1780, n°333, 28 novembre, Variétés, A L’Auteur de la Lettre insérée dans le Journal du 25 novembre

On ne peut qu’applaudir, Monsieur, aux vues d’humanité et de patriotisme qui vous font désirer l’usage des trottoirs dans la principale rue qui conduira au Nouveau Théâtre François, tant pour la sûreté de Piétons, que pour la décoration de la rue et l’usage plus avantageux des boutiques.

Amateur comme vous, Monsieur, du bien public, et parfaitement instruit des projets accessoires à ce monument, je conçois la satisfaction que vous aurez d’apprendre qu’il ne vous reste rien à souhaiter sur ce que vous demandez, en vous observant d’abord, que vous êtes trompé sur les repaires établis pour indiquer la largeur de la rue du Théâtre François qui aboutira à la place vis-à-vis le milieu du péristyle, puisqu’elle est réglée à quarante pieds de large avec des trottoirs pour les gens de pied.

Comparez maintenant cette largeur avec celle de la rue de Richelieu, à l’angle de la Bibliothèque du Roi, et vous trouverez que la rue nouvelle aura dix pieds et demi de plus, et qu’il n’y en a presque pas dans Paris qui puisse soutenir le parallèle pour la beauté.

Mais pour ajouter à votre sécurité, il est nécessaire que vous remarquiez, que, non compris cette grande rue, celle de Vaugirard qui sera très large derrière le Théâtre, et les deux autres rues latérales aux galeries des côtés, il existera encore quatre autres rues formant la patte d’oie pour servir aux débouchés de la Place, deux desquelles aboutiront à la rue des Fossés, M le Prince et les deux autres à la rue de Condé, de chacune trente pieds de large ; de manière que si vous faites attention à la direction de ces rues, vous verrez que naturellement elles conduiront encore au carrefour résultant de la suppression du Riche Laboureur, servant de centre à un développement très étendue sur la ville par toutes les rues qui s’y rassemblent ; et que dans le fait, la grande rue du Théâtre est subdivisée en cinq, qui donneront par conséquent cent soixante pieds de superficie en largeur de rue pour déboucher par la partie principale de ce monument.

Vous verrez encore, Monsieur, que l’on a même prévu la possibilité de faire approcher des carrosses de places dans le premier moment de la fin du Spectacle, à dix pas au plus du Théâtre, sans crainte d’embarras ni d’accidents ; objet sans doute bien précieux pour les femmes qui n’ont point de voitures en propriété, et qui dans l’hiver sont forcées, maintenant, d’attendre au grand froid que toutes les voitures de maîtres soient défilées ; par l’extrême difficulté et la longueur du trajet pour aller prendre les Fiacres sur les places. Je suis, Etc Votre confrère Piéton