Ville superbe, ville gothique

La plupart des projets d’embellissement de la capitale publiés dans le Journal de Paris sont structurés sur une double représentation de Paris : la ville antique, avec ses attraits et ses désordres et la ville comme espace idéal de vie, résultat d’un ensemble de transformations, les unes en cours, les autres à venir ou simplement souhaitées comme nécessaires. Malgré sa monumentalité et son incontestable vertu d’être un concentré de tous les charmes de la vie urbaine, Paris ne correspond plus dès la seconde moitié du siècle à l’idéal de vie de ses habitants passagers ou permanents, en quête d’identités nouvelles. On procède donc à une critique systématique de la ville antique, désuète et inadéquate à ses nouvelles fonctions, indigne des modèles grec et romain, dont on dénonce le délabrement général, la dégradation des monuments, l’insalubrité des rues et des habitations, les éternels embarras de circulation, l’absence de confort, le piétinement de la population citadine, les preuves multipliées d’incivisme, ainsi que la dépravation des mœurs parisiennes.

Il y a, sans nul doute, dans les projets d’embellissement de la capitale une remise en cause générale de la ville antique, avec ses carences et son inadéquation aux idées et aux sensibilités du moment. Paris, tel qu’il se présente à l’œil critique de ses habitants, semble appartenir à un passé dans lequel on ne se reconnaît plus. Tout en ayant les yeux rivés sur les modèles urbanistiques grec et romain, on constate la difficulté de les appliquer à la structure actuelle de la capitale. Un lecteur du Journal n’hésite pas à dénoncer le manque de souci des “‘ ancêtres ’” pour la salubrité et la “‘ grandeur ’”‘ de la ville1350. En faisant référence aux maisons construites sur les ponts, un autre évoque avec dédain les “‘ honteux vestiges ’” du passé, dignes de la “‘ barbarie des goths ’”1351.

L’image des maisons entassées sur les ponts et les quais de Paris revient de manière obsessive dans les projets des lecteurs comme expression même d’une capitale gothique, soumise au désordre, à l’incohérence, et au renfermement sur soi. Après la destruction de sa ceinture de remparts, Paris fait les comptes avec ses ponts murés, symboles de promiscuité et d’insalubrité. Dans les années 1780, la capitale se trouve en pleine conquête de l’espace : si une déclaration du Roi du 10 avril 1783 règlemente l’élargissement et l’ouverture des rues, en 1786 un édit de la municipalité donne libre voie à la démolition des constructions qui subsistent encore sur quatre ponts de la capitale : pont au Change, Saint-Michel, Notre-Dame et pont Marie.

Quelle que fût la résistance réelle des habitants et des propriétaires des constructions sur les ponts, les lecteurs du Journal accueillent avec enthousiasme cette conquête et expriment en choeur leur reconnaissance à l’administration éclairée qui l’a rendue possible. En évoquant l’abattement des maisons des ponts, un lecteur s’exclame : “‘ Grâces ! mille grâce soient rendues au Ministre et au Corps municipal qui réalisent aujourd’hui les rêves que faisaient depuis un siècle les bons Parisiens sur les embellissements et la salubrité ’”1352. La démolition de ces “‘ vestiges du passé ’”suscite un grand soulagement chez les partisans de “‘ l’embellissement de la capitale ’”, qui les décrivent tour à tour comme ces “‘ vilaines maisons ’”1353 ’ces “‘ surcharges énormes qui obstruaient la vue ’”1354 ou ce “‘ rideau ’”1355 ’encombrant qui ferme les quais. Toujours est-il vrai que leur abattement n’est pas une solution définitive, puisque une fois dénués, les quais révèlent, selon les dires d’un correspondant, leur‘ ’“‘ aspect hideux ’”1356. ’Les changements à opérer sur la ville s’accumulent par strates et l’accomplissement d’un projet dévoile immédiatement la nécessité d’un autre : c’est ainsi que l’œil attentif de l’observateur de la capitale découvre l’ampleur de la tâche réformatrice.

Le promeneur note avec amertume la caractère vétuste et détérioré de tous les coins de la ville, l’absence d’air et de perspectives. Avant les travaux d’embellissement, le Palais Royal est un‘ ’“‘ jardin bourgeois planté d’assez vilains arbres, environné de maisons presque toutes sales et difformes ’”1357, l’Hôtel de Ville “‘ n’a rien de la grandeur et de la magnificence qui paraîtrait convenir à la Capitale du Royaume ’” et qui plus est, se trouve‘ ’“‘ dans une place étroite et irrégulière ’”1358. On déplore la “‘ triste sécheresse qui accompagne toutes les fontaines à Paris ’”1359, on fuit volontiers “‘ l’air empesté des Boulevards ’”1360, on se plaint des “‘ vilains parapets ’” bordant ces mêmes Boulevards, ainsi que des “‘ pointes de fer ’”1361 qui longent les trottoirs, en même temps on déplore l’absence de ces trottoirs si enviés aux Londoniens, signes d’une vie urbaine civilisée. Le lecteur provincial arrivé à Paris pour admirer la statue équestre d’Henri IV, considérée comme l’une des merveilles de la capitale1362, découvre avec déception “‘ l’état de délabrement de l’enceinte où le monument est renfermé ’”1363. Le piédestal du glorieux souverain est envahi par les ronces, l’ensemble annonce au voyageur surpris “‘ une masure abandonnée plutôt qu’un monument révéré d’un Roi chéri de son peuple ’”1364. Bref, le voyageur provincial venu dans la capitale à la recherche d’une confirmation de sa magnificence, y respire l’air de la décadence.

Si l’œil du promeneur à Paris est blessé par des images d’abandon et de délabrement, son nez est pris d’assaut par des odeurs urbaines peu agréables. La description que fait un correspondant du Journal du quai de la Ferraille, endroit habituel du marché aux fleurs, consiste en un mélange d’images et de sensations olfactives censées éveiller le dégoût :

‘Le quai de la Ferraille, où se tient actuellement ce Marché, est le plus fréquenté des quais de Paris : il est obstrué d’échoppes, tour à tour proscrites et tolérées ; c’est le rendez-vous des Enrôleurs, des Charlatans, des Chansonniers, des Oiseleurs, des Regrattiers de tout genre ; sans parler des beignets qu’on frit du matin au soir sur ce quai ; il faut avouer que les avenues du Temple de Flore sont bien dégoûtantes1365.’

Il rappelle également que la vente de fruits se fait à l’ombre de la statue d’Henri IV, aux dépens de la circulation : “‘ personne n’a réclamé, quoique cet étalage rétrécisse un peu la voie publique, il serait seulement à désirer que les échoppes fussent d’une forme plus agréable ’”1366. Rien à voir dans tout cela avec les marchés publics d’Athènes et de Rome qui, selon un correspondant nostalgique de l’âge d’or de l’Antiquité,‘ ’“‘ portaient l’empreinte d’élégance et de grandeur qui caractérise les monuments de ces villes ’”1367. L’image qu’il donne du marché aux fleurs de la rue au Fer est une pitoyable version des illustres modèles antiques, marquée par l’étroitesse et le désordre, empreinte par les miasmes, dépourvue de la grâce que l’étalage de fleurs pourrait offrir: “‘ Des deux côtés d’un ruisseau fétide, cette rue étroite était occupée par quantité de villageoises chargées de plusieurs paquets de fleurs entassés sans ordre, et dont elles ne pouvaient étaler les beautés faute d’espace ’”1368.

Espace d’agrément et de sociabilité, la salle de spectacle représente l’un des éléments clef de la vie parisienne. Si le Journal multiplie les projets de renouvellement des théâtres et de l’opéra, c’est que l’on prend conscience des inconvénients des salles de la capitale existantes. L’un des journalistes de Paris remarque en 1777 que l’engouement du public pour le théâtre coïncide de façon de plus en plus manifeste avec le constat de l’absence de locaux appropriés :‘ ’“‘ C’est dans le moment où le Public, entraîné par un goût général, se porte journellement en foule à tous les Spectacles, que les Comédies Française et Italienne manquent à la fois de salles convenables et commodes pour le recevoir ’”1369. On note que ce sont des endroits mal équipés, où l’on s’efforce d’ “‘ entasser beaucoup de monde ’”, dont le parterre, cette “‘ foule de malheureux qui s’étouffent ’”, “‘ ces flots orageux qui se pressent ’”1370, ’qui crient et qui hurlent, reste debout en troublant le spectacle. Le public des théâtres vétustes de la capitale a appris à respirer l’ “‘ air fade et corrompu ’” et à affronter avec succès le piétinement et la “‘ confusion des carrosses ’”1371 d’après le spectacle.

Les promenades de la capitale et leurs alentours sont également considérées comme sujettes à réforme. On souhaite qu’elles soient plus longues et plantées d’arbres sur les côtés, on n’aime pas les parties trop dénuées du Bois de Boulogne, ni ses environs envahis par les‘ ’“‘ maisons de plaisance et les guinguettes qui sont campées au milieu des ornières de boue et des tourbillons de poussière ’”1372 ’qui sont, à en croire le correspondant qui signe “Longueil architecte”, le témoignage de l’“‘ insouciance ’” nationale. A celle-ci, s’ajoute l’engouement pour l’antique des parisiens qui, selon Cochin, qui signe en 1788 une lettre par l’initiale “C***** ”, frôle le ridicule tant dans les constructions privées que dans la dénomination des édifices publics :

‘Dans ces jardinets prétendus anglais, on fait beaucoup de dépenses pour construire de petits temples qu’on croit à l’antique, parce qu’ils sont d’une architecture ridicule, lourde et écourtée, sans base, ou avec des tambours carrés, tels que les portes de Paris, auxquelles on donne le nom imposant de portes d’Athènes1373.’

Les pages du‘ Journal s’ouvrent également à la critique des mœurs parisiennes : on dénonce la sauvagerie avec laquelle on peut traiter les bêtes au cœur même de l’urbanité, l’incivisme des jeunes qui, pour se donner un air anglais très à la mode, se promènent la canne en poche, en mettant en péril la vue des passants, ou des parisiens riches qui, passant dans leurs cabriolets à toute allure dans les rues étroites et sans trottoirs, risquent à chaque instant d’écraser les piétons1374.

D’aucuns correspondants du quotidien sont d’avis que Paris est trop sujet à son caractère gothique pour pouvoir aspirer à l’embellissement. Tel est l’opinion de l’auteur d’une Lettre critique sur le nouveau théâtre de Bordeaux, qui tout en passant en revue les réalisations de la ville-port en matière d’embellissement, note à propos du noyau gothique : “‘ Bordeaux est, à cet égard, comme Paris et comme toutes les cités d’Europe, dont les Arts ne peuvent guère embellir aujourd’hui que la circonférence, le centre étant très surchargé, trop irrégulier, trop barbare ’”1375. L’embellissement n’est donc possible qu’en marge des villes, le centre gothique, avec sa structure intriquée, oppose trop de résistance au changement. Dans ce sens, la réforme urbanistique est possible uniquement à partir de l’extérieur du centre médiéval et ressemble plutôt à un assaut. Les anciens remparts une fois tombés, l’embellissement des villes antiques est en quelque sorte une conquête partant de la circonférence et avançant lentement vers le cœur urbain.

Cette vision n’est pourtant pas unanime. Le correspondant signant “Le BON, Parisien”, observe en revanche qu’il convient procéder à l’embellissement de la capitale en partant de son cœur, à savoir du quartier de la Cité. Si la Ville de Paris “‘ a de superbes parties et aucun ensemble général ’”, c’est, assure “Le Bon”, à cause de l’absence d’un “‘ plan fixe et arrêté par le souverain ’”1376. Comme tant d’autres correspondants, “Le Bon” invoque le plan comme solution au manque de représentation totale de la ville. La réforme de la capitale est empêchée par défaut de visibilité de l’ensemble, ainsi que par cette vision morcelée de la ville, faite d’une alternance de constructions monumentales et d’espaces blancs, vision qui marque, nous l’avons vu, la théorie architecturale de l’époque.

Un autre inconvénient de la vie dans la capitale consiste dans la difficulté de s’y orienter. Le réseau de rues parisiennes tortueuses et étroites, qui ne cessent de se multiplier, est un labyrinthe sans issues même aux yeux du Parisien de souche, sans parler de l’étranger désemparé qui y cherche vainement son chemin. Un abonné du Journal, habitant de Paris, exprime son embarras à s’orienter à partir de la place Vendôme, entourée par un dédale de ruelles que la mémoire a du mal à enregistrer :

‘Je vous dirai donc tout uniment, Messieurs, que, quoique je connaisse la place Vendôme depuis longtemps, je ne sais pas encore comment je m’y prendrais pour enseigner à un étranger le chemin qui y conduit, et même lorsque j’y suis une fois, j’éprouve toujours une sorte d’embarras à me décider par où en sortir ; j’imagine d’être au milieu d’un labyrinthe, superbe à la vérité, mais dont on ne voit pas les issues1377.’

L’orientation dans les rues de la capitale semble constituer un problème d’actualité qui trouve facilement de l’espace dans les pages du Journal. Ainsi, à la rubrique “Livres divers” du 7 avril 1788 le quotidien annonce l’ouvrage intitulé Etat actuel de Paris, ou le Provincial à Paris, ouvrage indispensable à ceux qui veulent connaître et parcourir la capitale sans faire aucune question, en 4 vol in-24, suivi de Cinq cartes nouvelles, le Plan général de Paris avec ses accroissements depuis Philippe-Auguste jusqu’à Louis XVI. Le 9 mai, la rubrique “Extraits, Belles-Lettres ” revient avec un compte rendu de cet ouvrage, dont il souligne l’utilité dès le début:

‘On a publié une foule de Descriptions de Paris, ou d’Indications des objets curieux et utiles dont cette grande Ville abonde. On a en vue dans toutes ces Descriptions les Etrangers et même ceux des habitants de Paris, qui y séjournent quelquefois toute leur vie sans bien le connaître. Aucun ouvrage n’est plus propre à leur faciliter cette connaissance que celui dont il est ici question1378.’

Paris est ici représenté comme une “‘ grande ville ’”, qui multiplie à l’infini ses attractions, et qu’une vie entière passée à l’intérieur de son dédale de rues ne suffit pas pour connaître. Cependant, le problème de l’orientation dans la capitale semble être moins dû à ses dimensions, qu’à l’augmentation chaotique du nombre des rues, ainsi qu’à sa structure irrégulière et désordonnée, qui se refuse à toute tentative de représentation. Dans une lettre-projet du 22 juillet 1787, Choderlos de Laclos décrit aussi une capitale où les promenades et les courses se transforment en véritables aventures :

‘Il me semble que tout le monde, dans Paris, souffre plus ou moins de la difficulté d’en connaître assez les rues pour être assuré de pouvoir arriver aux lieux où l’on veut se rendre. Quelques-uns remédient, en partie, à cet inconvénient, en se faisant conduire en voiture ; les autres sont réduits à une triste ressource, non que je n’aie comme un autre, remarqué l’obligeance du peuple parisien à cet égard ; mais parce que j’ai vu que soit timidité, soit orgueil, personne ne faisait cette demande sans éprouver quelque embarras. La prodigieuse quantité de rues nouvelles, qu’on a faites depuis si peu d’années, a beaucoup empiré le mal ; car on ne trouve presque plus de cochers, même parmi ceux de place, à qui quelques-unes de ces rues nouvelles ne soient totalement étrangères ; et l’on ne sent qu’à plus forte raison, les renseignements, si nécessaires aux piétons, sont devenus plus difficiles à donner, et par conséquent à recevoir, sans compter le temps que perdent et les personnes à pied et celles en voiture, faute de pouvoir ordonner leurs courses, par l’ignorance où elles sont de la position respective des différentes rues1379.’

Tel qu’il apparaît dans les pages du Journal, Paris est un grand chantier ouvert à d’innombrables travaux : démolitions, constructions, fouilles remuent et modèlent son territoire, le neuf et l’ancien se côtoient, les décombres s’alternent avec les édifices nouvellement bâtis. On dirait un une scène de théâtre en perpétuel mouvement, un étalage de grandes machines dont on se plaît à découvrir l’assemblage et le fonctionnement. Pour certains, ceci est le signe d’un interminable état provisoire, assez déplaisant par ailleurs, où rien n’est défini, durable, et où, comme au théâtre, tout ce qu’on a sous les yeux est le fruit de la pure illusion, construction mille fois montée et démontée, censée stimuler le plaisir momentanément. En partant d’une réflexion sur la salle provisoire de l’Opéra inaugurée le 5 octobre 1782, construite et décorée par Nicolas Lenoir en l’espace record de 75 jours, un lecteur du Journal observe que le mot provisoire “‘ a quelque chose d’affligeant ’”1380 ’et poursuit :

‘Votre immense ville de Paris, cette Capitale du Monde, ne semble être formée que de bâtiments provisoires. Une grande partie du Louvre est encore enfermée dans des rues étroites ; et les masures qui l’environnent n’avaient été bâties qu’en attendant. Le beau portail de St Sulpice n’est élevé que provisoirement ; je ne vois guère que les Séminaristes et les hirondelles qui puissent en découvrir la superbe ordonnance. Les Ecoles de Chirurgie sont aussi provisoirement derrière le mur des Cordeliers. Vingt autres édifices, modèles du bon goût, n’offrent partout que des pierres d’attente1381.’

Les grands chantiers de la capitale n’inspirent pas pour autant chez tous les observateurs cette sensation affligeante. Certains correspondants, tel “Le Marin”, rendent comptent avec enthousiasme de leur flâneries dans ce Paris affairé qui change à vue d’œil. Tantôt il se tord le cou pour admirer le portail de Saint Sulpice1382, tantôt il jette un coup d’œil dans la galerie du Louvre où la présence d’un échafaud est annonciatrice des travaux pour une exposition permanente des tableaux du Roi1383. Plus loin, il se mêle à la foule de curieux qui admirent à travers une grille une maison privée à peine achevée, construite par l’architecte Boullée1384.

La promenade à travers la capitale se révèle le meilleur moyen de saisir les pulsations de ce grand chantier et de faire sentir aux lecteurs l’intensité avec laquelle les habitants vivent les changements qui s’y opèrent. Le‘ Journal ’se vante de tenir au courant son lectorat de toutes les réalisations en matière d’urbanisme : il rend compte du nouvel Hôtel des Monnaies1385, de la restauration des Tours de Saint Sulpice1386, de la construction de la nouvelle salle de Comédie Française1387, de la nouvelle Halle de blé1388 ou de la restauration et de l’embellissement du Palais de Justice1389.

Tandis que les travaux avancent, les chantiers ouverts font sortir à la lumière du jour un Paris souterrain et lointain que l’on s’efforce de récupérer et de conserver. Pasumot, Ingénieur du Roi, annonce dans une lettre publiée en 1783 que‘ ’“‘ dans les fouilles que l’on fait pour les fondations des nouvelles maisons que l’on construit dans l’emplacement de l’ancien hôtel de Condé, l’on creuse jusqu’à environ 15 pieds ’”, et que l’on y a trouvé à cette occasion “‘ quelques monuments antiques, que la pioche a brisés sans que les ouvriers s’en soient doutés ’”1390. Les fouilles et les démolitions sont accompagnées d’un souci de conservation de traces des édifices abattus. Une lettre signée par un certain “Vauchelet” invite “‘ toutes les personnes qui pour des causes quelconques font faire des fouilles ou des démolitions, à conserver des plans et des descriptions de bâtisses qu’ils détruisent et de tout ce qui peut porter quelque apparence d’ancienneté ’”1391. Pendant que Paris tend au renouvellement, on s’attache à cueillir soigneusement les traces de son passé. Le même Pasumot raconte comment durant des travaux de construction qu’il dirige, des morceaux d’histoire de la capitale rejaillissent des profondeurs de la terre :

‘Le vendredi 27 de ce mois, en examinant les fouilles que l’on a fait vis-à-vis du chevet de la Sainte Chapelle, pour construire un nouveau bâtiment attenant au pavillon du Palais, je découvris parmi les matériaux qui venaient d’être tirés des fondations antiques placées à environ 10 pieds en terre, une grande pierre sculptée qui montrait des figures. Mon premier soin fut de la recommander aux Ouvriers1392.’

A partir des années 1785 et 1786 et jusqu’à la Révolution, l’image de la capitale à laquelle le Journal doit son titre, se définit et s’enrichit dans ses pages par une grande diversité d’articles qui la concernent : projets d’embellissement, descriptions d’édifices, mais aussi, comptes rendus de fouilles occasionnées par les travaux et brèves incursions dans son histoire. En 1786, le quotidien lance une série de lettres intitulée Détails historiques sur Paris, qui s’arrêtent sur Notre-Dame, sur le quartier de la Cité ou sur l’établissement des Enfants-Trouvés. Ce dernier projet est perçu en étroite liaison avec l’intérêt pour la régénération de la capitale ; en témoignent les mots d’un lecteur qui avoue être déçu de son renvoi par les journalistes de Paris:

‘Vous avez promis, il y a quelques mois, Messieurs, des détails historiques sur l’état ancien et actuel de Paris, et vous nous aviez préparé ces détails par une annonce intéressante de quelques opérations publiques qui ont également pour objet et l’embellissement de la Capitale et la commodité des Citoyens. Je n’entre point dans les raisons qui vous ont fait abandonner ou différer un travail également utile et curieux. Qu’y a-t-il en effet de plus curieux que de nous montrer les progrès successifs de cette immense Capitale, où 800.000 hommes rassemblés dans un espace de 7 à 8 lieues jouissent en sûreté de toutes les inventions de l’esprit humain, et dans quel Ouvrage les détails de cet intéressant tableau, seraient-ils mieux placés que dans le Journal de Paris ?1393

Non seulement rêve-t-on de restructurer de fond en combles la vie dans la capitale, mais pour y parvenir, on sent le besoin d’en connaître l’évolution dans le temps. Les nouvelles représentations de la ville sont le fruit d’une double approche : synchronique, liée à une exploration détaillée de Paris en horizontale, et diachronique, poursuivie en verticale sur l’échelle temporelle. Le lecteur pointe, comme tant d’autres correspondants du Journal, à l’immensité de la ville de Paris qui, tantôt est source de désarroi, signe d’égarement et de manque de repères, tantôt marque d’un immense patrimoine.

Le correspondant désorienté dans les rues mêmes qu’il fréquente depuis des années décrivait Paris comme un “‘ labyrinthe superbe ’”. Il n’y a pas chez les intervenants en matière d’urbanisme une discréditation absolue de la capitale, celle-ci reste pour beaucoup d’entre eux‘ ’“‘ le chef lieu du plus beau royaume ’”. La beauté de Paris est une donnée indiscutable et, comme l’observent souvent les lecteurs du Journal, il ne s’agit pas de tout abattre, mais d’adapter l’espace urbain aux exigences de la vie moderne. On prend peu à peu conscience des potentialités de cette‘ ’“‘ Ville immense ’”, on réfléchit sur les parties à conserver et sur celles à améliorer. Si l’idéal rationaliste et fonctionnaliste des Lumières se heurte aux obstacles de la ville gothique, elle continue à subsister avec ses formes irrégulières et tortueuses, voire à se mêler avec les nouvelles formes ordonnées et géométriques. On est encore loin des percées d’Hausmann, qui tranchent dans le tissu de la ville, le nouvel urbanisme s’insinue plutôt dans les interstices des vieilles structures sans les détruire, mais en essayant de cohabiter avec celles-ci1394.

Nonobstant tous les inconvénients énumérés par les faiseurs de projets d’embellissement, Paris est incontestablement le centre de toutes les attractions de la vie urbaine, ou, pour citer un lecteur du Journal,‘ ’“‘ de toutes les douceurs de la société et toutes les productions des Arts, de toutes les inventions de l’esprit humain ’”1395. L’image de la grande ville comme lieu d’égarement, d’immoralité et d’artifice, contenue dans l’opposition ville-campagne, ne manque pas non plus dans les pages du quotidien. A la rubrique “Belles-Lettres” du 23 septembre 1788, le Journal publie un poème intitulé A un berger séjournant à Paris signé par “Le Berger Sylvain” :

‘Qu’allais-tu faire en cette Capitale,
Où tout se dit, où tout se chante faux,
Où l’amour même est une bacchanale ?
Pauvre berger ! retourne à tes pipeaux.
Qu’allais-tu faire en ce lieu d’artifices,
Où les Renards professent leurs leçons
Et font payer de si chères épices !
Pauvre berger ! retourne à tes moutons.
Qu’allais-tu faire en cette Cité grande,
Où tout se vend, où les cœurs sont à prix,
Où l’Amour cède à la plus riche offrande !’

Pauvre Berger ! retourne à ta Philis.Loin de déplaire toujours, les séductions et le mouvement perpétuel de la grande ville enchantent et retiennent sur place le voyageur. Le regard de l’étranger, avec sa capacité sous-entendue de prendre les distances par rapport à l’objet observé, représente pour le quotidien de Paris un moyen d’offrir une image de la capitale empreinte de fraîcheur et de curiosité. Le correspondant qui se donne pour un peintre de costumes irlandais et signe ses lettres sous le pseudonyme “Nigood d’Outremer” s’intéresse aux mœurs parisiennes, aussi bien qu’aux promenades de la capitale. Etabli provisoirement à Paris, “Nigood” avoue se renseigner assidûment sur sa nouvelle patrie, chercher “‘ à démêler le caractère de la nation ’”, étudier‘ ’“‘ l’esprit de la langue ’”1396 ’et s’occuper, à chaque fois que l’occasion se présente, des problèmes d’urbanisme : “‘ Me voilà tout-à-fait Bourgeois de Paris ; car j’aime infiniment le Soleil et le Roi de France. Je m’intéresse à ma nouvelle patrie, et je ne puis me taire quand je suis poursuivi par quelque idée qui peut servir à son embellissement ’”1397.‘ ’Après avoir fait des remontrances sur les cannes en poche et les cerfs-volants sur les Boulevards, “Nigood” se tourne du côté des promenades parisiennes qu’il fréquente en compagnie de sa jument Bonasse et auxquelles il se montre particulièrement affectionné : “‘ Que le Bois de Boulogne est charmant ! qu’il nous plaît à nous autres Anglais ! ’”1398.

Le 22 décembre 1784 le Journal publie Lettre d’un Russe à son Ami à propos de l’aménagement récent du jardin du Palais Royal, ainsi que de ses environs. Logé dans un appartement qui donne sur le jardin, “Le Russe” se montre comblé par la profusion d’attractions qu’offre le nouveau Palais Royal et ne cache pas sa surprise et son enchantement quant à la rapidité et à l’efficacité avec lesquelles ont été accomplis les travaux :‘ ’“‘ Tout ce qui s’offre à mes regards est bien étranger à ce que nous avons vu, il y a quatre ans. Je ne reviens pas de ma surprise ; il semble que tout soit ici l’ouvrage des Fées ’”1399. N’ayant pas assisté aux travaux, l’étranger n’en cueille que l’effet enchanteur, et guidé par les impressions d’avant et d’après l’aménagement, il insiste sur l’idée de‘ ’“‘ métamorphose ’”‘ ’presque miraculeuse. Le Palais Royal, tel qu’il s’offre à ses yeux, représente la quintessence de l’urbanité et de la capitale française. Ce n’est pas la ville dans son ensemble, avec tous ses problèmes et son potentiel qui intéresse le voyageur russe, mais un point central unique, équipé pour satisfaire ses propres exigences, une sorte d’île parfaite, renfermant toutes les commodités et les tous les agréments qu’un centre urbain moderne peut offrir :

‘(…) figurez-vous trois magnifiques ailes de bâtiment ? figurez-vous trois cent pilastres Corinthiens, ciselés comme de l’orfèvrerie, qui soutiennent de longues galeries, d’une forme élégante et commode, et qui le soir sont éclairés par d’immenses cordons de lumières : voilà le cadre du nouveau jardin
C’est là que tout est enchanteur. On ne sait à qui s’en prendre : il faut à tout moment regarder les jolies personnes qui trottent sous la galerie, ou considérer les belles étoffes et les bijouteries brillantes qui reposent sur les comptoirs et ne laissent en repos ni vos yeux ni votre bourse. (…)
Après avoir passé une nuit paisible, et dont le calme n’est point troublé par le roulis des voitures, on y jouit à son réveil de tout ce qui fait le charme de la vie. Ici, sont des Bains, dont la recherche et l’extrême propreté composent le luxe, et où le plaisir préside à la santé ; là ce sont des Restaurateurs où l’on trouve tous les raffinements pour la bonne chère, et où l’on peut être friand sans être riche ; plus loin, les Salons charmants qui portent le nom de Cafés. Je vais chercher des nouvelles chez Foy et de l’esprit au Caveau. Sur le même palier, je trouve une Bibliothèque du plus beau choix ; un Cabinet de tableaux précieux ; un autre d’Estampes rares ; un autre de Physique ; un autre d’Histoire naturelle. Au bout de la galerie, vous croyez être à la fin de votre admiration ; point du tout : vous entrez au Musée, nouveau Lycée dont le courageux fondateur a fait le dépôt de toutes les Sciences : vous trouvez, dans ces laboratoires, des Adeptes de tous les ordres et de la meilleure compagnie, et pour lesquels la Physique, la Médecine, la Chimie et l’étude des Langues, l’Astronomie, sont devenues des passe-temps aussi familiers que le sont ailleurs le Billard, Wisck, le Tresette et le déplorable Loto1400.’

Beauté architecturale, éclairage de nuit, sommeil tranquille, agitation diurne mêlant le charme des jolies dames avec la beauté des étoffes et des bijouteries exposées sur les comptoirs, propreté des bains, raffinement des restaurateurs, attraction des cafés, profusion d’espaces voués à l’instruction, voici le cadre urbain idéal, restreint à la galerie et au jardin du Palais Royal, décrit par “Le Russe”. Même s’il parle d’un endroit bien réel, son idée d’une île privilégiée à l’intérieur d’une grande ville, pour le reste invisible, relève plutôt de l’utopie. Insouciant de tout ce qui se passe à l’extérieur de cet espace idéal et confiné, “Le Russe” affirme que le Palais Royal constitue le‘ ’“‘ cercle ’”‘ ’où il passerait‘ ’“‘ toute l’année et dont [il] ne veut plus sortir ’”1401 et où le temps perd sa consistance : “‘ Je vous assure que ce tableau mobile et varié de toutes les jouissances humaines magnétise encore plus que le Baquet de Mesmer ; et c’est ainsi que je dépense mon temps sans trop savoir comment il s’écoule ’”1402.

Le projet urbanistique mis en œuvre au Palais Royal, avec sa force magnétisante, est surtout un exemple positif de transformation de la capitale, vu à travers l’œil critique d’un étranger, même si sa portée est limitée. Si certains projets urbanistiques publiés par le Journal prennent la forme de celui du Russe, à savoir se limitent à un point précis de la capitale, d’autres en revanche s’efforcent de proposer des travaux plus amples qui concernent des parties plus étendues, ou qui ont l’ambition de s’appliquer à la ville entière. Les réflexions sur la ville publiées dans le‘ Journal de Paris ’vont du cercle fermé des oasis d’urbanité telles le Palais Royal à la forme éclatée d’une capitale qui a perdu sa ceinture de remparts et qui est dans une expansion continuelle, avec une certaine préférence cependant pour le noyau ancien de la ville1403.

Nous allons voir, dans ce qui suit, quels sont les principaux éléments urbains que l’on veut soumettre à la réforme et, par le biais de ces morceaux de puzzle, nous allons essayer de construire l’image de la capitale dont rêvent les correspondants du Journal de Paris. Les salles de spectacle, les rues et les quais, les promenades, les marchés, les jardins publics, les places et les ponts sont les sujets qui préoccupent constamment les faiseurs de projets d’embellissement. En même temps, il ne s’agit pas d’imaginer pour la capitale une simple parure faite d’édifices de prestige, mais d’aérer, d’éclairer, de sécuriser, de dégager la vue des obstacles, de réformer les mœurs des habitants, tout ceci, avec les moyens les plus simples et les plus efficients et ayant recours à des dépenses minimes.

Notes
1350.

Journal de Paris, 28 janvier 1787, “Arts ”.

1351.

Ibidem, 11 février 1787, “Arts”.

1352.

Ibidem, 17 février 1788, “Variétés”.

1353.

Ibidem, 8 avril 1786, “Arts”.

1354.

Ibidem, 28 janvier 1787, “Arts”.

1355.

Ibidem, 27 février 1786, “Variété”.

1356.

Ibidem, 8 avril 1786, “Arts” : “Voilà tout à l’heure la partie orientale des vilaines maisons du Pont Notre-Dame renversée; mais on sera sans doute bien surpris, lorsqu’au milieu de cette belle perspective que l’on nous annonce, on ne verra plus que l’aspect hideux de l’arcade du quai de Gêvres, caché jusqu’ici par ces mêmes maisons”.

1357.

Ibidem, 22 décembre 1784, “Variété”.

1358.

Ibidem, 26 avril 1778, “Architecture”.

1359.

Ibidem, 11 février 1787, “Arts”.

1360.

Ibidem, 29 mars 1788, “Variétés”.

1361.

Ibidem, 2 mars 1788, “Variété”.

1362.

La statue équestre d’Henri IV fut érigée sur le Pont Neuf. Sa nouveauté consistait à offrir, pour la premierè fois, une statue au public, indépendamment de toute construction. Fondue pendant le Révolution, elle fut refaite en 1818, sous le règne de Louis XVIII.

1363.

Journal de Paris, 31 mai 1787, “Variété”.

1364.

Ibidem.

1365.

Ibidem, 17 février 1788, “Variétés”.

1366.

Ibidem.

1367.

Ibidem, 13 juin 1786, “Aux Auteurs du Journal”.

1368.

Ibidem.

1369.

Ibidem, 24 février 1777, “Architecture”.

1370.

Ibidem, 26 décembre 1787, “Arts”.

1371.

Ibidem.

1372.

Ibidem, 25 avril 1788, “Variétés”.

1373.

Ibidem, 7 juin 1788, “Arts, Aux Auteurs du Journal”.

1374.

Voir le chapitre La réforme morale et sociale du quotidien, pp 138-141.

1375.

Journal de Paris, 5 avril 1783, “Architecture, Lettre critique sur le nouveau théâtre de Bordeaux”.

1376.

Ibidem, 30 novembre 1787, “Varieté, Lettre sur les Embellissements de Paris aux Auteurs du Journal”.

1377.

Ibidem, 27 juillet 1787, “Variété ”.

1378.

Ibidem, Extraits, “Belles-Lettres ”.

1379.

Ibidem, 22 juillet 1787, “Variété”.

1380.

Ibidem, 27 janvier 1788, “Variété, Lettre du Baron de Thunder aux Auteurs du Journal”.

1381.

Ibidem.

1382.

Ibidem, 4 mars 1777, “Arts, Seconde lettre du Marin”.

1383.

Ibidem.

1384.

Ibidem, 21 avril 1777, “Lettre cinquième du Marin aux Auteurs de ce Journal”.

1385.

Ibidem, 28 mars 1777 “Arts”, 1er avril 1777, “Architecture”, 2 avril 1777 “Arts”.

1386.

Ibidem, 7 novembre 1778, “Aux Auteurs du Journal”.

1387.

Ibidem, 25 novembre 1780, “Variétés”.

1388.

Ibidem, 2 février 1783, “Architecture”.

1389.

Ibidem, 4 janvier 1777, “Arts”.

1390.

Ibidem, 27 mai 1783, “Variété”.

1391.

Ibidem, 11 août 1778, “Aux Auteurs du Journal”.

1392.

Ibidem, 14 septembre 1784, “Variété”.

1393.

Ibidem, 8 juin 1786, “Variété”.

1394.

C’est ce que Emanuel Leroy-Ladurie appelle un “urbanisme frôleur”, qui “environne les corps des villes sans le tronçonner”. Il observe que “l’esthétisme géométrique et le fonctionnalisme des Lumières n’éliminent donc pas l’archaisme irrégulier de la ville gothique et postgothique. Les dédales de la fourmilière géante, hérités des temps médiévaux et baroques, ne sont qu’à moitié supplantés par les rayons de miel mathématiques de la ruche d’abeilles, à prétentions néo-classiquesLa Ville classique.

1395.

Journal de Paris, 8 juin 1786, “Variété”.

1396.

Ibidem, 23 avril 1787, “Variété, Lettre de M Nigood d’Outremer”.

1397.

Ibidem, 22 mars 1787, “Variété, Lettre de M Nigood d’Outremer”.

1398.

Ibidem.

1399.

Ibidem, 22 décembre 1784, “Lettre d’un Russe à son Ami”.

1400.

Ibidem.

1401.

Ibidem.

1402.

Ibidem.

1403.

Un lecteur du Journal observe que la prolifération des projets d’embellissement est telle, qu’il en résulte “un si copieux abattis au centre de Paris, que je me verrais obligé pour y prendre part d’en aller attaquer les flancs ou d’en proposer la réédification entière”. Pourtant, il avoue tout de suite : “abattre et projeter dans les faubourgs n’a point d’attraits pour moi”. (2 janvier 1788). Tout en félicitant la municipalité pour les travaux de dégagements des ponts entrepris en 1786, un autre lecteur ajoute : “Il était juste de donner sur tous les quartiers de Paris la préférence à celui de la Cité”. (30 novembre 1787). Il paraît d’ailleurs que les lecteurs du Journal éprouvent une certaine inquiétude quant à une expansion incontrôlable de la capitale. Le 15 mars 1787 le quotidien publie des extraits d’un “Mémoire dans lequel on prouve la possibilité d’agrandir la ville de Paris, sans en reculer les limites”, par M de Bory, Chef d’escadre des Armées navales.