1783, n°82, dimanche 23 mars, Trait historique, Architecture, Aux Auteurs du Journal, Gravure.

Messieurs

Vous avez rendu compte dans le n°80 d’une nouvelle Salle de Spectacle par M Poyet. Vous ignorez, sans doute, que ce projet a été imaginé par M le Doux, Architecte du Roi et de l’Académie Royale d’Architecture, en 1775 ; qu’il a été arrêté par le Conseil en 1776, et gravé au frais de l’Administration en 1777 ; en conséquence je vous supplie de vouloir bien insérer dans votre Journal les détails que j’ai l’honneur de vous adresser, munis de l’autorité de M de la Corée, Intendant de la Franche-Comté.

J’ai l’honneur d’être, etc

“La salle du Spectacle de la ville de Besançon est sur le point d’être finie. Cet édifice est isolé de toutes parts, et présente seulement, sur la rue S Vincent, un grand ordre de colonnes. La place est entourée de bâtiments peu élevés, qui servent à faire valoir l’objet principal ; indépendamment des commodités qui appartiennent à toutes les Salles, et que celle-ci réunit, ce qu’il y a d’extraordinaire et de neuf, c’est le parti simple que l’Artiste a pris pour la meubler. Les Spectateurs suffisent pour la parer. Les Loges sont toutes en amphithéâtre, et divisées, comme à l’ordinaire, par des séparations à hauteur d’appui ; les rangs disposés en retraite, de la profondeur de chacun d’eux, ont absolument la forme, l’effet et les avantages de l’Amphithéâtre antique.

Cet Amphithéâtre forme un éventail immense, dont les branches viennent aboutir aux deux extrémités de l’avant-scène qui est lisse et sert de cadre naturel à toutes les décorations qu’on peut mettre en scène.

L’avant-scène a 42 à 43 pieds. Il y a cinq rangs de Loges ; chaque rang a un corridor, un immense amphithéâtre, un parterre assis ; la cloison servant de fond aux premières Loges forme, en s’élevant, l’appui des secondes ; la cloison des secondes sert d’appui aux troisièmes, ainsi de suite jusque au fond de la Salle ; on a pratiqué dans les caissons du plafond de l’avant-scène des petites Loges.

L’Orchestre est en partie sous le Théâtre, et forme un salon de musique dont les sons se rendent dans la Salle par une voussure disposée pour cet effet. Le Théâtre, par sa largeur, est susceptible de plusieurs scènes pour les a parte.’

Vu le présent avis.

Nous, Intendant de Franche-Comté, soussigné, certifions que ces détails sont exacts et conformes à la vérité. Signé, DE LA COREE