1778, n°253, 10 septembre, Variétés.

On vient de replacer dans la Chapelle de St Maurice de l’Eglise de St Sulpice (vis-à-vis le tableau des Vendeurs chassés du Temple, peint par Natoire) l’Esquisse du Plafond de la Chapelle de la Ste Vierge, peinte et finie par François le Moine. Ce fameux peintre, en reconnaissance de la gratification que lui fit M Languet lorsqu’il eut fini le plafond, lui fit présent de cette Eglise le 11 Mai 1733.

On croit assez généralement que celle qui a été vendue 6000 liv à la vente de M Randon de Boisset n’en est qu’une copie faite par Natoire, ou peut-être par le Moine lui-même ; mais celle de St Sulpice est certainement de le Moine, et quand même les Maîtres de l’Art ne la reconnaîtraient pas au premier abord, on pourrait leur en donner des preuves authentiques.

Cette Esquisse n’est pas entièrement semblable au Plafond. La surface de la voûte qui est de 64 pieds de développement de large, sur 54 pieds de profondeur, a obligé le Moine d’y ajouter plusieurs sujets parmi les Anges, les Vierges, les Docteurs et parmi les Demoiselles qui accompagnent M Olier, Curé, dont il a substitué le portrait à celui de M Languet, par ordre de ce dernier. Il a retranché un Ange qui devait être sous les pieds de la Ste Vierge et tenir avec un autre qui y est, une banderole sur laquelle sont ces paroles : refugium peccatorum.

Lorsqu’on examine attentivement cette esquisse, il ne paraît plus surprenant qu’on ait eu tant de peine à déterminer M Callet à retoucher le plafond. Aucune des figures, si on en excepte peut-être celle de la Ste Vierge, n’y sont au plafond ; et pour les y mettre en exécution, il aurait fallu faire de nouvelles études de tous les sujets ; mais on l’a obligé à suivre exactement l’Esquisse. On remarque cependant qu’il a mis beaucoup plus d’air dans le Plafond et que la Gloire perce bien mieux que dans l’Esquisse. Il est bon de rappeler au public que ce Plafond, surtout depuis l’incendie de la Foire de St Germain, était dans le plus mauvais état ; la couleur de plusieurs figures était en poussière, le tout était noir et absolument du même ton. Malgré tout le désagrément d’une pareille besogne, il est très-heureux que M Callet ait aussi bien réussi, à la satisfaction des Artistes qui ont examiné de près cet ouvrage avant qu’il y travaillât. D’ailleurs on voit par l’addition qu’il y a faite (encore malgré lui) ce qu’il était en état de faire ; ses sujets sont plus en plafond que ceux de le Moine.

Une des principales raisons pour lesquelles M de Wailly a fait faire une seconde voûte dans la Chapelle dont nous parlons, c’est afin de la remettre dans les vraies proportions où elle était à-peu-près, lorsqu’elle fut finie par Gittard d’après les dessins de Gamard qui en avait été le premier Auteur. Messonier l’avait élevée, par le moyen d’un petit ordre mesquin, à une hauteur démesurée; puisqu'elle a 80 pieds d’élévation et n’a que 44 pieds de largeur sur 30 de profondeur. La nouvelle calotte, ou demi-voûte, paraît diminuer cette élévation prodigieuse et fera paraître la Chapelle du double plus vaste et plus proportionnée à l’ensemble de l’Eglise, lorsque les échafauds seront entièrement ôtés.

Dans la Feuille du 25 août dernier, on n’a point nommé l’Auteur de la Gloire et des Statues en stuc qui accompagnent celle de Ste Vierge en marbre, parce que ces objets ne sont pas finis. C’est M Pigal le neveu, qui en est chargé : MM Metivier et Lachenait le font de la sculpture en ornements ; et M Hervieux de la Ciselure et Dorure en bronze, et M Vallée de toute la dorure qui est à l’huile, soit brunie, soit matte.