1780, n°193, 11 juillet, Architecture, Aux Auteurs du Journal.

Messieurs,

Chargé de construire une Salle de spectacle pour une grande Ville de Province, j’ai recherché tout ce qui, des Théâtres antiques pouvait être adapté à nos usages et concilié avec nos convenances théâtrales ; j’ai suivi toutes les variétés des Salles de Spectacles modernes ; mais je n’ai trouvé que peu de dimensions fondées sur des proportions précises et agréables, peu de formes analogues à l’objet, peu de caractère : je n’ai reconnu enfin aucune théorie établie par des expériences absolues, de la manière de propager ou d’augmenter le son des voix, des Acteurs ou Chanteurs, ou celui des instruments, car je ne sais quel jugement on doit porter de l’effet des vases ou cloches retentissantes, soit de verre, soit de métal, dont parle Vitruve ; ou de cavités pratiquées sous les orchestre, imaginées, dit-on, par Jean-Jacques Rousseau. Prêt à fixer tous les détails de mon projet, je désire être instruit incessamment.

1. S’il est nécessaire qu’une Salle de spectacles soit sonore ? si cette propriété lui vient de sa forme ou de sa matière ? s’il existe des expériences incontestables d’après lesquelles on ait conclu ou pu conclure une théorie ? Quelles sont ? Si les cavités réservées sous les orchestres des Sales d’Opéra de Paris et de Versailles produisent cet effet ?

2. Quel doit être le caractère tant extérieur qu’intérieur d’une Salle de spectacles ? et quels sont les moyens généraux de l’imprimer à l’édifice d’une manière équivoque ?

Je présume que les Architectes distingués de la Capitale ont tellement examiné ces questions, qu’ils voudront bien m’éclairer par des solutions qui ne peuvent que justifier leur réputation.

J’ai l’honneur d’être, etc La Cour.