Le quotidien et l’actualité artistique

Lorsque les rédacteurs du Journal de Paris publient le Prospectus du quotidien, ils y mentionnent la rubrique “Arts”, à laquelle ils assignent d’emblée une fonction civique et patriotique : faire part de toutes les productions artistiques qui risquent d’être vouées à l’oubli ou qui, étant destinées pour l’étranger, sont soustraites au regard du public français. Les artistes eux-mêmes sont chaleureusement conviés à participer à ce projet de récupération de toute une production artistique nationale ignorée par un large public :

‘Les Arts prendront dans ce Journal date de leur découverte ; il mettra le connaisseur à portée d’admirer une production qui, faute d’être annoncée, demeure souvent ensevelie dans un oubli total. Combien de chefs-d’œuvre de l’Art, qui destinées à l’étranger, y passent sans que nous en ayons la plus légère connaissance ; de sorte qu’un Français voyageant à Stockholm ou à Pétersbourg est tout étonné d’y trouver un tableau, une statue, qu’il eût pu considérer à son aise dans sa Patrie. Nous invitons MM les élèves des Artistes, en tous genres, à nous faire part des Ouvrages qui peuvent intéresser la gloire de leurs Maîtres.824

Dès le début, les arts visuels semblent avoir une place importante dans la structure du quotidien, s’inscrivant parfaitement dans sa vision d’utilité publique. Cinq jours après sa parution, le Journal annonce dans la rubrique “Variétés” la présentation comme morceau de réception, par Duvivier, graveur de médailles, du nouveau sceau de l’Académie Royale de peinture et de sculpture825. Le même jour, on annonce une “‘ estampe en manière noire et très noire ’”‘ ’représentant le portrait de la Reine par Dagoty fils, que le journaliste qualifie bel et bien de‘ ’“‘ crime de Lèze-Majesté ’”826, ’affirmation pesante, qui déclenche le courroux du père de l’artiste, dont la réplique est publiée quelques jours après827. ’Le 10 janvier le Journal insère dans la rubrique “Anecdote” un trait de‘ ’“‘ respect pour les hommes célèbres ’”‘ , ’ayant pour protagoniste le peintre Boucher828 ’Pendant quelques jours, le Journal se limite à publier des annonces ponctuelles de gravure, apparemment provenant de différentes sources829, ’pour que le 30 janvier 1777, les journalistes donnent finalement la bonne nouvelle aux lecteurs passionnés d’arts visuels : l’acquisition imminente, par le quotidien de Paris, d’un correspondant chargé de ce domaine :

‘Nous annonçons avec plaisir qu’un Artiste célèbre, qui ne nous permet pas encore de le nommer, nous promet de nous donner avis de tous les Tableaux, Sculptures et Gravures dont il aura connaissance dans le cours de l’année et qu’il jugera dignes de la curiosité du Public et des Amateurs des Beaux-Arts. Il y joindra un mot d’éloge de la partie de l’Art qui lui paraîtra en faire le mérite principal ; il indiquera la demeure de l’Artiste et le temps pendant lequel on pourra le voir. Ce qui peut être d’autant plus avantageux aux Arts et aux Artistes, que plusieurs d’entre eux qui ont beaucoup de mérite, courent le risque de rester inconnus, faute d’un lieu décent où ils puissent exposer et faire connaître leurs talents ; de plus, beaucoup de ces ouvrages destinés pour la Province ou pour le Pays étranger, ne peuvent attendre le temps des Expositions830.’

Engager un correspondant spécial pour rendre compte des nouveautés des arts visuels est un geste qui va décidément plus loin que ce qu’on avait annoncé dans le Prospectus. Le Journal de Paris semble ainsi réaliser ce que d’autres journaux avant lui avaient tenté sans succès : couvrir la production artistique française pendant toute l’année. Le Journal assigne cette tâche à un “‘ Artiste célèbre ’”‘ , ’information qui doit suffire pour l’instant pour rassurer sur le sérieux de l’entreprise. Celui-ci serait censé annoncer les nouveautés dans les beaux-arts, indiquer les demeures des artistes dans un but commercial, et lâcher un mot d’éloge, lorsque‘ ’la situation se présente ; aucune allusion, en revanche, à un discours critique concernant les ouvrages présentés. Si celui-ci est prévu, il vaut mieux le taire dans une lettre introductive.

Il est intéressant aussi de remarquer que, pour désigner les destinataires des annonces sur les arts visuels publiés dans le Journal, les rédacteurs citent le‘ ’“‘ Public ’”‘ ’et les‘ ’“‘ Amateurs des beaux-arts ’”‘ ’comme deux entités séparés, ce qui correspond à élargir d’emblée le nombre de lecteurs éventuels de cette partie du quotidien. Toutefois, les journalistes maintiennent leur promesse enoncée dans le Prospectus, ’de faire en sorte que le‘ Journal ’devienne la vitrine de tous les artistes ignorés, faute de pouvoir exposer leurs ouvrages en public, et de toutes les productions destinées à prendre le chemin de la province et des pays étrangers. Le quotidien s’engage en quelque sorte de remplir, avec ses moyens propres, le rôle de lieu d’exposition pour tous les ouvrages artistiques difficiles d’accès au public parisien. Si la plupart des tableaux restent encore cachés aux yeux du public, ne s’y révèlant que pendant le temps limité des expositions, le Journal se propose de suppléer à cet inconvénient.

Il nous semble également que la fonction civique qu’il attache, dès le début, à la rubrique des beaux-arts est censée toucher, en premier lieu, un grand nombre d’abonnés, pas forcément des amateurs, mais sensibles aux productions nationales de tout genre et aux nouveautés en général. Parler des tableaux connus et inconnus, c’est les donner à voir, ne serait-ce que dans une version discursive, à un public varié, qui feuillette avec impatience tous les jours des nouvelles des plus divers domaines. L’information artistique n’est pas insérée dans la feuille tous les jours, (encore que, en 1777, elle y soit présente tous les deux ou trois jours), mais elle s’insinue à coup sûr dans le quotidien des lecteurs, qui la comptent parmi les matières familières du Journal.

Si l’on jette un regard sur le tableau des notices concernant les arts visuels, publiés par la feuille de Paris sur la période 1777-1788 (voir “Annexe 1”), on peut remarquer que leur nombre varie entre 204 et 277 par an831. ’Précisons toutefois que ce comptage est uniquement destiné à rendre compte de la moyenne des notices artistiques publiés par le‘ Journal de Paris ’pendant une décennie, et non de l’intensité avec laquelle le quotidien se dédie à un débat critique sur les arts visuels. Lorsque nous parlons de notices artistiques, nous entendons tout article du Journal qui touche aux arts visuels, bref ou étendu, en vers ou en prose, sous forme‘ ’d’annonce dépouillée de toute observation subjective, ou de réflexion critique sur tel ou tel œuvre ou sur les arts en général.

C’est ainsi que nous avons cueilli indistinctement dans notre tableau des notices artistiques, des annonces de gravures, de peintures et de sculptures exposées dans les ateliers des artistes, des comptes rendus de l’Académie Royale de peinture et de sculpture, ainsi que de l’Académie d’architecture (relatifs à leurs réceptions, leurs concours et leurs prix), des vers sur des artistes ou des œuvres artistiques, des récensions de publications concernant la théorie et la critique d’art, des comptes rendus d’expositions publiques (le Salon du Louvre, le Colisée, l’exposition de la jeunesse de la place Dauphine) ou de ventes de tableaux, des nécrologies d’artistes et d’amateurs d’art, des anecdotes sur le monde artistique, des inventions et des découvertes liés aux techniques de production et de conservation de la peinture, des réflexions sur l’art de peindre et le travail de l’artiste, des présentations critiques de nouvelles productions artistiques, des projets urbanistiques et, finalement, des disputes impliquant souvent artistes, amateurs et simples lecteurs du Journal.‘ ’Tout cela, pour donner une idée du tableau varié des idées et des projets, des succès et des obstacles, des modes de faire et de dire sur les arts visuels durant les deux dernières décennies de l’Ancien Régime, tel qu’il se présente dans les feuilles du premier quotidien français.

Dès la fin de son premier mois d’existence, le quotidien propose un correspondant artiste dans la personne d’Antoine Renou, secrétaire adjoint de l’Académie de peinture, qui traite des arts avec désinvolture et humour, désacralisant le vocabulaire artistique et invitant les lecteurs à un échange allègre et passionné, aspect décidément innovateur pour une feuille périodique. Toutefois, l’enthousiasme de Renou n’est pas de longue durée, les menaces de suspension du quotidien s’accumulent dans le temps, pour ne pas parler de la position délicate de Renou, qui finit par abandonner le jeu des pseudonymes pour signer ses lettres au‘ Journal ’en représentant de l’Académie. Notons cependant que si les années 1777 et 1778, où le quotidien publie une grande quantité de lettres dédiées aux arts visuels, comptent respectivement 222 et 229 notices artistiques, en 1783 et 1784, où les lettres sur les arts visuels diminuent sensiblement, le nombre d’articles monte en revanche sensiblement à 277 et 253. Ces chiffres sont dûs en premier lieu aux annonces d’estampes qui se multiplient, là où le débat critique sur les arts s’appauvrit, si bien que les arts visuels sont présents dans le quotidien tous les deux ou trois jours.

Les rubriques qui accueillent l’information artistique dans le Journal de Paris restent relativement stables pendant toute la période étudiée. Dès la rubrique “Belles-Lettres”, qui ouvre le Journal, le lecteur se délecte avec des vers récents, badins ou sérieux, faisant l’éloge d’artistes et de leurs œuvres et se met au courant de toute publication qui a trait aux arts visuels. A la rubrique “Livres divers”, il apprend les titres des catalogues de ventes des collections les plus variées, avec leur kyrielle d’objets d’art : tableaux, dessins, gouaches, estampes, marbres, bronzes, médailles, etc. C’est à la rubrique “Gravure” qu’il trouve régulièrement de quoi nourrir sa curiosité à propos des plus récentes estampes : le titre et le sujet, la description et la comparaison avec d’autres ouvrages du même artiste, le prix et l’adresse du graveur et du libraire vendeur, les souscriptions ouvertes pour des séries de gravures et leurs livraisons successives. De temps en temps, la rubrique “Nécrologie” fait part au lecteur des artistes décédés, occasion pour dresser des mini-biographies posthumes dans lesquelles les observations sur la vie et l’activité de l’artiste disparu se mêlent avec des réflexions générales sur le travail des artistes, leur rapport avec l’art, l’Académie, le public et le monde. La première nécrologie publiée par le quotidien est celle du sculpteur Guillaume Coustou fils, signée par Antoine Renou832.

Pour ce qui est du reste des sujets énumérés ci-dessus, ils sont englobés par la rubrique “Arts” (rarement remplacée par le titre plus spécifique, “Peinture”833) ’et la rubrique “Variété(s) ”, ouverte en particulier au courrier des lecteurs.834 ’La rubrique intitulée “Académie(s)”835, ’donnant des nouvelles sur les réceptions, les concours et les prix académiques est parfois elle-même absorbée par la rubrique “Arts”. Si les informations concernant la peinture, la sculpture et la gravure se trouvent confondues sous le titre générique “Arts”, à côté des inventions mécaniques, l’architecture est la seule à disposer toujours d’une rubrique à part. Pour prouver que le Journal de Paris ne dénie pas un instant sa vocation utilitaire et pratique, les rédacteurs y insèrent les nouvelles adresses des artistes qui‘ ’ont changé de domicile836. ’L’économie des rubriques réunissant l’information artistique, ainsi que leur indéniable régularité et immutabilité dans le temps, mettent au jour le soin du Journal de maintenir une organisation stable et familière de l’information, à l’intérieur de laquelle le lecteur fidèle ou occasionnel peut facilement trouver à tout moment ce qui l’intéresse.

Lorsque nous parlons d’“actualité artistique”, nous entendons l’ensemble des nouvelles les plus récentes, ayant trait à tous les aspects de la vie artistique, recueillies par le‘ Journal de Paris. ’Est-ce que la périodicité journalière du périodique quotidien influence la manière dont est traitée l’information artistique, ainsi que son impact sur les lecteurs ? Les impératifs de rapidité et d’utilité qui caractérisent la feuille parisienne gouvernent en égale mesure les rubriques dédiées aux arts visuels. A suivre la fréquence avec laquelle les rédacteurs publient des notices sur les arts visuels pendant les premiers mois de 1777, on dirait qu’ils aspirent à en faire matière quotidienne pour le Journal. ’Au début de mars, ils se proposent avec enthousiasme de donner un bref compte rendu journalier de la vente de tableaux de feu Randon de Boisset, ce qu’ils réussissent à maintenir dans une certaine mesure837 :

‘Nous donnerons dans la Feuille de lundi prochain, une note des prix des Dessins et Tableaux principaux qui auront été adjugés jusqu’à ce jour chez feu M Randon de Boisset ; à commencer de cette époque nous continuerons de publier jour par jour jusqu’à la fin de cette vente, la notice des objets adjugés à la veille838. ’

Le rythme de publication des notices sur les arts visuels est très serré dans les deux premières années de son existence, une fois que le Journal fait acquisition de son correspondant artistique, Antoine Renou. Compte tenu de la longue et intense querelle sur la musique entre La Harpe et “L’Anonyme de Vaugirard”, qui occupe l’attention des lecteurs du quotidien pendant 1777 et 1778, on peut imaginer que l’ambition du Journal de Paris de conquérir le plus de terrain possible dans le domaine des beaux-arts est beaucoup plus grande qu’il ne laisse entendre.

A travers le jeu des marqueurs temporels, les rédacteurs soulignent, de façon implicite, l’avantage d’un périodique capable de saisir sur le vif toute nouveauté concernant les arts visuels. Les notices les plus récentes exhibent volontiers des marqueurs proches du moment présent, tels “hier”, “avant-hier”, “aujourd’hui”. Le 16 février 1777, les journalistes notent à propos d’une collection de tableaux annoncée deux jours auparavant : “‘ On a vu hier dans la grande salle de l’Hôtel d’Aligre, les tableaux que nous avons annoncés avec le Catalogue, dans notre avant-dernière feuille ’”‘ , ’pour continuer plus loin‘  : ’“‘ (…) nous croyons faire plaisir à ceux de nos lecteurs que l’Art de la peinture intéresse, de les prévenir que l’on peut les voir encore aujourd’hui, depuis dix heures du matin jusqu’à deux heures du soir ’”839 ’Autrement dit, le lecteur du Journal de Paris jouit de l’avantage de lire cette notice le matin, pour profiter du dernier jour d’ouverture de cette collection dans l’après-midi. De la même façon, il apprend le 23 février, dans une note fugitive, que‘ ’“‘ Le cabinet de feu M Randon de Boisset ’ ‘ , ne sera plus ouvert qu’aujourd’hui et demain ’”840.

Tantôt on lui anticipe des événements artistiques proches :‘ ’“‘ On voit demain matin aux Galeries du Louvre, les Tapisseries de la Couronne ’”, et plus loin,‘ ’“‘ On voit aussi, jusqu’à deux heures, à la place Dauphine, les Tableaux des jeunes élèves en peinture ’”841 ; ’tantôt on s’empresse de rendre compte d’un événement à peine consommé :‘ ’“‘ L’Exposition de Tableaux a eu lieu hier à la place Dauphine, comme il est d’usage tous les ans ’”842 ’Le Journal de Paris est le seul périodique à pouvoir annoncer le Salon du Louvre “en direct”, le jour même de son ouverture :‘ ’“‘ Aujourd’hui, suivant ’ ‘ l’intention de Sa Majesté, et par les ordres de M le Comte d’Angiviller ’ ‘ , MM de l’Académie Royale font l’exposition de leurs ouvrages dans le Salon du Louvre ’”843 ’Les journalistes soulignent qu’un quotidien peut réaliser la prouesse de s’enrichir d’une nouvelle artistique de dernier moment, livrée au public presque à bout de souffle : “‘ On nous envoie dans le moment la note ci-jointe ’”‘ , ’annoncent-ils le 2 mars 1777, et poursuivent :‘ ’“‘ On construit actuellement à l’Hôtel de la compagnie des Indes, sur la rue Vivienne, une porte à côté de l’ancienne, pour servir de nouvelle entrée à la salle où se tient la bourse depuis 1724 (…) ’”844.

Grâce à sa rapidité caractéristique, le quotidien est un instrument important dans la commercialisation des estampes, dont il est capable de suivre le processus de réalisation et d’annoncer avec beaucoup de précision l’achèvement et la mise en vente. Le 21 mai 1777, le lecteur du Journal apprend que‘ ’“‘ Les sieurs Née ’ ‘ et Masquelier ’ ‘ ont remis avant-hier la quatrième livraison des suites d’Estampes des Vues de la Suisse. Le 25 du courant ’(à savoir trois jours après)‘ ils commenceront à la distribuer aux Souscripteurs ’”‘ ’et qu’“‘ Il paraît aujourd’hui une estampe nouvelle, gravée par M Martini ’ ‘ sur le dessin de M Pajou ’ ‘ , sculpteur du Roi (…) ’”845.‘ ’Parfois, dès qu’une estampe est finie, une autre, par le même graveur, est déjà en cours de réalisation :‘ ’“‘ Le sieur Hemery grave présentement une Estampe d’après un Tableau du même auteur qui fera pedant à celle qu’il publie aujourd’hui ’”846.‘ ’Une lettre du “Marin” annonce en revanche la sortie imminente d’une série de gravures commadée par‘ ’“‘ un particulier qui aime et cultive les talents de la Peinture et de la Gravure ’”‘  : ’“‘ Demain il mettra à jour une seconde suite de 12 estampes, dont le prix est de 48 livres, d’après les dessins de M Moreau ’ ‘ le Jeune (…) ’”847.‘ ’Un journal dont la vocation principale est de saisir au vol la nouveauté, peut se permettre aussi, de temps en temps, quelque indiscrétion. En annonçant la nouvelle estampe du graveur Gaucher, sur le‘ Couronnement de Voltaireà la Comédie Française, ’sans la permission de l’artiste, les journalistes se justifient auprès de leurs lecteurs, en expliquant que l’indiscrétion est parfois le prix à payer pour avoir des‘ ’“‘ annonces prématurées ’”‘  :

‘Nous venons d’apprendre que M Gaucher, Graveur de l’Académie des Arts de Londres, travaille actuellement à consacrer par le burin ce moment, où tout un Public ravi d’admiration et attendri à la vue de l’octogénaire, couvert de plus de soixante ans de gloire, lui a présenté de son vivant la coupe de l’immortalité. Nous espérons trouver grâce auprès de nos Lecteurs, de l’indiscrétion dont nous nous rendons coupables envers un Artiste, que notre annonce prématurée pourrait peut-être offenser. Nous nous flattons même que l’Artiste nous pardonnera d’avoir cédé au désir de publier l’impression que nous avons éprouvée en voyant le dessin : il représente la scène telle qu’elle s’est passée au théâtre848.’

Le Journal se révèle également un instrument efficace pour rendre compte des activités de l’Académie de peinture et de sculpture. Les nouvelles réceptions au sein de la corporation, par exemple, peuvent être rapidement rendues publique :‘ ’“‘ Avant-hier 28, le sieur Ménageot ’ ‘ , Peintre d’Histoire, ancien pensionnaire du Roi à Rome, présenta à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture plusieurs de ses ouvrages ’”‘ , annoncent les rédacteurs et continuent : ’“‘ (…) ce jeune Artiste donne l’espoir de perfectionner encore ses talents, en conséquence l’Académie l’a agréé ’”849. ’Le 1er juin 1777, le lecteur est informé que‘ ’“‘ L’Académie Royale de Peinture a agréé hier M Vincent ’ ‘ , Peintre850. ’Deux jours après l’assignation des prix de peinture par l’Académie, le Journal explique :

‘L’Académie Royale de Peinture et de Sculpture n’ayant pu en 1777, vu la faiblesse des Ouvrages, accorder aucun prix, vient d’avoir la satisfaction de couronner les nouveaux efforts de ses Elèves et de pouvoir joindre aux Prix de cette année presque tous ceux qu’elle avait été obligée de réserver l’année dernière851.’

L’emploi des marqueurs temporels tels “aujourd’hui” ou “demain” dans les‘ Lettres aux auteurs du journal augmentent l’illusion d’immédiateté, et créent l’idée d’une correspondance suivie et rapide entre les lecteurs du quotidien.‘ ’Si le 1er juin le‘ Journal ’annonce la réception de Vincent comme peintre d’histoire, un lecteur y réagit dans une lettre publiée le lendemain : “‘ J’ai lu avec plaisir ce que vous avez dit dans la feuille d’hier des talents de M Vincent ’ ‘ , peintre d’Histoire, nouvellement agréé de l’Académie ’”852. ’Le 9 juin 1779, un abonné s’exclame :‘ ’“‘ Je ne peux qu’applaudir à l’éloge vraiment mérité que vous faites du célèbre Pajou ’ ‘ dans votre Journal d’avant-hier, au sujet des Estampes gravées d’après lui (…) ’”853. ’Un lecteur vient de s’émouvoir devant une œuvre d’art, le Journal se rend tout de suite le lieu d’accueil de ses impressions encore fraîches. Le 5 septembre 1785, le marquis de Villette livre au quotidien son expérience très récente de spectateur du Salon de l’année : “‘ Je sors du salon. Encore tout ému du plaisir qu’il m’a fait, permettez-moi de vous adresser quelques réflexions, en attendant qu’il vous en arrive de plus savantes que les miennes ’”854.

Les débats ouverts par le Journal poussent parfois les lecteurs à se déplacer promptement dans la ville, pour voir de leurs propres yeux et approfondir les informations reçues. Suite à une série de lettres, publiées dans le Journal, sur les tableaux de la nef de Notre-Dame, enlevés temporairement pour des travaux, un lecteur avoue :‘ ’“‘ J’y allai hier ; la foule était grande, à cause de la fête et je ne vis que des admirateurs ’”855 ’Le poète Roucher se rend voir des bustes de dramaturges célèbres, dans l’atelier d’un jeune sculpteur, après avoir lu une notice du Journal qui en rendait compte :

‘Vous avez annoncé dans votre feuille du 25 de ce mois, les Statues en pied de Molière, Racine, Corneille, Crébillon et Voltaire, dont un jeune sculpteur, M Lucas Montigny, vient d’achever les modèles, et que cet Artiste propose par souscription. J’ai vu ces images des pères de notre théâtre, et je dois à un talent distingué l’aveu public du plaisir qu’il m’a donné. 856

Ayant lu une lettre du‘ Journal ’attribuant des tableaux de Le Sueur au peintre La Hyre, Le Brun, peintre et marchand de tableaux se lance soi-même tout de suite dans une recherche personnelle, qu’il résume dans ces termes :

‘En lisant votre feuille d’hier, je me suis arrêté sur la Lettre signée le Comte de la M***, concernant le livre qui a pour titre Voyage pittoresque de Paris, et j’ai pesé les raisons dont il s’est servi pour combattre l’assertion avec laquelle l’Auteur du Voyage a donné à la Hyre les dix-huit beaux dessins qui embellissent la chambre des Marguilliers de Saint-Etienne du Mont : pour être à portée d’en apprécier la valeur, je me suis transporté aujourd’hui sur le lieu pour tâcher de décider par moi-même si je les laisserais à la Hyre ou si les restituerais à le Sueur857 .

On peut conclure pour l’instant que, dès le début de son existence, le Journal de Paris se révèle à son lectorat comme un instrument rapide et efficace de diffusion de l’information artistique.

Qui signe les articles sur les arts visuels publiés par le‘ Journal de Paris  ’et quel en est le contenu? Une grande partie de l’information artistique insérée dans le quotidien étant sous forme de Lettres aux Auteurs du Journal, ’il suffit de jeter un regard sur les signataires de celles-ci. Laissant de côté les lettres rédigées pour le‘ Journal ’par Antoine Renou, engagé à titre de correspondant des arts visuels, les autres signatures‘ ’appartiennent, pour la plupart, à des artistes, des amateurs et des hommes de lettres, sans compter une quantité non négligeable de pseudonymes et de lettres signées par des initiales. Les artistes qui prennent la plume pour écrire au Journal à propos de leurs dernières productions ou pour défendre leur travail et leur réputation ne sont pas peu nombreux.

La première lettre sur les arts visuels adressée au journalistes de Paris a pour auteur Jacques Gautier-Dagoty, autodidacte versé dans la physique, les sciences naturelles et la médecine, et fondateur, en 1751, du périodique‘ Observations sur l’histoire naturelle, sur la physique et sur les arts. ’Il s’adresse au quotidien pour défendre un de ses cinq fils, durement critiqué par le Journal à propos de son portrait de la Reine858. ’Le peintre et graveur Jean-Baptiste Le Prince y intervient en 1778 pour dénoncer son confrère, le graveur Jacques-Philippe Le Bas, d’avoir publié un Prospectus contenant des faussetés à propos d’un de ses tableaux859 ’et revient en 1780 pour annoncer la fermeture de sa souscription ouverte quelques mois auparavant pour son invention de la peinture au lavis860. ’De son côté, Le Bas se justifie quant au Prospectus incriminé par Le Prince, dans une lettre du 18 janvier 1778861. ’Le peintre Jean-Baptiste Greuze se sert du quotidien pour rendre compte au public de la composition de deux de ses estampes :‘ La Belle-mère ’en 1781862 ’et‘ La veuve et son curé ’en 1786.863 ’Le jeune peintre Pierre Peyron écrit au Journal ’pour se plaindre de la critique de plagiat apportée par l’auteur du compte rendu du Salon de 1783 publié par le quotidien864. ’Une lettre du sculpteur Jean-Antoine Houdon au Journal contient des explications sur son buste de Molière et sa Diane, exposés dans son atelier, à la bibliothèque du Roi, en réponse aux éloges faits par Laus de Boissy, deux jours auparavant865. ’Une autre lettre, signée par Capet, demoiselle peintre, élève‘ ’de Madame Guyard, louée par le Journal pour ses pastels exposées à la place Dauphine en 1782, exprime ses remerciements au quotidien et tient à préciser sa collaboration avec une autre élève, non mentionnée par le journaliste866.

Toutefois, la plupart des lettres signées par des artistes, publiées dans le Journal de Paris, ont trait à la gravure. Le peintre François Ménageot se plaint dans une note de 1781 de ce que son tableau‘ Léonard de Vinci mourant ait été gravé sans sa permission 867. ’Le célèbre graveur Jean-Michel Moreau, dit Moreau le Jeune écrit au Journal en 1778 pour défendre son estampe intitulée‘ ’Tombeau de Jean-Jacques Rousseau. Vue de l’Isle des Peupliers, dite Elisée‘ , ’des reproches des critiques868 ’Il revient en 1783 pour annoncer la mise au jour d’une estampe représentant le portrait de John Paul Jones869, ’une année après, pour mettre au courant le public de l’acquisition des Figures de l’Histoire de France, ’suite à la mort de Le Bas870 ’et pour faire des observations sur les souscriptions concernant cet ouvrage871.

En 1780, le graveur et marchand d’art David est impliqué dans une dispute avec le secrétaire adjoint de l’Académie, Antoine Renou, à propos de deux estampes d’après Vernet, désavouées par ce dernier.872 ’En 1783, il revient pour nier sa concurrence avec un confrère, à propos de l’estampe intitulée Charles Premier et sa Famille 873, ’alors qu’une note de 1787 offre aux lecteurs des renseignements sur sa nouvelle collection‘ Le Muséum de Florence 874. ’Si en 1782, le graveur Charles-Etienne Gaucher justifie le retard de son estampe du Couronnement de Voltaire 875, ’en 1783,‘ ’il prend la plume pour rédiger la notice nécrologique pour son confrère Le Bas876. ’En 1780, Charles-François Macret, graveur, présente sa nouvelle estampe représentant la‘ Réception de Voltaireaux Champs Elisées, par Henri IV, Louis XV, Pierre le Grand et plusieurs Poètes 877. ’Les graveurs associés Monnet et Tilliard interviennent dans les pages du quotidien en 1785, pour apporter des corrections à l’“Avis” précédant leurs‘ Figures de Télémaque 878. ’Quant au graveur François-Nicolas Martinet, il annonce dans le‘ Journal de Paris ’qu’il se propose de‘ ’“‘ mettre au jour toutes les mécaniques nouvelles qui auront pour but l’utilité publique ’”879 ’et pour commencer, il rend compte de ses deux estampes représentant l’extérieur du Vaisseau volant ’de l’aéronaute Jean-Pierre Blanchard880.

Outre les graveurs, le Journal ouvre ses pages aux lettres d’artistes consignant au public des inventions et des techniques concernant les arts visuels. Le restaurateur de tableaux Dubuquoy, sur les travaux duquel le‘ Journal de Paris ’publie en 1778 deux lettres élogieuses, prend lui-même la parole en 1779 pour se défendre contre les attaques d’un détracteur signant Hacquin881. ’Possesseur d’une machine destinée à dresser des portraits très fidèles à l’original, appelée “physionotrace”, le peintre Quenedey, informe dans une lettre au Journal ses clients de la modicité et de la rapidité de son instrument882, ’pour annoncer quelques jours après une augmentation de prix de ses portraits gravés.883 ’A propos du même sujet, s’ajoute la lettre de Chrétien, auteur du “physionotrace”, qui soutient l’unicité absolue de la machine de utilisée par Quenedey884.

Une bonne partie des lettres sur les arts visuels publiées par le‘ Journal de Paris ’est rédigée par des hommes de lettres. Rédacteur salarié du quotidien, collaborant pour la partie‘ ’littéraire de la feuille, à côté de Corancez, Claude-Sixte Sautreau de Marsy est l’auteur de deux lettres : la première sur la Malédiction paternelle 885 ’de Greuze, la seconde sur son pendant, Le fils puni 886. ’Associé libre de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, passionné d’antiquités, Piere-Jean Grosley est à la recherche d’un tableau de Poussin dans une lettre adressée au peintre de Latour en 1782887, ’et en 1783, il rend compte de plusieurs objets égyptiens dont fit don l’Anglais Thomas Hollis au comte de Caylus en 1764888. ’Jean-Baptiste Suard est l’auteur des trois lettres composant l’éloge posthume du sculpteur Pigalle, le 12, le 21 et le 24 septembre 1786889. ’Littérateur et frère de Madame Le Brun, peintre du Roi, Etienne Vigée fait en 1777 la recension d’un ouvrage intitulé‘ Anecdotes des Beaux-Arts, ’dont il retient une anecdote sur Vernet890, ’peintre unanimement vénéré par les correspondants et les rédacteurs du Journal, et en 1778, il exerce ses talents de poète dans des vers dédiés à sa sœur, Elisabeth Vigée le Brun891. ’A peine sorti du Salon de 1785, Charles, marquis de Villette écrit au Journal pour exprimer ses premières impressions et pour plaider en faveur d’une peinture d’histoire qui puise ses sujets dans l’histoire nationale892. ’En 1786, il se lance passionnément dans le débat sur les projets d’embellissement de la capitale893 ’et en 1787 il prête sa plume à l’éloge posthume du sculpteur Rosset du Pont de St Claude‘ , ’de Franche-Comté894. ’Quant au poète Jean-Antoine Roucher, il exprime son enthousiasme à l’égard de plusieurs statues de grands hommes réalisées par le jeune sculpteur Lucas de Montigny et propose une autre série dédiée aux philosophes nationaux895.

Des amateurs, des marchands d’art, des collectionneurs ou de simples possesseurs d’objets d’arts prennent la parole dans les pages du quotidien parisien. Dans une lettre de 1778, le peintre et marchand d’art Le Brun conteste l’attribution par un lecteur du Journal, de dix-huit dessins ornant la chambre des Marguilliers de St Etienne du Mont, au peintre La Hyre896. ’Dans une notice de 1784, il intervient, en revanche, pour annoncer la présence de huit tableaux peu connus de Vernet dans la collection du Comte de Vaudreuil, dont le quotidien avait annoncé le catalogue et l’exposition897. ’C’est toujours Le Brun qui proposera en 1789 un nouveau local pour l’exposition de la jeunesse de la place Dauphine, en offrant la salle qu’il a fait construire rue de Cléry898. ’En 1782, un amateur signant Grouber, Ecuyer, invite‘ ’“‘ les Savants, les Curieux et les Amateurs ’”‘ ’à voir chez lui, pendant quinze jours, trois morceaux d’art899. ’En 1788, l’Abbé de St L*** annonce l’acquisition récente du‘ ’“‘ portrait original de Bossuet, peint en 1702 par Hyacinthe Rigaud ’”‘ , ’qu’il se félicite d’avoir mis à disposition du public, à l’Archevêché900. ’Pour ce qui est du possesseur de l’esquisse du plafond peint par Le Moyne à Saint Sulpice, il signe sa lettre “Feuillet, sculpteur, rue et Fauxbourg S Martin, chez Martin, Vernisseur du Roi” et invite tous ceux qui désirent la voir et se convaincre de son authenticité de se rendre chez lui901. ’En 1777, le Journal publie une lettre signée “Le Roi de la Faudignere”, dont l’auteur confirme l’acquisition d’un tableau noirci, qui, une fois nettoyé, s’est révélé un original de Raphaël d’Urbain. L’heureux possesseur profite aussi de cette occasion pour inviter généreusement les élèves étudiant la peinture‘ à ’venir copier librement les tableaux de sa collection902. ’Le rédacteur des Mémoires secrets n’est pas pour autant si convaincu, ni de la bonne foi de l’amateur, ni de l’authenticité de son Raphaël :

‘On annonce un tableau de Raphael d’Urbain, qu’un arracheur de dents, brocanteur, intriguant etc, nommé le Roi de la Faudinière, a acheté dans une vente pour moins d’une pistole et qu’il veut vendre cinquante mille écus. (…) Après avoir restitué ce trésor dans toute sa beauté, il l’a enrichi d’un cadre superbe ; il l’a intitulé Raphael d’Urbain, de son autorité, et il le montre sans difficulté à tous les amateurs qui veulent aller le voir903 .

Nombreux sont les écclésiastiques nommés ou anonymes qui envoient au Journal concernant des lettres sur les arts visuels. “Fr. Guilhou, Supérieur des Jacobins de la rue St Jacques” exprime ses remerciements au restaurateur Dubuquoy, qui a sauvé de la ruine un tableau précieux de son église904. ’L’abbé Raby fait l’éloge posthume du peintre Simon Lantara, occasion pour parler des difficultés des peintres non protégés par l’Académie905. ’Le prêtre Henry veut faire connaître au public le secret de restaurer les couleurs des tableaux noircis, détenu par une certaine Dame Boutelou906. ’L’abbé Pech fait l’éloge de Nicolas Poussin907, ’l’abbé Bordeaux raconte une anecdote relatant la réaction d’un enfant devant un tableau de David au Salon de 1785908, ’tandis que le Curé Ringard raconte un trait de bienfaisance lié à un objet d’art909.

Dans les rubriques “Vers ”, et “Belles-Lettres”, qui ouvrent le quotidien, le lecteur du Journal est invité à lire des éloges d’artistes contemporains et de leurs œuvres récentes, autrement dit, on lui met sous les yeux une partie de l’actualité artistique en rimes :‘ ’la‘ Diane d’Allegrain inspire en 1777 Camille et Guichard, qui publient respectivement‘ Vers à M Allegrain , Professeur en Sculpture sur sa Statue de Diane, surprise par Actéon 910 et Mis au bas de la Diane de MAllegrain 911. ’Une lettre de Romilly fils consigne au Journal des vers jamais publiés ailleurs, sur la statue de Pygmalion de Falconet, dont l’auteur est “‘ un jeune homme (…) enthousiasmé de cet ouvrage ’” :‘ ’“‘ Il paraît dans le N°97 de votre Journal, que le sujet de la Statue de Pygmalion a produit plusieurs petites pièces en vers : en voici une qui n’a jamais été imprimée ’”912.‘ ’Expression de son remerciement à un artiste, les vers de Duruflé sont intitulés A M Duché, Jeune Peintre, qui a fait présent à l’auteur d’une belle esquisse 913. ’Les rimes du Marquis de*** accompagnent, en revanche, la naissance d’une gravure déjà proposée par souscription dans le‘ Journal de Paris : Vers pour mettre au bas d’une estampe que le sieur Laurent propose par souscription 914. ’Parfois le portrait d’un magistrat peut inspirer des vers à un élève peintre, comme c’est le cas avec les‘ Vers présentés à M Lenoir, par le sieur Bouch, Elève de l’Ecole gratuite de dessin 915. ’Si MG rejoint le chœur d’éloges adressés à un artiste connu, avec ses Vers à M Greuze, sur son tableau représentant le retour du fils maudit 916, ’Blin de Sainmore chante les talents d’un artiste moins connu dans ses vers dédiés A Monsieur Judlin, Peintre en miniature, Pensionné du Roi d’Angleterre 917. ’On n’oublie ni les peintres consacrés de l’Académie (A Ménageot, sur son tableau de la mort de Léonard de Vinci ’par Mme***918), ’ni ses représentantes féminines‘ (A Mme le Brun, ’par le comte de C919).

A côté des signatures plus ou moins connues, les pseudonymes fleurissent à tout bout de champ à la fin des lettres sur les arts visuels. “Harpocrate”, “Bavardin” et “Raisonnier” s’empressent à qui mieux mieux d’exprimer leurs opinions critiques sur le tableau du peintre de la Reine, Delorge, à propos de son tableau représentant la mort du Prince de Conti, exposé dans son atelier920. ’“L’Observateur de Province” exerce sa plume badine pour faire des remarques fugitives sur quelques articles de‘ ’l’Almanach pittoresque et alphabétique des Monuments de la Ville de Paris, à l’usage des Artistes et des Amateurs des Beaux-Arts, par Herbert921. ’“Tabdrer ” écrit au‘ Journal ’pour proposer un sujet de tableau historique inspiré par l’histoire contemporaine, digne, soutient-il, du pinceau d’un peintre comme Greuze922. ’Un correspondant signant “Le Rêveur” fait publier trois lettres dans le Journal, dans lesquelles il s’en prend à la peinture de genre et aux natures mortes, qui valent plus que les sujets d’histoire, il plaide pour la peinture contemporaine dont il se déclare collectionneur engagé, et finalement, il critique les restaurateurs de tableaux sans scrupules qui portent à la ruine le “‘ patrimoine de la nation ’”923.

Le plus célèbre des anonymes du Journal est le graveur et censeur royal, Charles-Nicolas Cochin qui, entre 1778 et 1788, écrit huit lettres pour le quotidien, qu’il signe par l’initiale C* ou C***, ou encore par CNC, Graveur du Roi. Combattant infatigable pour la liberté des artistes contre l’empire de la critique imposé par les gens de lettres, Cochin nie tout le long de sa carrière le droit de faire des jugements critiques sur les arts à tous ceux qui en ignorent la technique. Avant de publier une dizaine de lettres dans le‘ Journal de Paris, ’Cochin se trouve dans un rapport constant de collaboration/ opposition avec la presse : il publie régulièrement des articles dans le Mercure de France, ’il fait écrire à Marmontel le Salon de 1759 sous sa dictée, il inspire ou rédige lui-même la plupart des Salons et des articles de peinture entre 1761 et 1771, il envoie des articles à‘ La Feuille nécessaire, ’qu’il n’approuve qu’à ses débuts‘ , ’et à la‘ Gazette littéraire d’Europe 924.

Dans le‘ Journal de Paris, ’il publie un rectificatif à la notice biographique de J.B. Lemoyne, le 6 juin 1778, une lettre sur Mlle Lusurier, le 8 février 1781, suivie d’une réponse à une critique de la lettre précédente, le 29 mars 1781, la nécrologie du marquis de Marigny, le 1er juin 1781, une lettre sur le costume du Voltaire de Houdon, le 5 octobre 1781, une lettre sur le dorique sans base, le 3 février 1783, une autre sur la gravure en manière noire, le 6 avril 1787 et, finalement, une lettre sur la pompe de la Samaritaine, le 7 juin 1788925.

Ce sont les lettres de Cochin à son ami Jean-Baptiste Descamps qui nous révèlent quelques détails concernant la contribution de l’artiste au‘ Journal de Paris, ’ainsi que sa position par rapport au quotidien. Le 7 juillet 1781, quelques jours après la publication de sa notice nécrologique dédiée à son ancien protecteur, le marquis de Ménars, Cochin écrit à son ami : “‘ Vous ne sauriez croire combien l’on tient de propos sots et sans fondements sur son compte. Mais on aura beau dire, les Artistes dont le cœur ne sera pas bas et flatteur conserveront toujours précieusement sa mémoire et ne croiront pas qu’il a été remplacé de manière à pouvoir être oublié ’”926.

Les‘ Mémoires secrets, ’qui ne partagent décidément pas l’opinion de Cochin sur l’ancien Directeur des Bâtiments, définissent, la lettre élogieuse envoyée par l’artiste au Journal de Paris, ’comme un acte de courage‘   ’:‘ ’“‘ Quelques artistes lui étaient restés attachés, et lui faisaient encore assidûment leur cour ; entre autres, M Cochin ’ ‘ , qui a eu le courage d’insérer son éloge dans le Journal de Paris ’”927. ’En 1783, Cochin envoie au Journal une lettre qui critique violemment le dorique sans base et plaide pour le respect de la règle de convenance dans l’architecture. Il commence sa lettre par observer :‘ ’“‘ Il a toujours été permis de critiquer les productions des Arts lorsqu’elles ont paru de mauvais goût et contagieuse ’”‘ , ’phrase qu’il reprend presque textuellement dans sa lettre du 15 janvier 1783 à Descamps : “‘ Je ne me fais aucun scrupule d’attaquer vertement les choses de mauvais goût et dont l’exemple est contagieux ’”928 ’Après avoir rappelé à son ami sa brochure intitulée Observations sur l’Architecture Théâtrale de M Patte, ’qui, selon lui, ne vaut pas la peine d’être expédiée par la poste, Cochin‘ ’lui parle avec une certaine satisfaction de sa lettre sur le dorique sans base, publiée dans le Journal de Paris :

‘(…) je vous envoie un petit écrit plus mince, mais plus vif et qui en vaut mieux la peine et la dépense, que j’ai inséré dans le Journal de Paris. Il a fait quelque bruit, à Paris et notamment à l’Académie d’Architecture où le plus grand nombre a ri tandis que quelques-uns faisaient la mine929.’

Les lettres adressées à Descamps nous révèlent non seulement Cochin, le collaborateur sporadique du quotidien de Paris, sachant maîtriser habilement l’instrument périodique pour exprimer ses idées et ses convictions, en dépit des bruits et des mauvaises mines, mais aussi Cochin, le lecteur attentif du Journal. Il commence son éloge à Mlle Lusurier, publié par le quotidien en février 1781 en avouant : “‘ C’est dans votre Journal que j’ai appris la perte qu’ont faites les Arts en la personne de ’ ‘ Mlle Luzuriéz ’”930.‘ ’En 1778, il suit la dispute entre le peintre Le Prince et le graveur Le Bas, où le second est accusé d’avoir donné une fausse explication du tableau de Le Prince représentant le faubourg Isle S Bazile, prise de la Ville de S Pétersbourg. Cochin en donne à son ami un résumé détaillé, qui relève, à la fois, la maladresse et l’oportunisme de Le Bas, ainsi que le manque de tact de Le Prince931:

‘(…) je ne sais si vous avez lu dans le journal de Paris une petite lettre de Le Prince où M Le Bas notre ami est fort persiflé sur l’explication qu’il a donné à sa planche de St Pétersbourg. Il y a bien de l’apparence que notre ami a imaginé de supposer dans cette planche les personnes de la cour de St Pétersbourg qui pouvaient bien lui rendre service et lui faire avoir un beau présent pour sa dédicace, car vous savez que notre cher Le Bas ne perd pas la tête quand il est question de ses intérêts ; quoiqu’il en soit, Le Prince n’a pas trouvé bon qu’on eût donné une explication chimérique à son tableau sans l’avoir consulté. J’ai joint ici la copie de la lettre de Le Prince. M Le Bas a répondu peu de jours après par une lettre que lui a faite apparamment M Hécquet qui est la plainte de Mrs Née et Masquelier. Elle est maligne et insultante, mais il me paraît qu’elle ne disculpe pas M Le Bas, car il ne peut paraître raisonnable qu’on donne la Description d’un tableau sans avoir ce que l’auteur a voulu représenter. Il serait trop long de la voir copier, mais si vous êtes curieux de la voir, empruntez à quelque ami la feuille du journal de Paris du Dimanche 18 janvier, n°17.
D’aujourd’hui 20 janvier, nous avons eu encore dans le Journal de Paris une réplique de M Le Prince qui ne fera pas plaisir à notre ami M Le Bas, aussi sa lettre le méritait-elle, car elle n’était pas d’un ton honnête, mais M Le Prince abuse d’un article de nos nouveaux statuts contre M le Bas, or ces statuts ainsi que tout autre loi ne peuvent avoir un effet rétroactif. Ils sont de 1777 et la planche a été commencée en 1775. Mais M le Prince n’est pas fort délicat, j’ai droit de le penser932.’

Que Nicolas Cochin est un lecteur attentif du quotidien de Paris, ou, du moins, des articles concernant la vie artistique, le prouve également sa lettre à Descamps, où il relate la manière dont le Journal fait l’éloge posthume de son ami, Jean-Baptiste Pigalle. Le 12, le 21 et le 24 septembre 1786, le Journal de Paris publie trois longues lettres non signées sur la vie et l’œuvre de Pigalle, écrites par Jean-Baptiste Suard, dont la troisième est entièrement dédiée au Mausolée du Maréchalde Saxe. On y ajoute le 5 octobre une lettre signée par Joly de Saint Just, relatant quelques anecdotes sur Pigalle. Cochin raconte à son ami ses impressions de lecture de ces quatre textes :

‘Je n’ai pas été mécontent des deux premières parties de l’Eloge de mon ami Pigalle, mais j’ai été très mécontent de la troisième où l’on fait une très sotte critique du sujet de son tombeau du Maréchal. J’ai dessein, si j’en puis dérober le temps, d’écrire sur la vie de mon ami, d’être juste à son égard et point louangeur quand il ne me paraîtra y avoir lieu, et je compte bien y répondre à cette mauvaise tracasserie, mais je ne rendrai pas cet écrit public autrement qu’en en faisant tirer un cent pour donner à mes amis. J’ai été beaucoup plus satisfait d’un quatrième article contenant quelques actions généreuses de Pigalle et de feu mon ami Coustou. L’Anecdote du Roi de Prusse est cependant assez exacte. Pigalle, au souper public, répondit à celui qui lui demanda qui il était, qu’il était Pigalle, auteur du Mercure. L’officier oublia le nom et dit simplement que c’était l’auteur du Mercure, le Roi qui vraisemblablement ne faisait pas grand cas du Mercure de France, n’en demanda pas davantage. Le lendemain, il sut que c’était Pigalle, il le fit chercher, mais il était parti de grand matin, assez peu content, et n’ayant appris que depuis ce qui pro quo933.’

Correspondant et lecteur du Journal de Paris, Cochin offre dans ses lettres à Descamps quelques témoignages précieux sur la façon dont le quotidien couvre l’actualité artistique, ainsi que des exemples de la manière dont un public avisé suit les débats autour des arts visuels. La vitalité et la passion qui caractérisent ce débat sont en grande mesure le fruit du courrier des lecteurs, qui représente, comme nous l’avons vu, le moteur du quotidien de Paris. Nous allons essayer de voir, dans le chapitre suivant, comment le Journal de Paris se sert de la correspondance des lecteurs pour diffuser l’information artistique, quels sont les thèmes les plus fréquents sur les arts visuels, et quel est l’effet qui en résulte sur le public.

Notes
824.

Dictionnaire des Journaux, “Journal de Paris”.

825.

Journal de Paris, 5 janvier 1777, “Variétés, Médailles”.

826.

Ibidem, 5 janvier 1777, “Variétés”.

827.

La Note qui vous a été adressée, au sujet d’une estampe représentant le potrait de la reine, est certainement faite par un artiste jaloux ou peu éclairé, riposte Dagoty père. Ibidem, 11 janvier “Gravure”.

828.

Face à la demande d’un amateur de faire des “rallonges” à un tableau par Le Moyne, en vue d’un pendant, Boucher répond de façon exemplaire: “Je m’en garde bien, de tels ouvrages sont pour moi de vases sacrés; je craindrais de les profaner en y portant la main., Ibidem, 10 janvier 1777, “Anecdote”.

829.

Apparemment, les annonces de gravure sont envoyées au bureau du Journal de Paris par différents correspondants. Le 18 janvier 1777, après avoir annoncé une estampe par Schmuzer, d’après un tableau de Rubens, les rédacteurs y ajoutent un éloge de l’ouvrage par “les personnes qui nous ont donné cette nouvelle”.

830.

Ibidem, 30 janvier 1777, “Arts”.

831.

Les chiffres exactes tirés du tableau des notices artistiques du Journal de Paris sont les suivants: 222 notices en 1777, 229 en 1778, 230 en 1779, 204 en 1780, 215 en 1781, 246 en 1782, 277 en 1783, 253 en 1784, 232 en 1785, 214 en 1786, 230 en 1787 et 254 en 1788.

832.

Journal de Paris, 17 juillet 1777, “Aux Auteurs du Journal”.

833.

Le 28 juillet 1777, la rubrique “Peinture” rend compte de la réception par l’Académie du sculpteur Houdon et du peintre Barthellemy. Le 27 septembre, un Amateur prend la défense du peintre Delorge, critiqué dans une autre notice du Journal.

834.

Il peut arriver également que les rédacteurs omettent le titre “Arts”, laissant à sa place le sous-titre “Lettre aux Auteurs du Journal”.

835.

Le 30 janvier 1777, le Journal de Paris rend compte de la réception en tant qu’agréé du graveur De Launay dans une rubrique à part, intitulée “Académie royale de peinture et de sculpture”.

836.

M de S Aubin, de l’Académie de Peinture et de Sculpture, Graveur du Roi, et de sa Bibliothèque, ci-devant rue Thérèse, Butte S Roch, demeure actuellement rue des Prouvaires, proche S Eustache, vis-à-vis le Magasin de Montpellier, Journal de Paris, 16 mai 1783, “Changement de domicile”.

837.

Le Journal publie les prix des tableaux de la vente de Randon de Boisset le 13, 14, 16, 19 (deux notices), 20, 22 (deux notices), 23, 25, 26 mars 1777.

838.

Journal de Paris, 7 mars 1777, “Arts”.

839.

Ibidem, 16 février 1777, “Arts”.

840.

Ibidem, 23 février 1777, “Arts”.

841.

Ibidem, 4 juin 1777, “Variétés”.

842.

Ibidem, 18 juin 1777, “Arts”.

843.

Ibidem, 25 août 1777, “Arts”.

844.

Ibidem, 2 mars 1777, “Arts”.

845.

Ibidem, 21 mai 1777, “Variété”.

846.

Ibidem, 21 juillet 1777, “Gravure”.

847.

Ibidem, 12 mai 1777, “Lettre aux Auteurs du Journal”.

848.

Ibidem, 6 mai 1777, “Arts”.

849.

Ibidem, 20 juin 1777, “Arts”.

850.

Ibidem, 1er juin 1777, “Arts”.

851.

Ibidem, 31 août 1778, “Arts”.

852.

Ibidem, 2 juin 1777, “Arts”.

853.

Ibidem, 9 juin 1777, “Aux Auteurs du Journal”.

854.

Ibidem, 5 septembre 1785, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

855.

Ibidem, 19 août 1777, “Arts”.

856.

Ibidem, 3 juillet 1782, “Arts, Lettre de M Roucher Aux Auteurs du Journal”.

857.

Ibidem, 18 août 1778, “Aux Auteurs du Journal”.

858.

Ibidem, 11 janvier 1777, “Gravure”.

859.

Ibidem, 12 janvier 1778, “Lettre aux Auteurs du Journal”.

860.

Ibidem, 7 décembre 1780, “Gravure, Aux Auteurs du Journal”.

861.

Ibidem, 18 janvier 1778, “Lettre aux Auteurs du Journal, Gravure”.

862.

Ibidem, 13 avril 1781, “Gravure, Lettre de M Greuze, aux Auteurs du Journal sur l’Estampe de la Belle-Mère”.

863.

Ibidem, 5 décembre 1786, “Gravure, Lettre à MM les Curés”.

864.

Ibidem, 16 octobre 1783, “Arts, Aux Auteurs du Journal“.

865.

Ibidem, 16 avril 1778, “Lettre de M Houdon”.

866.

Ibidem, 13 juin 1782, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

867.

Ibidem, 8 décembre 1781, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

868.

Ibidem, 1er novembre 1778, “Aux Auteurs du Journal”.

869.

Ibidem, 25 janvier 1783, “Gravure, Aux Auteurs du Journal”.

870.

Ibidem, 23 février 1784, “Gravure, Aux Auteurs du Journal”.

871.

Ibidem, 17 mars 1784, “Gravure, Aux Auteurs du Journal”.

872.

Ibidem, 6 mars 1780, “Gravure, Aux Auteurs du Journal”.

873.

Ibidem, 21 juin 1783, “Gravure, Aux Auteurs du Journal”.

874.

Ibidem, 20 avril 1787, “Gravure”.

875.

Ibidem, 25 mars 1782, “Gravure, Aux Auteurs du Journal”.

876.

Ibidem, 12 mai 1783, “Nécrologie, Notice historique sur la vie et les ouvrages de M le Bas, par M Gaucher, Graveur des Académies de Londres, Rouen, etc.”.

877.

Ibidem, 5 août 1780, “Gravure, Aux Auteurs du Journal”.

878.

Ibidem, 9 décembre 1785, “Gravure, Lettre de MM Monnet et Tillard aux Auteurs du Journal”.

879.

Ibidem, 20 janvier 1783, “Gravure, Aux Auteurs du Journal”.

880.

Ibidem, 22 août 1782, “Variétés, Aux Auteurs du Journal”.

881.

Ibidem, 9 août 1779, “Aux Auteurs du Journal”.

882.

Ibidem, 18 novembre 1788, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

883.

Ibidem, 6 novembre 1788, “Arts, Aux Auteurs du Journal.”

884.

Ibidem, 27 novembre 1788, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

885.

Ibidem, 14 juin 1777, “Arts, Lettre aux Auteurs du Journal de Paris, sur la Malédiction paternelle, tableau de M Greuze”.

886.

Ibidem, 26 novembre 1778, “Lettre aux Auteurs du Journal, sur un Tableau servant de pendant à la Malédiction paternelle de M Greuze.

887.

Ibidem, 16 octobre 1782, “Arts, Lettre de M Grosley à M de Latour, peintre du Roi”.

888.

Ibidem, 6 septembre 1783, “Variété, Lettre de M Grosley de Troyes aux Auteurs du Journal”.

889.

Voir “Lettres adressées par Charles-Nicolas Cochin fils à Jean-Baptiste Descamp, 1757-1790”, publiées par Christian Michel, Correspondances d’artistes des XVIIIe et XIXe siècles, Archives de l’Art Français publiées par la Société de l’Histoire de l’Art français, nouvelle période, tome XXVIII, note à la lettre XCI, (Jacques Laget, Nogent le Roi, 1986).

890.

Journal de Paris, 10 mai 1777, “Lettre aux Auteurs du Journal”.

891.

Ibidem, 25 février 1777, “Vers de M Vigée, à Madame Le Brun, sa Soeur”.

892.

Ibidem, 5 septembre 1785, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

893.

Ibidem, 27 février 1786, “Variété”.

894.

Ibidem, 4 janvier 1787, “Nécrologie ”.

895.

Ibidem, 3 juillet 1782, “Arts, Lettre de M Roucher aux Auteurs du Journal”.

896.

Ibidem, 18 août 1778, “Gravure, Aux Auteurs du Journal”.

897.

Ibidem, 18 novembre 1784, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

898.

Ibidem, 14 juin 1789, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

899.

Ibidem, 9 avril 1782, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

900.

Ibidem, 7 décembre 1788, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

901.

Ibidem, 13 septembre 1778, “Aux Auteurs du Journal”.

902.

Ibidem, 4 mai 1777, “Arts, Lettre aux Auteurs du Journal”.

903.

Mémoires secrets, 14 novembre 1772.

904.

Journal de Paris, 30 décembre 1778, “Aux Auteurs du Journal”.

905.

Ibidem, 5 janvier 1779, “Aux Auteurs du Journal”.

906.

Ibidem, 30 mai 1782, “Arts”.

907.

Ibidem, 10 septembre 1782, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

908.

Ibidem, 14 octobre 1785, “Variétés, Aux Auteurs du Journal”.

909.

Ibidem, 6 avril 1787, “Bienfaisance”.

910.

Journal de Paris, 19 septembre 1777, “Vers”.

911.

Ibidem, 4 octobre 1777, “Distique”.

912.

Ibidem, 10 avril 1779, “Aux Auteurs du Journal”.

913.

Ibidem, 10 décembre 1777, “Vers ”.

914.

Ibidem, 2 septembre 1778, “Belles-Lettres”.

915.

Ibidem, 4 janvier 1779, “Belles-Lettres”.

916.

Ibidem, 11 janvier 1779, “Vers”.

917.

Ibidem, 15 juin 1779, “Vers”.

918.

Ibidem, 7 septembre 1781, “Belles-Lettres”.

919.

Ibidem, 19 octobre 1781, “Belles-Lettres”.

920.

Ibidem, 31 août 1777, “Lettre aux Auteurs du Journal”; 13 septembre 1777, “Lettre aux Auteurs du Journal”; 17 septembre 1777, “Lettre aux Auteurs du Journal”.

921.

Ibidem, 29 avril 1777, “Aux Auteurs du Journal”.

922.

Ibidem, 25 janvier 1780, “Variété, Aux Auteurs du Journal”.

923.

Ibidem, 25 mars 1780, “Arts, Aux Auteurs du Journal”; 28 mars 1780, “Arts, 2e Lettre du rêveur”; 29 mars 1780, “Arts, 3e Lettre du rêveur”.

924.

Dictionnaire des journalistes, notice sur “Charles-Nicolas Cochin”.

925.

Christian Michel, Charles-Nicolas Cochin et le livre illustré au XVIIIe siècle, (Droz, 1987).

926.

Lettres adressées par Charles-Nicolas Cochin fils à Jean-Baptiste Descamp, 1757-1790, Lettre LXXI.

927.

Mémoires secrets, 2 juin 1781

928.

Lettres adressées par Charles-Nicolas Cochin fils à Jean-Baptiste Descamp, 1757-1790, Lettre LXXXII.

929.

Ibidem.

930.

Journal de Paris, 8 février 1781, “Arts”.

931.

Cochin fait allusion, dans cette lettre, à l’article VIII de la Déclaration du Roi en faveur de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture donnée à Versaille le 15 mars 1777, qui interdit aux graveurs de reproduire, de contrefaire ou de vendre des ouvrages d’artistes de l’Académie, sans leur permission. Sans disculper Le Bas, il trouve toutefois indigne de la part de Le Prince d’insister impitoyablement sur l’application de la loi de 1777, à propos d’une planche commencée deux années auparavant. Dans sa réponse à Le Bas du 20 janvier 1778, Le Prince cite, à son appui, un fragment de l’article VIII de la loi : “La réputation et la gloire méritées par d’excellents ouvrages, étant le but principal que doivent se proposer les Artistes de notre Académie Royale, afin de prévenir le tort qu’ils recevraient, si l’on faisait paraître sous leur nom, des ouvrages qui n’en seraient pas, ou si l’on défigurait à leur insu ceux qui en seraient, nous avons jugé à propos de renouveler les dépenses faites à cet égard à tous Graveurs et autres, de faire paraître aucune Estampe sous le nom d’aucun des Membres de ladite Académie, sans sa permission, ou à son défaut celle de l’Académie.

932.

Lettres adressées par Charles-Nicolas Cochin fils à Jean-Baptiste Descamp, 1757-1790, Lettre XXXIV.

933.

Lettres adressées par Charles-Nicolas Cochin fils à Jean-Baptiste Descamp, 1757-1790>>, Lettre XCI.