registration systématique de tous les remèdes qui se sont avérés efficaces. On revient infatigablement sur les incendies, accidents parmi les plus fulgurants et les plus dévastateurs, que l’on s’efforce de combattre par des mécanismes ingénieux‘ ’(“‘ Le chevalier ***, Architecte Citoyen ’”‘ , en a construit trois343)‘ ’ou par le récit de témoignages de rescapés (c’est le cas d’un lecteur qui parvient à éviter l’incendie de sa maison à cause d’un vase enflammé par la chaleur de la journée344).

La récolte de petits avis salutaires vise ni plus ni moins à la préservation du genre humain : tel est le but d’un lecteur qui signe “R de R.CH”, qui promet d’annoncer au public‘ ’“‘ des vérités utiles ’”‘ ’en‘ ’“‘ Prédicateur de vérité ’”‘  : ’“‘ Témoin de plusieurs catastrophes qui viennent de précipiter les jours de quelques-uns de mes amis, je voudrais prémunir tout le genre humain, s’il était possible, de pareils accidents ’”345.‘ ’Cet ami de l’humanité se lance dans une guerre acharnée contre les fractures, les ruptures et les brûlures, et répand des conseils pratiques sur la manière dont il faut s’y prendre lorsque “‘ les chevaux ont pris le mors au dents ’” ou lorsque‘ ’“‘ le feu prend aux robes de linon ou de gaze ’”346.‘ ’A côté de l’hygiène et de l’ordre public, le sujet de la santé publique devient l’un des thèmes-clé de la feuille de Paris, s’inscrivant dans une idée plus large de bonheur collectif, si bien qu’on ne s’étonne plus de le voir aussi invoqué à propos de l’architecture publique. Un lecteur qui écrit au sujet de la construction d’une nouvelle salle de théâtre, observe que “‘ la santé et la sûreté des Citoyens sont à considérer, et doivent l’emporter sur les inconvénients ’”347.

Parfois, faute de remèdes concrets, la simple mise en garde sur les possibles accidents à éviter peut servir de palliatif. Telle est la conviction des rédacteurs du Journal à propos des dangers auxquels est exposée l’enfance,‘ ’“‘ si multipliés qu’on ne peut donner trop de publicité aux malheurs qui arrivent aux enfants pour effrayer, s’il est possible, ceux qui les environnent ’”348. ’Un lecteur saisi par la fièvre de l’“utilité publique” propose une précaution pour éviter les noyades, si fréquentes durant la saison sèche :

‘Vos feuilles sont consacrés à l’utilité ; c’est donc concourir à vos vues que de remettre dans les circonstances, sous les yeux des Citoyens une précaution de prudence, qui dans cette saison peut sauver la vie à plusieurs individus et qui jointe aux discours patriotiques que les Magistrats ont assuré aux noyés, laisserait la douce espérance d’arracher à un élément si utile et si dangereux, presque tous les nombreuses victimes qu’il engloutissait jadis349.’

La même préoccupation surgit à propos du peuple, qui ne sait pas lire, et qui est, par conséquent, plus vulnérable, plus exposé que les connaisseurs du verbe écrit, aux malheurs et aux accidents de toutes sortes. Un lecteur soucieux‘ ’du sort des ouvriers illettrés propose la récolte et la vulgarisation d’un ouvrage de remèdes, avec l’aide du Gouvernement :

‘(…) comme vous le remarquez bien, le Peuple ne lit guère. Ne serait-il pas digne d’un bon Citoyen de faire un recueil de ces recettes simples et faciles, pour guérir une foule de petits maux qui arrivent chaque jour, tels les brûlures, les coupures, les contusions, la morsure des couleuvres, etc., et pour prévenir en même temps une foule d’accidents auxquels les ouvriers de toute espèce sont sujets. Quelle satisfaction pure goûterait l’homme qui composerait un tel ouvrage, en disant lui-même : peut-être mon livre sauvera la vie à quelqu’un de ces citoyens utiles qui portent le fardeau de la société, peut-être je prolongerai les jours d’un père respectable dont la mort plongerait la famille entière dans la misère la plus affreuse. Le Gouvernement s’empresserait sans doute à répandre un ouvrage aussi utile, et le distribuer gratuitement dans les Paroisses et dans les Campagnes350.’

Deux jours plus tard, arrive la réponse à cette proposition : le recueil d’avis salutaires pour la préservation de la vie des ouvriers est en cours de préparation et qui plus est, son auteur rassure le public à propos de sa publication imminente :

‘Je m’occupe actuellement de l’ouvrage dont un de vos correspondants donne le projet dans votre numéro d’avant-hier, celui d’indiquer les moyens les plus faciles et les plus propres à remédier à ces accidents qui surprennent l’homme dans la meilleure santé et qui souvent, faute de secours simples, conduisent au tombeau. (…) l’accueil dont deux Magistrats distingués par leur esprit et leur amour pour le bien public ont honoré le plan de ce recueil ne me permettrait pas de différer à le faire paraître351.’

Les avis utiles du Journal de Paris s’adressent aux maîtres économes qui, informés sur les prix du marché, savent éviter tout abus, tout aussi bien qu’aux gens prudents, qui veulent préserver leur santé et celle de leurs semblables. Le désir de se rendre utile aux autres contamine tous les lecteurs, qui s’empressent à qui mieux mieux à envoyer au quotidien leurs conseils pratiques et leurs projets de bonheur public, pour atteindre le sommet dans la rubrique “Bienfaisance”, devenue, petit à petit, le reflet de la solidarité collective envers les plus démunis. Encore est-il vrai, qu’au désir d’utilité publique, le Journal joint celui d’utilité privée. Des particuliers s’adressent au Bureau du Journal pour dénoncer des plagiats352, pour défendre publiquement leur réputation, ou pour faire part de leurs recherches d’une estampe rare, d’un numéro manquant d’une collection du Mercure de France 353, d’un manuscrit,354 ou des amis qu’ils n’ont pas vu depuis longtemps355. Le Pan Deligny, Avocat au parlement, écrit au Journal pour trouver la trace de deux personnes dont il ne connaît pas la demeure et auxquelles il souhaite demander un entretien356. Parfois, les lettres à caractère privé ne manquent pas de fantaisie : un lecteur anonyme, à la recherche de femme à épouser, se met en loterie :

‘Voici mon projet : je vous prie de le rendre public : “la loterie sera composée de 50 mille billets, et chaque billet coûtera six mille livres, ce qui fera une somme de trois cent mille francs qui sera divisée en deux portions égales, dont on va voir la destination. Il n’y aura qu’un lot gagnant, et ce lot sera moi, c’est-à-dire un mari avec cent mille écus, ou point de mari, mais 150 mille livres (…)”357.’

Le correspondant du Journal qui signe sous le pseudonyme “Fulvius” répond à ce drôle de projet par une proposition badine avancée par un ami :

‘Il a lu cette Lettre de l’Anonyme qui cherche à se marier, et qui propose une Loterie, dont il fera lui-même le gros lot ; et cette idée, digne en effet d’être perfectionnée, lui en fait naître une autre qu’il juge plus naturelle encore. Votre Anonyme propose une Loterie pour acquérir une femme qu’il n’a pas ; le mien veut en proposer une pour mettre en loterie la femme qu’il a déjà358.’

Badin ou sérieux qu’il soit, c’est toujours dans le tourbillon du courrier des lecteurs, avec ses lettres-noyau et ses nombreuses répliques évoquant un monstre à mille têtes parlantes, que se nourrit l’idée d’utilité. Pour le Journal de Paris, être utile c’est tout d’abord respecter ses engagements envers les abonnés, c’est paraître tous les jours et entrer à la même heure dans leur univers, c’est anticiper leurs demandes et leurs doutes, s’interroger avec eux sur toutes les menues choses de la vie, que les grands livres n’ont pas le temps de traiter, et c’est aussi inscrire tous ces lecteurs de plus en plus pressés et de plus en plus informés, dans un réseau aux fils très serrés, qui s’entrecroisent et se superposent, malgré toutes les différences qui les séparent. Nous allons voir dans le chapitre suivant de quelle manière le Journal de Paris construit et gère sa propre image et quels sont les rapports qu’il noue avec ses différents acteurs.

Notes
319.

Suzanne Tucoo-Chala, Charles-Joseph de Panckoucke et la Librairie française, (Editions Marimpouey Jeune, 1977).

320.

Ibidem.

321.

Dictionnaire des Journaux, “Journal de Paris ”.

322.

Ibidem.

323.

Journal de Paris, 30 novembre 1780, “Varieté”.

324.

Ibidem, 31 janvier 1777.

325.

Ibidem, 22 février 1777.

326.

Ibidem, 13 février 1777.

327.

Ibidem, 21 février 1777, “Lettre aux Auteurs du Journal”.

328.

Ibidem.

329.

Dictionnaire des Journaux, “Journal de Paris”.

330.

Tableau de Paris, “Journal de Paris”.

331.

Correspondance inédite de Jean-François de la Harpe.

332.

Journal de Paris, 29 janvier 1778, “Avis sur le prix des fourrages”.

333.

Ibidem.

334.

Ibidem, 25 novembre 1781, “Belles-Lettres”, Critique du Journal de Paris

335.

Ibidem, 18 septembre 1782, “Belles-Lettres”.

336.

Ibidem, 26 octobre 1784, “Economie”.

337.

Ibidem, 18 novembre 1785, “Economie”.

338.

Ibidem, 7 janvier 1789, “Economie”.

339.

Ibidem, 14 janvier 1789, “Varieté”.

340.

Ibidem, 9 juillet 1789, “Economie”.

341.

Un maître en chirurgie félicite le Journal pour l’espace qu’il assigne au sujets concernant la santé : “Parmi les divers points d’utilité que votre Journal réunit, je n’en vois pas de plus avantageux pour le public que les discussions qui ont pour objet la santé des hommes”, Ibidem, 21 janvier 1778, “Lettre aux Auteurs du Journal”.

342.

Ibidem, 30 octobre 1785, “Médecine”.

343.

Ibidem, 13 janvier 1778, “Lettre aux Auteurs du Journal”.

344.

Ibidem, 25 septembre 1786, “Physique”.

345.

Ibidem, 2 novembre 1785, “Variété”.

346.

Ibidem.

347.

Ibidem, 10 mai 1781, “Variété”.

348.

Ibidem, 15 avril 1777, “Garde de Paris”.

349.

Ibidem, 7 juillet 1778, “Aux Auteurs du Journal”.

350.

Ibidem, 24 août 1777, “Aux Auteurs du Journal”.

351.

Ibidem, 26 août 1777, “Aux Auteurs du Journal ”.

352.

Parmi les nombreux exemples, citons celui du Chevalier de Segrave, qui réclame la paternité d’une machine nommée “polychreste”, dont d’autres personnes revendiquent des améliorations, ce qu’il désigne comme “une fraude très grossière”, Journal de Paris, Supplément du 20 octobre 1787.

353.

Ibidem, 26 mai 1781, “Livres divers”.

354.

Un lecteur érudit est à la recherche d’un manuscrit du savant Freret, intitulé Observations générales sur la Géographie ancienne. Ibidem, 16 août 1785, “Géographie”.

355.

Le lecteur signant “Zédnole” annonce être à la recherche des amis qu’il avait connus durant ses dix années de voyages en Europe. Ibidem, 16 octobre 1785, “Variétés”.

356.

Ibidem, 2 mars 1778.

357.

Ibidem, 19 décembre 1777.

358.

Ibidem, 24 décembre 1777, “Seconde Lettre de Fulvius aux Auteurs du Journal”.