1778, n°256, 13 septembre, Aux Auteurs du Journal.

Messieurs,

Comme je suis possesseur de l’Esquisse du plafond de le Moyne, vendue 6000 livres à la vente de M Randon de Boisset, je crois devoir relever ce que l’on paraît insinuer dans votre Numéro d’hier (à l’article des nouveaux embellissements de S Sulpice). On y soupçonne mal-à-propos l’esquisse qui m’appartient de ne pas être de le Moyne. Depuis longtemps l’Esquisse que l’on voit dans l’Eglise, et celle qui est entre mes mains, sont connues et personne ne s’est avisé de douter de l’originalité de l’une ni de l’autre. Mais celle que j’ai, paraît avoir été faite la dernière, parce qu’elle est parfaitement conforme au plafond exécuté. On ne doit jamais donner le nom de copie, à ce qui sort de la main du même Maître : alors, à la rigueur, cela s’appelle répétition. Sans vouloir déprimer la première, tous les connaisseurs conviendront que la seconde, qui est la mienne, est peinte d’une touche et d’une couleur plus ferme que l’autre, et que ce n’est pas sans raison qu’elle est montée à la somme de 6000 livres. Je me ferai un vrai plaisir, dans la circonstance présente, de la montrer à ceux qui voudront me faire l’honneur de venir chez moi. Quoiqu’il en soit de ces deux esquisses, je crois qu’il eût été très bien de suivre l’une des deux à la lettre et qu’il est décent de respecter la mémoire d’un grand homme. J’ai l’honneur d’être, etc.

Feuillet, Sculpteur, rue et Fauxbourg S Martin, Chez Martin, Vernisseur du Roi

Ce 11 septembre 1778